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Cent seize plaintes pour homicides et blessures involontaires ont été déposées mardi au tribunal de Paris

C'est le président de l'association des victimes de l'isoméride et du Mediator (Avim), Dominique-Michel Courtois qui les a remises.A sa sortie du parquet de Paris, l'avocat de l'Avim a "espéré que l'ouverture d'une information judiciaire et la nomination d'experts ne prendront que quelques semaines" avant que l'instruction ne démarre véritablement.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Les plaintes de victimes contre le laboratoire Servier qui a fabriqué et commercialisé le Mediator se multiplient (AFP - Fred Tanneau)

C'est le président de l'association des victimes de l'isoméride et du Mediator (Avim), Dominique-Michel Courtois qui les a remises.

A sa sortie du parquet de Paris, l'avocat de l'Avim a "espéré que l'ouverture d'une information judiciaire et la nomination d'experts ne prendront que quelques semaines" avant que l'instruction ne démarre véritablement.

Il a souhaité qu'"en 2011, on ait un premier éclairage".

De son côté, l'avocat spécialisé dans la défense des patients Georges-Alexandre Imbert a annoncé lundi qu'il cherchait un accord à l'amiable avec le laboratoire Servier.

Servier prêt à assumer ses responsabilités
Le laboratoire Servier est "prêt à assumer sa responsabilité si elle est engagée" dans l'affaire du Mediator

C'est ce qu'a déclaré lundi sur RTL Lucy Vincent, directrice générale chargée des relations extérieures du N°2 français de l'industrie pharmaceutique, ajoutant que "les enquêtes commencent".

Maître Imbert a indiqué avoir reçu plus de 1000 témoignages sur ce médicament, interdit depuis 2009. Le Mediator est accusé d'avoir provoqué de graves problèmes cardiaques et pourrait être responsable de 500 à 2000 décès, selon les estimations réalisées pour l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). L'avocat indique encore avoir écrit il y a 8 jours à Servier et à son assureur Axa pour négocier un tel accord.

Interrogée à ce sujet, Lucy Vincent a indiqué que les avocats avaient "leur propre démarche". Quelque 5 millions de Français ont pris du Mediator, prescrit sur ordonnance, dont beaucoup dans le seul but de maigrir. A ce jour, une dizaine de plaintes ont été déposées dans la capitale. Mais une association bordelaise de victimes doit en déposer 110 cette semaine et en prévoit un demi-millier d'autres "avant la fin du mois".

Ce week-end, déjà, dans le "Journal du Dimanche", la directrice générale chargée des relations extérieures du laboratoire Servier reconnaissait que le Mediator avait "pu présenter un vrai risque pour certains patients". Une déclaration qui tranchait quelque peu avec celle du fondateur du laboratoire, Jacques Servier. Lors d'une cérémonie de voeux à son personnel mardi, ce dernier avait estimé que le Mediator n'avait fait que trois morts et que le chiffre de 500 avancé par des études relevait du "marketing".

Au JDD, Lucy Vincent, directrice générale du laboratoire, a déclaré: "La mort de trois personnes, c'est déjà trop." Elle continuait cependant de contester les études ayant conclu au décès de 500 à 2000 personnes. "Les calculs à l'origine de ces chiffres alarmants ont été réalisés à partir d'une population qui avait pris du Mediator, sans tenir compte apparemment des autres pathologies dont pouvaient souffrir ces patients", a-t-elle dit au JDD. "La simple constatation d'une valvulopathie ne permet pas de l'imputer systématiquement à un traitement médicamenteux", a ajouté la responsable.

Procédures en cours: de multiples plaintes seront déposées
Mardi 11 janvier, l'Association des victimes de l'Isoméride et du Mediator (AVIM), basée à Bordeaux, doit déposer auprès du pôle de santé publique du Tribunal de Grande Instance de Paris, 100 plaintes pour blessures involontaires et dix pour homicides involontaires, plus une plainte avec constitution de partie civile de l'association, s'ajoutant à "une dizaine de plaintes" déposées à Paris, selon une source judiciaire.

De son côté, l'association UFC-Que Choisir va déposer plainte contre X à Paris "avant jeudi" dans l'affaire du Médiator, a annoncé lundi à son président Alain Bazot.

"Cette plainte contre X, pour dégager les responsabilités dans cette affaire, sera déposée avant jeudi, au pénal", a précisé M. Bazot, soulignant qu'elle porterait sur "mise en danger de la vie d'autrui, homicide et blessures involontaires, tromperie sur la marchandise et sur les risques inhérents du produit".

L'association entend ainsi être présente dans les différentes étapes de la procédure. "Il s'agit aussi de faire reconnaître que l'intérêt collectif a été violé et mérite une indemnisation", a expliqué M. Bazot.

Quant au parquet de Paris, il a ouvert une enquête préliminaire en décembre, une information qui n'a été portée à la connaissance du public que ces derniers jours. L'Inspection générale des affaires sociales (Igas, dépendant du ministère de la Santé) doit également rendre un rapport à la mi-janvier.

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