Vol de Singapore Airlines : ce que l'on sait après des turbulences qui ont fait un mort et une centaine de blessés
Que s'est-il passé à bord de cet avion qui faisait la liaison mardi 21 mai entre Londres et la cité-État de Singapour, en Asie ? Des turbulences extrêmes à bord du Boeing 777-300 ont provoqué la mort d'un passager britannique et ont fait une centaine de blessés parmi les 211 passagers et 18 membres d'équipage. L'appareil a dû atterrir en urgence absolue à l'aéroport de Bangkok, en Thaïlande. Franceinfo fait le point sur les circonstances de cet incident.
Des scènes "de terreur absolue", mais l'avion n'a pas "chuté"
Des passagers ont raconté ce qu'ils ont vécu mardi à bord de cet avion. L'un d'entre eux évoque dans une interview à la BBC des scènes de "terreur absolue". Les passagers venaient de recevoir leur plateau-repas. L'avion se trouvait au-dessus du bassin de l'Irrawaddy, tout au sud de la Birmanie, à quelque 11 300 mètres d'altitude, dix heures après son décollage, lorsque soudainement le Boeing, selon les témoignages, commence à s'incliner et à trembler. Il s'élève alors de façon extrêmement violente et plonge ensuite à deux reprises.
"C'est une descente contrôlée, volontaire, délibérément choisie par les pilotes pour descendre à une altitude où l'on n'est plus dans une zone de turbulences. Il n'y a absolument pas de chute de 1 800 mètres, ça n'existe pas", précise sur franceinfo Xavier Tytelman, aviateur militaire.
Le pilote n'a quasiment pas eu le temps d'avertir la cabine, tous les passagers qui sont assis sans ceinture de sécurité sont alors projetés vers le plafond. Ceux qui sont debout à ce moment-là font alors des sauts périlleux, raconte un homme, et partout les objets qui ne sont pas fixés dans l'avion ont volé.
On entend aussi des cris. Certains passagers ont des lacérations à la tête et les oreilles qui saignent. Des scènes terribles mais assez courtes puisque, selon plusieurs sites internet spécialisés dans le suivi des vols, tout cela a duré un petit peu plus d'une minute. L'appareil a ensuite demandé un atterrissage d'urgence à Bangkok, où dès l'arrivée des ambulances se sont précipitées autour de l'appareil.
Un passager britannique meurt, vingt blessés en soins intensifs
Le passager tué s'appelle Geoff Kitchen. Ce Britannique de 73 ans était directeur d'un théâtre près de Bristol, en Grande-Bretagne. Le Premier ministre de Singapour, Lawrence Wong, a adressé ses "plus sincères condoléances" à ses proches, tout comme le PDG de Singapore Airlines, Goh Choon Phong, qui a déclaré dans une vidéo être "vraiment désolé pour l'expérience traumatisante" vécue par les personnes à bord.
L'incident a blessé 104 personnes au total. Le groupe hospitalier Samitivej, en Thaïlande, a déclaré mercredi à l'AFP avoir pris en charge 85 d'entre elles, dont 20 dont en soins intensifs originaires d'Australie, du Royaume-Uni, de Hong Kong, de Malaisie, de Nouvelle-Zélande, de Singapour et des Philippines.
La piste de la turbulence météo privilégiée
L'enquête va être menée conjointement par la Thaïlande, mais aussi par Singapour, qui a annoncé l'envoi à Bangkok d'une délégation de son bureau d'enquête sur la sécurité des transports. Mais à ce stade l'hypothèse la plus probable est celle de la turbulence météo. Des phénomènes qui sont généralement anticipés par les pilotes grâce aux radars, mais qui dans certains cas sont difficiles à prévoir et peuvent être très violents, notamment les turbulences dites en "air clair", qui se produisent dans des zones sans nuages. Ce sont des courants d'air très puissants qui affectent la stabilité de l'avion.
Les scientifiques expliquent que, avec le changement climatique qui accentue les différences de températures, ces turbulences sont en forte progression. Une étude évoque une augmentation de 55% entre 1979 et 2020. En revanche, les décès de passagers liés à ces turbulences sont extrêmement rares. Les spécialistes expliquent que, dans pareil cas, le port de la ceinture de sécurité pendant toute la durée du vol peut être vital et permettre de sauver une vie, et au moins de limiter les blessures.
La responsabilité de Boeing pas mise en cause
Même si à ce stade de l'enquête l'avionneur américain n'est nullement mis en cause, cet incident vient s'ajouter à une série d'autres impliquant Boeing, notamment plusieurs crashs mortels ces dernières années. Ces différents accidents ont à chaque fois une raison différente, mais cela a conduit les clients de Boeing à la méfiance. La Chine, par exemple, a interdit pendant cinq ans à ses compagnies de faire voler des 737 MAX après un crash en 2019. Les livraisons ont à peine repris en janvier dernier.
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