Bayrou en manque d'un second souffle pour sa campagne
La candidature du centriste à la présidentielle marque le pas dans les enquêtes d'opinion. Et pour l'instant, les différentes tentatives pour lui donner un nouveau élan échouent les unes après les autres.
François Bayrou en est persuadé : face à la crise, les Français veulent plus que jamais sortir des clivages traditionnels. "Lorsque les problèmes sont graves, il faut sortir des querelles stupides entre droite et gauche", répète-t-il à l'envi depuis l'officialisation de sa candidature, début décembre. Il n'empêche : sa théorie ne se vérifie pas vraiment dans les sondages. Après avoir atteint 15% des intentions de vote dans le baromètre CSA (en PDF) du mois de janvier, le député centriste marque clairement le pas. Toutes les enquêtes d'opinion pointent le retour d'une bipolarisation Hollande-Sarkozy de la campagne. Dans la dernière vague Ipsos-Logica pour France Télévisions, le président du MoDem pointe à 12% d'intentions de vote (-1,5 point par rapport au mois précédent), très loin derrière le candidat socialiste (32%, +3 points) ou le président sortant (25%, +2 points).
Des temps forts peu marquants
Plus inquiétant : là où les temps forts de François Hollande (meeting du Bourget, participation à l'émission "Des Paroles et des actes") et de Nicolas Sarkozy (intervention télévisée du 29 janvier) ont suscité des pics d'intérêt, ceux de François Bayrou (meeting de Dunkerque, présentation détaillée du projet, forums thématiques...) n'ont provoqué aucune réaction particulière auprès des Français, comme l'illustre ce graphique GoogleTrends :
"Quand vous avez dix fois moins [de temps] d'antenne que les deux favoris, ça se traduit pendant quelques jours", relativise François Bayrou, tout en dénonçant le traitement médiatique qui lui est réservé. "On a essayé de faire croire aux Français qu'en fait, il n'y avait pas de premier tour, (...) que c'était seulement l'affrontement entre le candidat PS et celui de l'UMP. Et bien cela, ce n'est pas le pluralisme et les Français ne se laisseront pas enlever la liberté de choix, qui est leur véritable pouvoir sur cette élection."
En 2007 : à 12% début février et à 24% mi-mars
Pour éviter le coup de blues, ses proches invitent à regarder les courbes des sondages pour la présidentielle de 2007, à laquelle le président du MoDem était candidat. Après une montée progressive entre décembre et janvier, puis un reflux momentané début février, François Bayrou avait véritablement pris son envol courant février, pour atteindre 24% d'intentions de vote un mois plus tard, comme le montre cette courbe des enquêtes Ifop :
"Ça va très vite : plus vous montez, plus on parle de vous ; plus on parle de vous, plus vous montez !", veut-on croire aujourd'hui dans son entourage. Et pour lancer la machine, François Bayrou devrait lâcher plusieurs munitions dans les jours à venir. Après avoir dévoilé sa stratégie numérique dans l'après-midi, le député béarnais est l'invité du "20 heures" de TF1, mardi 7 février. Surtout, il doit inaugurer l'émission "Paroles de candidat", toujours sur TF1, lundi 20 février, en prime-time.
Des rendez-vous médiatiques qui devraient coïncider avec une progressive amplification du rythme des meetings. D'ici là, le candidat MoDem préfère se contenter de modestes rencontres de campagne. Après un déplacement dans le Tarn lundi 6 février, il doit se rendre dans l'Orne jeudi. Un membre de l'équipe de campagne l'assure : "Il n'y a pas besoin de se presser. La campagne ne démarrera réellement que lorsque Sarkozy aura officialisé sa candidature. D'ici là, notre mot d'ordre est le suivant : se tenir prêt. Le moment venu, nous récolterons ce que nous avons semé."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.