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Chantage à la vidéo intime à Saint-Etienne : "Ça a été des années terribles de torture quotidienne", dénonce Gilles Artigues

Neuf mois après la révélation de l'affaire du chantage à la vidéo intime, l'adjoint au maire de Saint-Etienne Gilles Artigues confie à franceinfo vendredi ses années de calvaire.
Article rédigé par franceinfo
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Gilles Artigues, le 15 juin 2023, à Saint-Etienne. (PHILIPPE VACHER / MAXPPP)

"Ça a été des années terribles de torture quotidienne", dénonce l'adjoint au maire de Saint-Etienne Gilles Artigues qui prend la parole sur franceinfo vendredi 16 juin, neuf mois après la révélation de l'affaire du chantage à la vidéo intime. Il raconte avoir été "piégé" par des collègues, puis que le maire, Gaël Perdriau, s'est servi "de ces images filmées à [son] insu" pour lui "nuire" et le "faire chanter".

"J'étais vraiment l'homme à abattre"

"Chaque lundi, dans le bureau du maire, on me parlait de ces images, j'étais vraiment l'homme à abattre", se souvient Gilles Artigues. Selon lui, c'est son union avec Gaël Perdriau qui a fait gagner ce dernier aux élections municipales de 2014.

"A la première minute où il a été élu, il s'est posé la question avec son directeur de cabinet comment il pouvait m'éliminer."

Gilles Artigues

à franceinfo

Sous la pression exercée par le maire et d'autres élus, Gilles Artigues est, à un moment, "tellement désespéré" qu'il pense à mettre fin à ses jours. Un acte en contradiction avec sa foi chrétienne. "C'est là que je me suis dit si un jour tu commets un geste irréparable, il faut que tu puisses l'expliquer à ta famille et que j'ai enregistré les conversations dans le bureau du maire", précise-t-il. "On entend des choses absolument épouvantables où mes enfants sont même menacés. On dit que cette vidéo pourrait être montrée aux parents des enfants qui sont dans la même classe que les miens, donc c'est absolument épouvantable", raconte le Stéphanois.

Interrogé par France Bleu Saint-Etienne le 31 mai dernier, Gaël Perdriau s'est dit "pleinement concentré à [sa] tâche" et a affirmé que sa mise en examen "a eu deux vertus : la première, c'est que je suis passé de sept accusations ignobles à une, qui reste également à combattre". Pour Gilles Artigues, le maire "s'accroche à son siège" même si cela "paralyse totalement la ville". Il rappelle que, dans cette affaire, "il y a aussi une suspicion de détournement d'argent public puisque ceux qui ont commis ce délit terrible ont reçu quand même 50 000 euros d'argent public via des subventions détournées".

L'élu reste à son poste d'adjoint

Gilles Artigues est resté à son poste d'adjoint parce que "la vie politique reste quand même une passion". "Pour l'instant, je ne suis pas retourné au conseil municipal parce que je suis encore en état de choc et mes médecins me déconseillent de me retrouver face à mon bourreau", explique-t-il. Il continue de travailler à distance, hors de la mairie.

L'élu lance, ce vendredi, son site de lutte contre le chantage à l'image intime (lccii.fr). "J'ai envie que ce que j'ai vécu puisse être utile aux autres", commente Gilles Artigues. "Je souhaite recueillir à travers cette plateforme des témoignages pour envisager d'autres actions." Il veut créer l'équivalent de ce qui existe en matière de prévention contre le harcèlement et le cyber-harcèlement pour les adolescents, mais cette fois-ci "pour les personnes plus âgées". Il aimerait "modifier la loi" pour que "la justice soit plus sévère et plus rapide". Un maire qui reste en place "malgré les preuves, les enregistrements" lui semble être "un vide juridique".

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