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La France en "urgence attentat" : quelle est la réalité de la menace terroriste ?

Après l'attaque à Arras, le pays est à nouveau placé en urgence attentat. Mais la menace a profondément changé de nature, selon les services de renseignements intérieurs.
Article rédigé par Aurélien Thirard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un soldat de l'opération Sentinelle, le 4 janvier 2021, à Paris. (JACOPO LANDI / HANS LUCAS / AFP)

Dix jours après l'attaque à Arras, dans laquelle le professeur Dominique Bernard a été tué, les autorités craignent de revivre une vague d'attentats similaire à celle vécue en 2015 et 2016. Si la France est à nouveau placée en urgence attentat, la menace n'est cependant plus la même aujourd'hui. "Le risque terroriste a en effet profondément changé de nature depuis trois ans", selon une note de la DGSI, les services de renseignements intérieurs. Depuis l’attentat commis à l’automne 2020 contre Samuel Paty, la plupart des personnes motivées pour commettre un attentat veulent agir pour défendre la religion musulmane, qu’elles pensent offensée.

Le nouveau profil des auteurs d'attentat

"Ces auteurs ne sont ainsi plus nécessairement affiliés à une organisation terroriste", analyse la DGSI. Un constat qui inquiète les autorités, car cela rend ces individus plus difficiles à identifier. Parmi ces personnes suivies par les services de renseignements, 470 personnes ont été libérées de prison depuis 2018, après avoir été incarcérées pour des faits de terrorisme. "Ces anciens détenus sont au cœur des préoccupations" des services de renseignements, qui rappelle que 72 attentats ont été déjoués depuis 2012, dont 64 par la DGSI.

Le nouveau profil des auteurs d’attentat, de plus en plus jeunes, interpelle également. Le principal suspect de l’attentat à Arras a 20 ans, alors que le terroriste qui a tué Samuel Paty en avait 18. Cette radicalisation dès le plus jeune âge inquiète le ministre de l’Éducation nationale. Gabriel Attal a pointé la gravité particulière du comportement de 183 élèves lors de la minute de silence en hommage à Dominique Bernard, dimanche 22 octobre sur BFMTV. Certains ont menacé des enseignants, tandis que d’autres ont fait l’apologie du terrorisme, a affimé le ministre de l'Éducation.

Daech et Al-Qaïda toujours surveillés

Dans le même temps, le risque d’un nouvel attentat similaire à ceux du 13-Novembre n’a pas disparu. "La capacité de l’État islamique d’envoyer des terroristes en France depuis l’étranger a certes fortement diminué", pointe la DGSI. Mais la menace "pourrait ressurgir à cause de la situation au Sahel, en Afghanistan et au Proche-Orient."

"Il est clair que l’action sans précédent du Hamas en Israël peut relancer une dynamique du côté de l’internationale jihadiste. Daech est affaibli mais garde ses capacités", a ainsi déclaré le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, samedi 21 octobre dans les colonnes du Parisien. Al-Qaïda suscite également la vigilance. Dans un texte diffusé le 15 septembre dernier, le groupe terroriste a menacé de frapper un ministère en France. Une menace prise très au sérieux par les autorités.

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