A Lyon, Sarkozy torpille Hollande, ses "mensonges" et son "cynisme"
Le président candidat a accusé François Hollande d'"éviter le débat", et de "construire toute sa campagne sur le mensonge, l'esquive et l'ambiguïté".
Depuis le début de la campagne, jamais Nicolas Sarkozy n'avait encore prononcé un discours aussi sévère contre son adversaire socialiste. En meeting près de Lyon samedi 17 mars, il a accusé François Hollande d'"éviter le débat", et de "construire toute sa campagne sur le mensonge, l'esquive et l'ambiguïté".
"Dans une campagne présidentielle, on ne peut pas mentir. On ne peut pas indéfinifiniment ne parler de rien, ne s'engager sur rien, fuir le débat, maquiller les enjeux, a lancé le président candidat devant 8 000 personnes. On ne respecte pas les Français quand pour esquiver le débat on dit tous les jours le contraire de ce qu'on a dit la veille."
Méthodiquement, Nicolas Sarkozy a attaqué son adversaire sur toutes ses propositions.
• Sur le quotient familial
"On ne respecte pas les Français quand un jour un dit qu on va supprimmer le quotient familial, le lendemain qu'on va le modifier, et le surlendemain qu'au fond, on n'a pas changé d'avis", a attaqué Nicolas Sarkozy.
"Détruire la politique familiale, c'est prendre une lourde responsabilité. Le cacher aux Français, c'est mentir et c'est trahir leur confiance." François Hollande propose d'abaisser le plafond de ce quotient familial de 2 300 à 2 000 euros.
• Sur les retraites
Pour Nicolas Sarkozy, "à force de dire tout et n'importe quoi, plus personne ne comprend le sort que l'on réserve à la réforme des retraites" : "Un jour on fait croire que tout le monde va pouvoir partir à la retraite à 60 ans, le ledemain on explique que ce sera possible seulement pour ceux qui ont commencé à travailler jeune, oubliant de dire que c'est déjà le cas pour tous ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans."
Le programme de François Hollande promet une retraite à taux plein dès 60 ans pour les salariés qui auront cotisé la totalité de leurs annuités.
• Sur la taxation des hauts revenus à 75%
Nicolas Sarkozy pilonne François Hollande en utilisant le même schéma : "On ne respecte pas les Français quand un jour on dit qu'on va taxer les revenus à 75%, mais le lendemain on leur précise que ça ne rapportera pas un centime au budget de l'Etat. (...) Quand on fait cela on est cynique. (...) C'est se moquer du monde. Et que dire, lorsque le surlendemain on annonce que ces 75% seront finalement temporaires ? Mais le jour suivant, ça avait encore changé parce qu'on annonçait qu'on allait rétablir un bouclier fiscal que l'on n'a pas cessé de dénoncer pendant ces cinq dernières années !"
François Hollande a en effet annoncé que le rétablissement de l'impôt sur la fortune ancienne version s'accompagnerait d'un plafonnement fiscal à 85%. Bien loin toutefois du bouclier fiscal à 50% mis en place par la majorité UMP en 2007.
• Sur l'euthanasie
"On ne respecte pas les Français, a encore brocardé Nicolas Sarkozy, quand on leur dit un jour qu'on est pour la légalisation de l'euthanasie et le lendemain qu'on est subitement devenu contre", s'indignant : "On ne joue pas avec ces sujets aussi cruciaux et aussi douloureux pour les familles qui vivent ces drames."
Dans son programme, François Hollande propose que "toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité". Il a récemment précisé que l'avis de quatre médecins serait nécessaire.
• Sur le nucléaire
Comme il l'a souvent fait par le passé, Nicolas Sarkozy s'en est pris à l'accord électoral PS-Verts passé à l'automne qui prévoit la fermeture de 24 réacteurs nucléaires sur 58. Un accord "misérable", assène le président sortant, qui souligne que "le lendemain on proclame qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter parce que dans les cinq ans qui viennent on n'en fermera qu'une [centrale]. Voilà le mensonge démasqué !". François Hollande propose une réduction de la part du nucléaire de 75% à 50% dans l'électricité produite en France à l'horizon 2025.
Nicolas Sarkozy a terminé son discours en s'adressant comme d'habitude au "peuple de France". Mais cette fois-ci en le tutoyant : "Ne te laisse pas voler cette élection présidentielle. Impose le débat à ceux qui le refusent."
François Hollande a réagi sur TF1 dans la soirée : "Moi, je ne suis pas dans l'antisarkozysme. J'ai plutôt l'impression que c'est le candidat sortant qui devient maintenant un anti-Hollande. (...) Il présente un visage, c'est celui de l'outrance."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.