663.000 femmes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles au sein de leur ménage sur deux ans
Et les hommes, eux aussi, sont concernés. 280.000 hommes ont subi des violences sur la même période.
Des chiffres issus d'un rapport publié mardi soir par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Une étude faîte auprès de plus de 40.000 personnes de 18 à 75 ans.
Parmi les femmes, 90% ont subi des violences physiques, et près de 19% des violences sexuelles. L'étude estime que 80.000 femmes "ont été victimes d'au moins un viol ou une tentative de viol au sein du ménage" sur deux ans. Près d'une femme sur deux (soit 300.000) désigne son conjoint comme l'auteur de ces agressions.
Hommes et femmes confondus, seulement 18,7% des victimes ont vu un médecin à la suite de ces violences. Et le chiffre tombe à moins de 11% pour les femmes ayant subi des violences sexuelles.
"Les professionnels de santé sont aussi les médecins de la famille et du mari, et les femmes craignent souvent qu'ils en parlent à leur conjoint", explique à l'AFP Françoise Brié, vice-présidente de la Fédération nationale Solidarité Femmes.
80% des victimes ne vont pas au commissariat ou à la gendarmerie
Une large majorité des victimes (80%) ne se déplacent pas au commissariat ou à la gendarmerie, et seulement "près de la moitié" de celles qui se sont déplacées portent plainte.
Le taux de signalements et de plaintes déposées est encore plus faible pour les femmes dont le conjoint est l'auteur des violences et lorsqu'elles sont victimes de viol ou tentative (2% de plaintes) au sein du ménage.
"Pour beaucoup de femmes, le viol conjugal est encore associé dans les mentalités au devoir conjugal", explique Françoise Brié. Pour expliquer leur silence, les victimes disent le plus fréquemment que "ce n'était pas grave", qu'elles préféraient "trouver une autre solution" ou que "cela n'aurait servi à rien".
Mais environ un quart des femmes qui ne sont pas allées au commissariat ont aussi eu "peur de représailles", et celles victimes de viols y ajoutent "la crainte que cela se sache".
Former les officiers de police
"Honte, culpabilité, peur de ne pas être crues", et "menaces possibles du conjoint", tels sont les sentiments de ces femmes, résume le docteur Geneviève Reichert-Pagnard, psychiatre et victimologue.
"Le nombre de plaintes classées sans suite est effrayant et beaucoup de victimes le savent", ajoute Geneviève Reichert-Pagnard.
Il faut vraiment que les officiers de police soient formés pour entendre cette parole. Cela arrive mais ce n'est pas toujours le cas", insiste-t-elle, regrettant que soient souvent confondus "conflit de couple et violence conjugale, en renvoyant la victime vers un médiateur conjugal par exemple".
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