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Fillon, Duflot... Pourquoi Paris attise les convoitises

Source de vives tensions à gauche et à droite, des ténors débarquent à Paris pour les législatives. Une arrivée dans la capitale qui ne doit rien au hasard. Explications.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le Premier ministre, François Fillon, et la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-les Verts, Cécile Duflot. (AFP PHOTO / MAXPPP / MONTAGE FTVI)

Jusqu'où sont-ils prêts à aller pour s'installer à Paris ? Surtout, pourquoi veulent-ils à tout prix se faire élire dans la capitale ? Sources de vives tensions, les arrivées de François Fillon et Cécile Duflot pour les législatives à Paris ne doivent pourtant rien au hasard.

• Parce qu'après 2012, il y a 2014

Le Premier ministre et la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ont un point commun : leur ambition ne se limite pas à 2012. Pour les deux intéressés, une victoire aux législatives l'an prochain à Paris constituerait un tremplin pour l'échéance suivante, celle de 2014.

A 57 ans, François Fillon entend bien incarner un rôle majeur à droite à l'issue du quinquennat. Fort de sa longévité à Matignon, il se rêve désormais en sauveur de la droite parisienne, incapable de se remettre en ordre de marche depuis la victoire de Bertrand Delanoë en 2001.

Dès 2009, le patron de la fédération UMP de Paris, le filloniste Philippe Goujon, se disait "heureux" de "constater qu'à Paris, ceux qui voient d'un bon œil sa candidature pour 2014 sont de plus en plus nombreux". A l'époque, Rachida Dati n'avait pas manqué de rappeler qu'elle briguait, elle aussi, la mairie de Paris. Réponse du Premier ministre à l'intéressée par SMS, selon Le Point : "Chère Rachida, j'ai bien eu ton message. Que le meilleur gagne !" Un défi valable dès 2012, puisqu'ils convoitent aujourd'hui la même circonscription.

Selon un sondage Ifop mené auprès des Parisiens en juillet, 82 % des sympathisants de droite considèrent que "François Fillon ferait un bon maire de Paris", contre seulement 33 % pour Rachida Dati. 

Cécile Duflot, elle, n'a que 36 ans. Prétendante à la mairie de Paris ? La réponse est un secret de Polichinelle. Devant les journalistes, elle ne le nie plus. Mi-septembre sur France 2, elle estime que "cela fait partie des choses possibles". "Quand c'est impossible, je le dis", ajoute-t-elle, comme pour mieux faire comprendre ses intentions.

D'autant que selon une enquête Ifop publiée en mars, 23 % des sympathisants de gauche interrogés souhaitent que Cécile Duflot soit la prochaine maire de Paris, contre 40 % en faveur de la socialiste Anne Hidalgo. Un écart pas si insurmontable, et suffisant pour donner quelques sueurs froides à l'actuelle première adjointe de Bertrand Delanoë.

Du coup, Anne Hidalgo peste contre la candidature de Cécile Duflot à Paris pour les législatives. Lorsqu'elle a appris que son amie Martine Aubry avait acté le gel d'une circonscription parisienne en faveur de Cécile Duflot, son sang n'a fait qu'un tour : "Que je ne te croise plus jamais !", lui a-t-elle lancé publiquement lors du bureau national du PS, mardi 15 novembre, relate Le Monde.

• Parce qu'après 2012 et 2014, il y a 2017

Mais François Fillon et Cécile Duflot n'ont pas que les municipales à Paris pour point commun. Trois ans plus tard, le fauteuil de président de la République sera à nouveau en jeu. 

Pour la présidentielle de 2012, Cécile Duflot estimait en août 2010 qu'elle n'avait pas "les épaules assez larges pour porter seule une telle charge"." Honnêtement, quand je me regarde dans la glace le matin, puisque c'est là, paraît-il, que ça se passe, je me dis que j'en ai peur. La présidentielle, c'est une tuerie", ajoutait-elle. Mais en 2017 ? "Elle sera très probablement notre future candidate", confie Eva Joly, candidate EELV pour 2012.

Quant à François Fillon, il refuse évidemment de parler de l'échéance en public. Interrogé en octobre 2010 sur M6 sur ses intentions pour 2017, François Fillon avait botté en touche. "Franchement, d’ici 2017, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts et bien malin est celui qui pourra savoir quelle sera la situation politique de notre pays", avait-il expliqué.

Mais il n'avait rien exclu non plus. En coulisses, le Premier ministre y pense, et pas qu'en se rasant. Un petit symbole : début octobre, François Fillon a fait entendre sa petite musique en voyant dans la primaire socialiste "un processus moderne", qui convient "à droite comme à gauche". Un message directement envoyé à son principal concurrent pour 2017, Jean-François Copé, qui, au même moment, passait son temps à taper sur la primaire du PS.

François Fillon comme Cécile Duflot considèrent donc Paris comme un tremplin politique, mais aussi médiatique. Car le siège de maire de la capitale confère à celui qui l'occupe un statut singulier au sein de la classe politique. Notamment depuis que Jacques Chirac en a fait son marche-pied vers l'Elysée. Un destin qui continue d'en faire rêver plus d'un. 

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