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Ce que ne dit pas le projet de Sarkozy pour les enseignants

Le "travailler plus pour gagner plus" appliqué aux enseignants souffre de nombreuses imprécisions. FTVi les détaille.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Nicolas Sarkozy, le 28 février 2012, dans une école de Montpellier (Hérault). (PHILIPPE LAURENSON / POOL / AFP PHOTO)

En annonçant ses mesures pour l'éducation, mardi 28 février à Montpellier (Hérault), Nicolas Sarkozy a renoué avec le "travailler plus pour gagner plus" qui avait fait recette en 2007. Mais sa proposition phare, l'augmentation du temps de présence des enseignants dans leur établissement, reste très imprécise.

La mesure concerne les professeurs du second degré, qui verraient passer de 18 heures à 26 heures leur présence hebdomadaire dans leur collège ou leur lycée, sur la base du volontariat. En contrepartie, ils bénéficieraient d'une augmentation de salaire de 25%, soit 500 euros net selon le candidat à la présidentielle.

• Le nombre de personnels concernés

Nicolas Sarkozy n'a donné aucune indication sur le nombre de personnels qui seraient concernés. En janvier 2011, les enseignants du second degré étaient 484 049 (389 787 dans le public et 94 262 dans le privé). Mais impossible de savoir, pour l'heure, quelle proportion accepterait de travailler davantage.

Lors d'un chat sur le site de campagne de Nicolas Sarkozy mercredi, la porte-parole du candidat, Nathalie Kosciusko-Morizet, a reconnu n'avoir "pas de chiffre précis" sur le nombre de volontaires potentiels. "Mais nous tablons sur plusieurs dizaines de milliers par an", a-t-elle espéré. Puis, lors d'une conférence de presse dans l'après-midi, elle a évoqué le chiffre de 40 000 intéressés.

• Le financement de la mesure

Un calcul rapide permet de se faire une idée approximative du coût de cette proposition. Si 40 000 enseignants acceptent de "jouer le jeu" proposé par Nicolas Sarkozy, et en prenant comme base de calcul les 500 euros par mois évoqués par le candidat, la mesure tournerait autour de 240 millions d'euros par an. S'ils sont 200 000, cela en porterait le coût à 1,2 milliard d'euros. Sans compter les cotisations sociales.

Dans son discours, Nicolas Sarkozy n'a pas indiqué comment serait financé ce dispositif. Cependant, mercredi, Nathalie Kosciusko-Morizet a assuré que "cette mesure ne coût[ait] pas" dans l'hypothèse de 40 000 profs volontaires. Jusqu'à présent, les économies dégagées grâce au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux étaient destinées pour moitié à améliorer le pouvoir d'achat des enseignants. Désormais, expose-t-elle, "on maintient le 'un sur deux' et on redistribue en pouvoir d'achat l'ensemble de ce qui est économisé". 

Autre point que la porte-parole du candidat Sarkozy a abordé : le système des heures supplémentaires, auquel les enseignants ont massivement recours (56% des professeurs, soit une dépense de 1,3 milliard d'euros selon un rapport du Sénat), n'est pas remis en cause par ce dispositif : "C'est un système additionnel."

Une manière de répondre à la critique formulée par certains syndicats. Mardi, Patrick Gonthier, de l'Unsa-Education, avait estimé que la proposition de Nicolas Sarkozy était "en décalage avec la réalité parce qu'il y a beaucoup de professeurs qui font 21 ou 22 heures, contraints de faire des heures supplémentaires à cause des suppressions de postes et ils sont au-delà des 25%" de hausse salariale.

• Quid des professeurs des écoles ?

Les enseignants d'écoles primaires travaillent déjà 26 heures par semaine au sein de leur établissement. Le "travailler plus pour gagner plus" annoncé par Nicolas Sarkozy mardi soir ne les concerne donc pas. Mais au cours du chat, interrogée par un professeur des écoles mercredi, Nathalie Kosciusko-Morizet a glissé : "Nicolas Sarkozy propose que vous puissiez enseigner en sixième et en cinquième. Et que vous puissiez passer des certifications complémentaires. Celles-ci permettront des revalorisations." Bizarrement, cette annonce inédite et lourde de symbole ne figurait pas dans le discours de mardi du candidat.

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