Plan chasse : "Les annonces faites sont décevantes", regrette un député écologiste d'Indre-et-Loire qui milite pour un jour sans chasse
"Les annonces faites sont décevantes", regrette Charles Fournier, député écologiste d'Indre-et-Loire, lundi 9 janvier sur franceinfo, à propos du plan chasse présenté plus tôt dans la journée par le gouvernement qui souhaite notamment la mise en place d'une application pour indiquer les zones de chasse. "Ce n'est pas satisfaisant et ça ne règlera pas le sujet", explique le député, auteur d’une proposition de loi visant notamment à interdire les chasses dites traditionnelles comme la chasse à courre ou en enclos ainsi que la chasse le week-end, les jours fériés et les vacances scolaires. Le député a l'intention de "redéposer une proposition de loi sur le jour sans chasse".
franceinfo : Avec les annonces du gouvernement, estimez-vous avoir été entendu ?
Charles Fournier : Non, pas du tout. Les annonces faites sont extrêmement décevantes. Le sujet central pour un meilleur partage de la nature - qui était le ou les jours sans chasse - n'est pas au rendez-vous et on nous propose en alternative une application numérique. À chaque fois qu'il y a un problème, il y a une solution numérique et évidemment cette solution risque de ne pas marcher aux endroits où on ne peut pas se connecter.
"On ne va pas passer notre temps à nous promener le nez dans l'application pour profiter de la nature, c'est une aberration."
Charles Fournier, député écologiste d'Indre-et-Loireà franceinfo
Ce n'est pas satisfaisant. C'est une fuite en avant technologique. Je le répète : beaucoup de gens n'ont pas de téléphone et il y a des endroits où on ne capte pas et particulièrement en forêt. Ça ne règlera pas le sujet. C'est une solution pour en éviter une autre.
Comment expliquez-vous que ce jour sans chasse n'ait pas été retenu ?
Pourtant c'est une demande des Françaises et des Français. Les sondages le montrent. Visiblement les arbitrages se jouent ailleurs. Willy Schraen [président de la Fédération nationale des chasseurs] avait même énoncé des menaces avec "la ruralité à feu et à sang" si jamais il y avait un jour sans chasse. Je crois que l'endroit où se décide cela n'est pas l'endroit public et démocratique puisqu'il semble que ça se joue entre le gouvernement et la Fédération de la chasse. Je me l'explique comme ça parce qu'aujourd'hui, l'attente de nos concitoyens est plutôt de réguler la chasse et de trouver ce compromis d'un jour ou de deux jours sans chasse et malheureusement ce n'est pas le choix qui a été fait.
Vous partagez donc le point de vue de France nature environnement qui estime que le lobby de la chasse "impose encore une fois ses exigences au gouvernement" ?
On peut le mesurer. Il est très présent y compris auprès d'un certain nombre de parlementaires et d'élus locaux alors que les chasseurs représentent moins d'un million de personnes en France, un chiffre moins important que le nombre de promeneurs. Les chasseurs expliquent que le dimanche c'est le jour où ils chassent et que si on l'interdit ils ne pourront plus chasser mais les promeneurs c'est aussi le dimanche qu'ils se promènent. Je ne dis pas qu'il faut interdire la chasse, je dis qu'il faut la limiter et surtout il faut qu'on puisse accéder à la nature en toute sécurité.
Concernant l'autre mesure, l'interdiction de chasser en état d'alcoolémie, ce n'est pas non plus à la hauteur parce qu'être en état d'ébriété ou consommer des drogues n'est pas compatible avec de nombreuses activités et notamment la chasse. C'est donc bien de le dire mais ça ne règle pas profondément les sujets qui sont évoqués. Là encore, ce n'est pas satisfaisant.
Allez-vous continuer à vous battre sur ces sujets ?
Je redéposerai une proposition de loi sur le jour sans chasse et un de mes collègues en déposera une sur la chasse à courre. Nous avons - les écologistes - une niche parlementaire au mois d'avril, c'est-à-dire un temps où nous pouvons déposer des propositions de projet de loi. J'espère qu'à cette occasion nous pourrons faire bouger les lignes et que le Parlement se montrera à la hauteur de ce que nos concitoyens attendent.
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