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Les chasseurs défilent à Amiens pour défendre des chasses traditionnelles d'oiseaux : "Qu'on nous laisse chasser, qu'on nous laisse tranquille"

Même si le gouvernement a mis en consultation plusieurs arrêtés pour réautoriser certaines chasses traditionnelles, les chasseurs estiment être pris pour cibles depuis la décision du conseil d'État qui juge illégales certaines pratiques.

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La manifestation de chasseurs à Amiens (Picardie), le 18 septembre 2021.
 (CLAUDIA CALMEL / RADIO FRANCE)

Plus de 12 000 personnes, gilets orange et cors de chasse, défilent dans les rues d'Amiens (Somme) après l'appel de leurs fédérations. Venus de tous les Hauts-de-France pour défendre leur art de vivre, chez Denis, on chasse le petit gibier depuis des générations : son grand-père, son père, ses oncles avant lui. Il craint qu'à terme, la chasse disparaisse. "On s'acharne sur notre chasse, on nous broie les miradors, lâche Denis. Nous, on n'interdit personne d'aller se promener dans la nature. Tous nos ancêtres chassaient. Qu'on nous laisse chasser, qu'on nous laisse tranquille."

Victor, jeune chasseur de 19 ans, en a assez lui que l'on voit les chasseurs uniquement comme des hommes et des femmes assoiffés de sang. "Je ne suis pas juste là pour tuer à l'ouverture de la chasse, se justifie-t-il. Après, je piège les nuisibles, j'agraine le gibier l'hiver, et quand l'été, ils ont soif, je leur mets de l'eau."

"Les chasseurs sont des acteurs de la biodiversité."

Victor, chasseur

à franceinfo

"Les écolos qui sont toujours en train de nous critiquer, ils nous critiquent dans les hauts lieux, mais ils ne viennent pas sur le terrain, critique Victor. Moi, demain, je fais l'ouverture de la chasse, si je ne tue pas d'animaux ça ne me dérange pas."

La manifestation de chasseurs à Amiens (Picardie), le 18 septembre 2021.
 (FREDERIC CAYROU / RADIO FRANCE)

"On est de plus en plus attaqués, sans arrêt critiqués, ça devient insupportable." C'en est trop pour Thierry Delefosse, directeur de la fédération des chasseurs de la Somme. Après l'interdiction de la chasse à la glu en juin, le Conseil d'État a annulé début août plusieurs autres autorisations de chasses traditionnelles d'oiseaux. Thierry Delefosse parle même de la montée d'un intégrisme "anti-chasse". "Vous savez, quand on voit des gens qui sont prêts à faire des actes pour nous saboter, nous casser nos installations, nos véhicules etc, on est vraiment confrontés à une forme d'intégrisme, lance-t-il. Ça commence à bien faire quoi." 

"Une pratique de plus en plus compliquée"

De son côté, le gouvernement a mis mercredi 15 septembre plusieurs arrêtés en consultation pour permettre certaines de ces chasses, faisant valoir qu'elles respectent bien le droit européen. Mais les chasseurs sont hostiles à Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, dont beaucoup demandent la démission. Ils dénoncent une ministre de tutelle qui ne les soutient pas. À cette vitesse, selon eux,  la pratique va se réduire à peau de chagrin et les traditions vont disparaître. "On se dirige vers une pratique qui est de plus en plus compliquée, dénonce Thierry Delefosse. Ça devient impossible de pratiquer la chasse sans être en infraction pour telle ou telle chose tellement c'est complexe. Il faut avoir un ordinateur pour aller à la chasse maintenant."

"On voudrait des réglementations en adéquation avec la réalité du terrain, et puis qu'on nous foute un peu la paix parce qu'on n'est pas les mauvais élèves de la classe, quoi qu'on en dise."

Thierry Delefosse, directeur de la fédération des chasseurs de la Somme

à franceinfo

Xavier Bertrand, président de région et candidat à la présidentielle 2022, a assisté au rassemblement picard. Les fédérations de chasseurs demandent aujourd'hui la création d'un grand ministère de la Ruralité dans lequel la chasse aurait enfin, disent-ils, une part légitime.

Manifestation des chasseurs à Amiens - Reportage de Farida Nouar

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