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Vous nous racontez votre défilé du 14-Juillet : "Des frissons sous nos uniformes"

Pour tout militaire, participer à la parade sur les Champs-Elysées est un honneur. Nos lecteurs qui ont vécu cette expérience racontent leur fête nationale.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Des étudiants de l'Ecole militaire de Saint-Cyr défilent sur les Champs-Elysées, à Paris, le 14 juillet 2013. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Depuis le 14 juillet 1880, date du premier défilé militaire organisé en France à l'occasion de la fête nationale, des centaines de milliers de soldats français ont ressenti ces mêmes émotions au moment de fouler les pavés des Champs-Elysées : un mélange de stress, de fierté, et d'honneur. Nous vous avons demandé de nous raconter votre défilé, votre expérience de ce moment si particulier pour un participant, qu'il soit militaire ou civil, au sol ou dans les airs.

• Attention au Carambar, par le caporal Clémence Moeller, 26 ans, Villefranche-sur-Saône (Rhône) :
"Le défilé du 14-Juillet, un moment fort, inespéré pour une jeune aviatrice. De la cohésion, de l'effort, du dépassement de soi ! Mais aussi des ampoules, un mal de dos, et un bronzage raté, avec la marque du calot sur le front ! Mais on oublie tout au moment du top pour le défilé des troupes à pied. Une fierté jamais égalée pendant mes huit années de service.

La petite anecdote : à cinq minutes du départ, vouloir souffler sur la chemise de sa copine pour enlever une cendre, avec un Carambar dans la bouche. A ne pas refaire !" 

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• I will survive, par Philippe, 49 ans, Loches (Indre-et-Loire) :
"J'ai eu l'honneur de défiler trois fois sur les Champs-Elysées en tant que motocycliste de la Gendarmerie. Le défilé qui restera dans ma mémoire, ce fut celui que j'ai effectué en 1998, deux jours après la victoire de la France à la Coupe du Monde de football. Lors de la descente en moto sur les Champs, et malgré le bruit de nos engins, on entendait le public applaudir avec une telle ferveur que l'on en avait des frissons sous nos uniformes."

Survolé par la patrouille de France, par le sous-lieutenant Nicolas A. :
"Je suis officier-élève à l’Ecole militaire Interarmes des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, et je vais participer à mon deuxième défilé sur les Champs cette année. Le premier, avec l'Ecole des sous-officiers de Saint-Maixent, en 2007, fut un grand honneur : je me rappelle encore le moment où, dans l'axe des Champs, la patrouille de France est passée juste au-dessus de nous. J'ai eu des frissons comme jamais.

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• Arrête ton char, par Jacques Bouvier, 67 ans, Le Taillan-Médoc (Gironde) :
"Le 14 juillet 1969, j'étais militaire appelé au Centre d'instruction de l'arme blindée cavalerie de Carpiagne. Nous devions défiler sur la Canebière, à Marseille. Quand l'ordre du départ a été donné, les engins ont bien démarré, mais l'un après l'autre, au lieu de tous ensemble, provoquant un énorme décalage. Du coup, en fin de convoi, la vitesse n'était plus celle imposée pour le défilé. Quand les derniers chars sont passés devant la tribune officielle, la vitesse était de 70 km/h : personne n'a rien vu.

De retour à Carpiagne, notre colonel a eu 'les félicitations du jury'. Résultat : nous avons passé le reste de la journée à nettoyer les chars, qui étaient pourtant parfaitement propres et repeints à neuf. Excellent souvenir !"

• Droite dans ses bottes, par Virginie :
"J'ai participé au défilé en 2010, pour la première fois. Le jour J, devant nous, se trouve un détachement de la Gendarmerie. J'aperçois alors une chaussure en plein milieu des pavés, puis j'en vois une autre voler : c'est une femme gendarme qui a perdu une de ses chaussures. Du coup, elle a lancé l'autre afin de pouvoir continuer à avancer ! Résultat, jusqu'à la fin du défilé, je n'ai pensé qu'à mes chaussures ! Ce n'est qu'une fois arrivée devant la tribune officielle que j'ai profité de ce moment exceptionnel."

• De Paris à Madagascar, par Louis Richard, Saint-Genest-Lerpt (Loire) :
Le 14 juillet 1963, à Madagascar, je n'avais pas eu le loisir de défiler, mais j'ai pu photographier quelques scènes de la cérémonie. Ce n'était pas les Champs-Elysées, c'était une petite base aérienne, la BA 181 qui, à 10 000 km de la France, fêtait l'événement. J'avais pu photographier le président malgache Tsiranana ainsi que des princes comoriens invités d'honneur.

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• Depuis la maternité, par MO_PATCH :

"Epouse de militaire, j’étais à la maternité lors du seul défilé de nuit, en 1982. Mon mari était alors au 6e BCA [bataillon de chasseurs alpins] de Varces. Le voir défiler ce soir-là était déjà une grande fierté. Fière aussi d’avoir fait regarder, et apprécier, un défilé militaire à ma voisine de chambre qui jusque-là détestait ça !"

• Le respect en bandoulière, par Patrice Pivot, 41 ans, Saint-Just-la-Pendue (Loire) :
"Je ne suis pas militaire mais adjudant-chef sapeur-pompier volontaire. J'ai participé au défilé du 14-Juillet en 2010, avec deux amis pompiers de mon village. Des moments forts autant à l'entraînement à Satory que sur les Champs, avec un immense respect entre militaires, policiers et pompiers. Et le jour J, quel honneur !"

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• Le général en cire, par Jean-Cadet :
"Sergent appelé, j'ai défilé le 14 juillet 1964 aux Champs-Elysées avec le 92e régiment d'infanterie de Clermont-Ferrand. Sur les Champs, après quatre heures d’attente, vint la mise en place définitive, avec l'inspection du général commandant le défilé. Puis ce fut le général de Gaulle, debout sur un command-car, figé, le visage jaune, presque cireux. On pensait inévitablement à un personnage du musée Grévin. Je crois qu'il avait subi une hospitalisation quelque temps auparavant. En tous cas, c'était très impressionnant."

• Passion blindés, par Jérôme :

"Jeune aspirant à peine débarqué au 4ème régiment de Dragons de Mourmelon en juin 1986, je fus directement nommé chef de char pour le 14 juillet suivant. Aux répétitions, je me suis vu commander les 40 chars du régiment. Grisant pour un jeune militaire... Le jour J, j'ai entamé la descente des Champs Elysées aux côtés de mon colonel, à la place du chargeur. Pour le passionné de blindés que je suis, ce fut un jour merveilleux et un souvenir inoubliable."

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• Un grand merci au Pacha, par anonyme :
"Le 14 juillet 1955, j'étais en Indochine sur le croiseur Montcalm. J'ai été désigné, ainsi qu'un camarade radio, pour faire partie du groupe des marins participant à une grande revue militaire. Alors que nous étions tous au garde-à-vous, l'arme au pied, pendant la remise des décorations, un bruit sourd : mon camarade a laissé tomber son fusil sur un rail. En rentrant à bord, notre officier a voulu nous punir en nous privant de notre carte de sortie. C'est alors que le "Pacha" [le commandant] nous a félicités pour avoir bien défilé et nous a accordé la "double", récompense d'un quart de vin ou d'un dessert. Et l'officier en colère a, du coup, changé d’avis."

 

Les photos intégrées aux témoignages nous ont été fournies par les témoins eux-mêmes. Ce que francetv info considère comme un accord tacite pour leur publication. 

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