Après les fuites sur Mehdi Nemmouche, un ex-otage fustige l'antiterrorisme
Le journaliste Pierre Torres s'en explique dans un billet publié dans "Le Monde".
"J'admets avoir commis une erreur en collaborant avec le service de police politique qu'est l'antiterrorisme." Dans une tribune publiée mercredi 17 septembre dans Le Monde (article abonnés), l'ancien otage en Syrie et journaliste Pierre Torres dénonce l'utilisation des témoignages des ex-prisonniers à des fins politiques. Il revient en particulier sur l'affaire Mehdi Nemmouche.
Le 6 septembre, Le Point et Le Monde avaient révélé que certains des journalistes français libérés en avril avaient confié aux enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) que l'auteur présumé de la fusillade du musée juif de Bruxelles avait pu figurer parmi leurs geôliers.
"Une opération de promotion"
La fuite de cette information met en danger les personnes toujours aux mains des jihadistes en Syrie, s'indigne Pierre Torres, qui déplore une "opération de promotion", arguant que "la seule chose qui puisse justifier la mise en danger des autres otages, c'est que quelqu'un ou quelque institution policière a vu là la possibilité de se faire mousser".
Déplorant la fuite de "nombreuses informations" et de "nombreux mensonges" depuis l'assassinat le 19 août du journaliste américain James Foley, suivi de celui de deux autres otages occidentaux, il s'interroge sur la pertinence de ces révélations. Servent-elles à "promouvoir la nouvelle loi antiterroriste en discussion au Parlement, démontrer que 'les services' servent à autre chose qu'à mettre en examen des adolescentes de 14 ans 'pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste' - nous verrons bien."
Et de conclure son billet par une critique l'antiterrorisme : "In fine, tout le discours antiterroriste est ce qui auréole un Nemmouche de gloire. Sans cela, il aurait été considéré pour ce qu'il est, un pauvre type qui assassine des gens pour passer à la télé", explique le journaliste.
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