Cabinets fermés, grève de la carte Vitale... la "guérilla" des médecins se poursuit
Ils entendent ainsi maintenir la pression sur le gouvernement en ce début 2015 pour obtenir une réécriture du projet de loi santé.
"Nous entrons dans un mouvement de harcèlement et de guérilla qui va durer, à moins que le gouvernement ne recule." Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), principal syndicat de généralistes, prévient : la grève est loin d'être terminée. Les médecins entendent maintenir la pression sur le gouvernement en ce début 2015, pour obtenir une réécriture du projet de loi santé. Le texte, qui doit être débattu au printemps au Parlement, prévoit notamment la généralisation du tiers payant (dispense d'avance de frais pour les patients).
Plusieurs syndicats appellent à une nouvelle fermeture des cabinets, lundi et mardi, et à une grève administrative. Francetv info fait le point sur les modalités de la mobilisation.
Cabinets fermés et "grève illimitée des gardes"
Plusieurs syndicats appellent à une nouvelle fermeture des cabinets lundi et mardi. La Fédération des médecins de France invite, pour sa part, à une "grève nationale illimitée des gardes". Objectif : donner un surcroît de travail aux Agences régionales de santé, qui seront "obligées de réquisitionner".
Pendant les vacances de Noël, les syndicats de médecins se sont targués d'une mobilisation massive, avec "jusqu'à 80% et 100% de débrayages", selon la CSMF. Des chiffres mis en doute par l'assurance-maladie, qui a publié vendredi un bilan des consultations des médecins libéraux en légère hausse par rapport à la même période de l'an dernier. Une "manipulation", pour Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), qui estime que la ministre de la Santé mérite bien son nouveau surnom de "Marisol Toutbaigne", tant elle a "tenté de banaliser les conséquences de la colère des médecins".
Des feuilles de soins plutôt que la carte Vitale
Cette opération vise notamment à remplacer une partie des télétransmissions de feuilles de soins par une version papier, afin d'engorger les services de l'assurance-maladie. Les médecins espèrent que noyer la Sécu sous la paperasse incitera le gouvernement à bouger. Dans un communiqué diffusé samedi, l'assurance-maladie a affirmé craindre que cette "action se traduise par un allongement de plusieurs semaines - potentiellement plus de deux mois - des délais de remboursement" pour les patients.
"L'idée n'est pas de refuser systématiquement la carte Vitale, mais de faire une feuille de soins à la place lorsque cela ne pénalise pas le patient", explique Jean-Paul Ortiz, de la CSMF. Il a lancé cette action dès le 2 janvier, avec la volonté de la limiter aux patients pouvant assumer des remboursements plus tardifs. "Il suffit que chaque médecin fasse quelques feuilles de soin tous les jours pour encombrer très rapidement le système", souligne-t-il.
D'autres formulaires papier pour "opération engorgement administratif"
La CSMF appelle aussi les médecins à envoyer par la voie postale tous les formulaires (accidents du travail, déclarations de médecin traitant, formulaires d'affections de longue durée, demandes d'entente préalable ...). Des "actions coup de poing", qui n'ont pas été précisées, doivent suivre.
Le Syndicat des médecins libéraux (SML), de son côté, choisit une "opération engorgement administratif" à partir de mercredi. Elle consiste à continuer de prendre la carte Vitale, tout en envoyant systématiquement un duplicata à la Sécurité sociale, précise son président Eric Henry.
"Ce n'est qu'un début, d'autres moyens vont apparaître dont on est en train de discuter en intersyndicale. On peut bloquer le système", menace-t-il, soulignant que la Sécurité sociale, fortement informatisée, n'a plus les effectifs pour traiter "à l'ancienne" un afflux de papier.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.