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Alain Juppé a qualifié mercredi de "complètement absurde" la proposition du ministre de l'Industrie, Christian Estrosi

Celui-ci souhaite "sanctionner" les municipalités laxistes en matière de sécurité. "Je ne connais pas de maire qui n'ait pas le souci de la sécurité de ses concitoyens", a déclaré le maire de Bordeaux.Avec ses propos, le ministre de l'Industrie et maire de Nice a provoqué une vague de protestations, aussi bien à gauche qu'à droite.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Alain Juppé, le 16 août 2010, à Bordeaux, ville dont il est maire (AFP - PIERRE ANDRIEU)

Celui-ci souhaite "sanctionner" les municipalités laxistes en matière de sécurité. "Je ne connais pas de maire qui n'ait pas le souci de la sécurité de ses concitoyens", a déclaré le maire de Bordeaux.

Avec ses propos, le ministre de l'Industrie et maire de Nice a provoqué une vague de protestations, aussi bien à gauche qu'à droite.

Sur ces questions, Alain Juppé a jugé qu'il fallait "sortir de cette espèce de clivage politique incessant gauche-droite", estimant aussi qu'"on fait beaucoup de lois dans notre pays et que l'on se rend compte assez vite que beaucoup d'entre elles ne sont pas appliquées".

Mardi, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, et le ministre de l'Immigration, Eric Besson, avaient pris leur distance avec le principe d'une sanction financière. "Les maires ont été élus par nos concitoyens", ils sont donc des "partenaires naturels de l 'Etat avec qui s'engage un dialogue respectueux", a déclaré le premier. "Je crois que ce qu'a dit (...)Brice Hortefeux a mis fin au suspense: le président de la République lui a clairement signifié que tout le discours de Grenoble soit mis en oeuvre et rien que ce discours", a affirmé le second.

Christian Estrosi estime cependant n'avoir été "recadré par personne". "Je n'ai rien à rajouter, je n'ai rien à retirer", a-t-il dit. Il a assuré qu'il se retrouvait "parfaitement dans les propos du ministre de l'Intérieur". Lequel a réclamé aux préfets un bilan objectif de
l'action des collectivités sur la base duquel il en "inciterait" certaines à faire mieux, mais sans évoquer de sanctions financières.

Les propositions d'Estrosi
Dans un entretien publié dimanche dans le JDD , Christian Estosi propose que les municipalités de plus de 5.000 habitants "qui ne se conforment pas à leur obligation de sécurité, de prévention de la délinquance, de lutte contre l'absentéisme scolaire et de réforme des règles d'urbanisme" écopent d'une très forte amende.

Christian Estrosi a particulièrement mis en cause Martine Aubry, maire de Lille et première secrétaire du PS, "qui ne veut pas de caméras de surveillance" et Michel Destot, le maire PS de Grenoble, théâtre de violences urbaines en juillet, qui, selon lui, "n'a rien fait pour sécuriser sa commune, et, après, se plaint que tout explose".

La gauche, unanime, dénonce "une logique de bouc émissaire" visant à cacher "l'échec" de Nicolas Sarkozy dans ce domaine.

A droite des voix se sont également élevées pour critiquer la proposition du maire de Nice.

Pierre Cardo (UMP) :"C'est l'Etat qui dispose des moyens pour assurer le maintien de l'ordre"
Dans Libération lundi, Pierre Cardo, l'ancien député-maire UMP de Chanteloup-les-Vignes commune deshéritée desYvelines, estime que "c'est vexatoire de montrer du doigt les maires, alors que la République a laissé des quartiers à l'abandon".

"S'agissant de Grenoble, théâtre d'émeutes après la mort d'un braqueur, je dirais que la lutte contre les troubles à l'ordre public est une prérogative de l'Etat. C'est lui qui dispose des moyens pour assurer le maintien de l'ordre. (...) Ce n'est pas le maire qui a prise sur l'action concrète de la police. Ce n'est pas lui qui la dirige. Ce n'est pas lui qui décide des effectifs dont va disposer le commissariat local (quand il y en a un). Ni de la façon dont la police va sur le terrain. Le maire c'est le trait d'union entre le préventif et le répressif".

"Ca me désole de voir des élus de communes qui ont beaucoup de moyens et peu de problèmes porter des jugements abrupts sur les collègues qui dirigent des communes qui ont énormément de problèmes et pas toujours des moyens. Les vrais soldats de la République, c'est eux. Ceux qui claironnent sont-ils prêts à échanger leur fauteuil contre celui du maire de Montfermeil, de Chanteloup-les-Vignes ou de Clichy-sous-Bois?" Il estime aussi que "Monsieur Estrosi se positionne en vue du remaniement".

A l'UMP toujours, Marc Laffineur, vice-président de l'Assemblée, en charge des élus au sein de son parti, a regretté que "des membres du gouvernement puissent stigmatiser les élus locaux ou les maires".

Réactions unanimes à gauche
"M. Estrosi ne manque pas d'air!", s'est exclamé lundi François Rebsamen, sénateur-maire socialiste de Dijon. "Il ne connaît pas grand-chose au fonctionnement de nos institutions, police et justice".

Selon lui, "la mise en cause des élus locaux, pour tenter de masquer l'échec de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy, pour cacher la diminution du nombre de fonctionnaires de police - moins 10.000 en quatre ans - et de leurs moyens de fonctionnement est, inacceptable".

Même tonalité chez d'autres élus de gauche : pour François Pupponi (maire de Sarcelles, Val-d'Oise), "c'est toujours la même logique de bouc-émissaire. Hier les étrangers, les Roms, aujourd'hui les maires".

"M. Estrosi et le gouvernement dont il est membre sont tellement aux abois, faute de résultats et de justice dans leur politique, qu'ils en sont réduits à tout dire et tout médire", assurent Jean-Jacques Urvoas et Guillaume Bachelay, secrétaires nationaux du PS.

Le maire de Nice a "repris le refrain entonné par la droite depuis le début d'août : 'L'insécurité progresse, mais c'est la faute aux autres'", a ironisé pour sa part le secrétaire national PS Christophe Borgel.

Michel Destot (PS) se défend
Michel Destot, maire PS de Grenoble mis en cause directement par Christian Estrosi dans le JDD, a qualifié dimanche d'outranciers et de mensongers les propos de l'édile de Nice.

Le maire de Grenoble a comparé l'augmentation des effectifs de police municipale de 41% depuis son élection face à la baisse de 17% de ceux de la police nationale. Il a souligné également que si "des faits graves se sont déroulés à Grenoble, la délinquance est en baisse dans ma ville comme le président de la République et le ministre de l'Intérieur l'ont eux-mêmes signalé".

Michel Destot s'est étonné en outre que le gouvernement "se défausse sur les maires alors que la responsabilité principale en matière de sécurité, on le sait, c'est une responsabilité régalienne de l'Etat". "La délinquance liée à la drogue, liée à l'armement, liée au grand banditisme, il est évident que c'est la responsabilité de l'Etat, il ne faut pas s'abriter derrière des maires pour se déresponsabiliser", a-t-il estimé sur Europe 1.

"Christian Estrosi pratique la stratégie du mensonge et du bouc émissaire pour masquer l'échec du gouvernement", s'est insurgé de son côté Roger Vicot, adjoint de Martine Aubry à Lille, dans l'édition dominicale du JDD.

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