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Architecte bidon, faux contrôleur... Pourquoi ils sont devenus des imposteurs

Un homme qui se faisait passer pour un contrôleur de la SNCF a été interpellé dans le Narbonne-Bordeaux. Voici trois cas d'usurpations, ainsi que leurs motivations, plus ou moins défendables.

Article rédigé par franceinfo
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Un contrôleur de la SNCF, à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire). (ALAIN JOCARD / AFP)

Il se rêvait contrôleur, il a fini devant le juge. Jean-Pierre, 26 ans, est passé vendredi 28 novembre devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour s'être fait passer pour un contrôleur de la SNCF dans le train Narbonne-Bordeaux, rapporte La Dépêche.

Son avocate a ainsi justifié la tromperie : "S'il s'est fait passer pour un contrôleur, ce n'était pas pour voyager gratuitement : c'est simplement parce qu'il rêvait de l'être." D'autres imposteurs ont trouvé des justifications, parfois convaincantes, à leurs prétentions mensongères. Francetv info a relevé quelques exemples.

Un faux journaliste par passion de la musique

Déclaré coupable, jeudi 13 novembre à Paris, d'escroquerie et usurpation de titre, cet homme de 55 ans s'est fait passer pendant des années pour un journaliste de France Culture (et d'autres médias).

Son objectif ? Ecumer les festivals de musique et "rencontrer des vedettes" comme Alain Souchon, Laurent Voulzy, Julien Clerc et Maxime Le Forestier, a plaidé le prévenu à la barre du tribunal correctionnel de Paris. Se présentant comme "stressé, angoissé par la vie", il a ajouté n'avoir "pratiquement pas d'amis". Paradoxalement, "le fait d'aller rencontrer des stars" le "désinhibait", car "quand on est en face d'un artiste, on va jusqu'au bout".

"Difficile de ne pas avoir de compassion", a estimé la procureure Solène Dubois. Pour elle, le faux reporter vivait "une grande partie de son existence" par "procuration". Son indulgence a été entendue : pas de peine dans l'immédiat.

Un architecte trop pressé pour passer son diplôme

Philippe Leblanc avait construit pendant trente ans, sans diplôme d'architecte, des écoles, des crèches et des HLM dans les Yvelines. Sans que nul ne s'en émeuve. Le bâtisseur a finalement été démasqué par un couple qui avait mené son enquête à la suite de malfaçons constatées sur leur maison.

Ses justifications ? L'homme avait appris le métier alors qu'il était encore étudiant, aux côtés d'un architecte, mais sans jamais passer son diplôme, explique France 3 Ile-de-France. "J'avais une épée de Damoclès sur la tête. J'ai repoussé, repoussé, et je ne l'ai jamais fait", a concédé à la barre le prévenu, expliquant s'être trouvé pris "dans l'engrenage du travail". A sa décharge, comme le rappelle Europe 1, un précédent célèbre : Le Corbusier, qui, lui aussi, a exercé sans diplôme.

Philippe Leblanc a finalement été condamné le 1er septembre 2014 à deux ans de prison avec sursis, pour des faits non prescrits d'escroquerie et d'usurpation de diplôme de 2009 à 2013 et pour avoir illégalement répondu à des marchés publics sur cette période, pour un montant d'honoraires de 926 000 euros.

Un arnaqueur qui devient la personne qu'il rêvait d'être

Plus fort encore : le faux entrepreneur en travaux publics. Philippe Berre a défrayé la chronique, comme le raconte La Voix du Nord, en 2001, "en lançant en grande pompe, au fin fond de la Sarthe, les travaux de l'autoroute A28, entre Le Mans et Tours. Des kilomètres d'asphalte sur lesquels toute une population comptait pour voir l'économie locale, depuis des lustres au point mort, prendre à nouveau de la vitesse".

La presse locale l'avait encensé ce jour-là sous le nom de Roger Martin, le chef du chantier. Mais elle apprenait dix jours plus tard, poursuit La Voix du Nord, que "Roger Martin, alias Philippe Berre, escroc notoire, venait d'être arrêté à 600 km de là ! Il sera inculpé pour vol, filouterie et escroquerie. Devant les juges, il expliquera ne pas savoir résister à une implacable attirance pour le monde des travaux publics. 'Je sais que cela n'a aucun sens, mais que voulez-vous, je suis heureux quand je fais des travaux, je deviens la personne que j'ai toujours rêvé d'être !", a-t-il expliqué à la barre du tribunal. 

Son histoire a inspiré le cinéaste Xavier Giannoli qui en a fait un film, A l'origine, sorti en 2009, dont le personnage principal est interprété par François Cluzet. Quant au héros réel, PhilippeBerre, pourtant condamné à cinq ans de prison pour son escroquerie dans la Sarthe, il a poursuivi ses frasques. Et s'est fait passer, en mars 2010, pour un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture volant au secours des sinistrés de la tempête Xynthia, en Charente-Maritime. Comment ne pas s'y laisser prendre ? Il avait poussé le sens du détail jusqu'à voler un 4x4 aux couleurs de l'Office national des forêts.

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