Dominique Strauss-Kahn et sa femme sont rentrés dimanche matin à Paris, en provenance de New York
L'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et Anne Sinclair ont pris le vol Air France New York-Paris AF017 arrivé à 7h30 locales à Roissy-Charles-de-Gaulle.
Après avoir salué une nuée de journalistes, ils sont montés dans une voiture sans faire de déclaration, pour regagner directement leur appartement parisien.
Ce retour marque l'épilogue de quatre mois d'une affaire d'agression sexuelle présumée, qui aura fait le tour de la planète, et pour laquelle DSK a finalement été blanchi.
Une heure après son atterrissage, le couple est arrivé en voiture à son domicile parisien de la place des Vosges, souriant et saluant les journalistes et photographes, mais toujours sans dire un mot. DSK ne fera "aucune" communication ce dimanche, a indiqué son entourage à l'AFP.
Le 14 mai dernier, DSK, patron du FMI et alors favori potentiel pour la présidentielle de 2012, avait été arrêté à l'aéroport JFK de New York sur dénonciation d'une femme de chambre guinéenne, Nafissatou Diallo, qui l'accusait de tentative de viol à l'hôtel Sofitel de Manhattan.
L'ancien ministre devrait s'expliquer rapidement sur ce qui lui est arrivé à New York, selon des proches. Ses explications sont très attendues alors que, d'après des sondages, une majorité de Français refusent désormais de le voir jouer un rôle politique majeur.
Son retour en France, en pleine campagne pour la primaire PS, risque d'ailleurs d'embarrasser les candidats socialistes qui, pour la plupart, ont déjà pris leurs distances avec l'ancien favori des sondages.
Dès l'abandon des poursuites pénales le visant le 23 août, DSK avait fait part de sa "hâte" de rentrer en France. Il a cependant fait un bref déplacement à Washington où il a présenté lundi des excuses à ses anciens collaborateurs du FMI. "Je m'exprimerai plus longuement quand je serai de retour en France", avait-il promis à la presse à New York, quelques minutes après avoir bénéficié d'un non-lieu. "C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste. Je suis soulagé pour ma femme, mes enfants, mes amis, tous ceux qui m'ont soutenu pendant cette période en m'envoyant aussi des lettres et des emails. Il faut qu'ils sachent que leur soutien a été très important."
Débarrassé du volet pénal de l'affaire du Sofitel de New York, DSK devra affronter en France d'autres échéances judiciaires avec l'enquête ouverte à Paris sur les accusations de la romancière Tristane Banon. Depuis début juillet, DSK est visé par une plainte pour "tentative de viol" en 2003, déposée par la jeune femme qui a entraîné l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris. Celle-ci se heurte toutefois à l'absence de preuve matérielle, huit ans après les faits allégués, que DSK dément.
DSK et Anne Sinclair quittent l'aéroport de Roissy (4/9/2011) / AFP / Miguel Medina
Réactions politiques
- Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a jugé "bien dérisoires et décalées" les "centaines de caméras braquées" sur Dominique Strauss-Kahn, revenu en France le matin-même, lors de son discours de clôture du campus UMP dimanche à Marseille.
Interrogé dans la soirée, sur France 2, sur un éventuel retour sur la scène politique de DSK, jugé possible par l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, M. Copé n'a pas souhaité donner son avis: "Je ne sais pas trop quoi dire (...). C'est l'affaire de DSK, ce n'est pas la nôtre".
- Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, a souhaité dimanche "éviter" le retour de Dominique Strauss-Kahn dans le débat public, et qualifié de "totale nocivité" ce qu'il a fait pour la Grèce. Interrogé, lors de l'émission "C Politique" sur France 5, sur un éventuel retour de l'ancien favori socialiste à la présidentielle, M. Mélenchon a répondu: "C'est précisément ce que je voudrais qu'il évite de faire".
- Jean-Pierre Raffarin a estimé dimanche soir que Dominique Strauss-Kahn n'était "pas hors jeu" et pouvait "tout à fait reprendre un parcours politique", vantant ses "qualités qui en ont fait un ministre important et un directeur général du FMI". L'ancien Premier ministre, qui était l'invité de l'émission " Radio France Politique", a tenu ces propos alors qu'aucun socialiste n'a évoqué dimanche un avenir politique proche à l'ancien favori de la présidentielle dans les sondages.
- François Hollande, favori des sondages dans la primaire PS, a affirmé dimanche que Dominique Strauss Kahn faisait partie "des voix que l'on veut entendre", laissant à l'ex-patron du FMI le choix de définir "le rôle qu'il veut jouer" après son retour en France. "Sa compétence en matière de finances, en matière internationale, est plutôt recherchée et reconnue", a déclaré M. Hollande au " Grand jury" RTL/LCI/Le Figaro, quelques heures après l'arrivée à Paris de M. Strauss-Kahn. "Dans la situation que l'on connaît, il fait partie des voix que l'on veut entendre", a-t-il ajouté.
- Ségolène Royal, candidate à la primaire PS, n'a pas souhaité "ajouter de commentaire" à "la tempête médiatique" du retour en France de Dominique Strauss-Kahn dimanche quatre mois après sa spectaculaire arrestation à New York et après l'abandon des charges pesant sur lui. "Je ne veux pas ajouter par un quelconque commentaire quelque chose de plus à cette tempête médiatique", a-t-elle déclaré lors de l'émission BFMTV 2012/Le Point/RMC. "C'est à lui-même de définir ce qu'il souhaite faire", a-t-elle ajouté. "Tout ce qui s'est passé ne remet pas en cause sa compétence. Maintenant pour la suite, je crois qu'il faut +laisser du temps au temps+ comme disait François Mitterrand", a conclu Mme Royal.
- Jack Lang, député PS et ancien ministre, s'est réjoui dimanche du retour en France de Dominique Strauss-Kahn et de sa femme Anne Sinclair, depuis la place des Vosges à Paris (IVe) où il réside, tout comme le couple. "Je suis heureux parce que je les aime et je les respecte" et "parce que, enfin ils sont libérés de cette situation humiliante, injuste qu'ils ont subie", a-t-il déclaré à la presse.
- Jean-Christophe Cambadélis (PS, strauss-kahnien, dans un communiqué) : "Aujourd'hui DSK est libre de son rythme et de ses choix. L'amertume française, due à l'impression d'avoir été abandonné, sera surmontée. La sévérité des jugements à l'emporte-pièce se relativisera. L'injustice d'une condamnation médiatique, sans appel et sans preuve, pour un acte certes inapproprié et condamné par les Français, conduisant à une vie dévastée et à un destin dérobé sera revisitée. Le temps fera son oeuvre et les zones d'ombre de cette affaire seront de nouveau explorées. Déjà, l'extraordinaire reconnaissance française pour la dignité d'Anne Sinclair en est la manifestation. La France face à cette crise économique aura besoin de son talent et l'épreuve inouïe l'aura mûri. Le temps de la reconstruction, forcément long, commence. Ce retour en est la première étape." (communiqué)
- Jean-Marie Le Guen (PS, proche de DSK, sur BFM TV): "Il n'y a pas dans sa vision des choses une stratégie (de retour). Nous avons besoin de ses compétences. Il est un des hommes qui comptent en Europe pour sortir ce continent du marasme (...). Il est hors de question de s'immiscer dans le processus des primaires. Il n'est plus candidat à l'élection présidentielle. Les primaires doivent avoir lieu. Ce sont deux événements de nature différente (...). Je pense pas qu'il ait l'intention d'intervenir dans ce processus (...). C'est quelqu'un qui a l'intention de s'expliquer, de faire valoir la respectabilité de sa personne, retrouver le dialogue direct avec les Français. Je sais qu'il voudra s'exprimer avec force. Il est relativement inquiet de la façon dont les choses se passent."
- Michèle Sabban, vice-présidente PS du conseil régional d'Ile-de-France (proche de DSK, sur Itélé) : "Nous sommes soulagés de le voir sur le territoire français, c'est un moment important de cet épisode tragique du 15 mai. Emus, très émus. Maintenant c'est à lui de situer son tempo et le temps qu'il donnera pour nous dire ce qu'il doit nous dire. Il avait besoin de ce retour, ce qui est important maintenant c'est de le laisser, il a la main."
- Renaud Muselier, ancien ministre UMP, a ironisé dimanche sur à Marseille sur "le feuilleton" DSK, lors du Campus du parti présidentiel. "On a un feuilleton qui n'a absolument aucun intérêt pour moi mais qui a l'air de passionner (...). C'est quand même très, très impressionnant ce suivi médiatique."
- Sébastien Huyghe, député UMP (dans un communiqué), "demande à chacun des candidats à la primaire socialiste de s'exprimer clairement sur l'attitude qu'ils tiendront vis-à-vis de Dominique Strauss-Kahn dans le cadre de leur candidature. S'ils sont désignés candidat du PS à l'élection présidentielle, vont-ils lui réserver un rôle dans le cadre de leur campagne, et en cas de victoire de leur part si ils feront de Dominique Strauss-Kahn un ministre de la République. Les Français sont en droit de connaître l'attitude que sera la leur afin de pouvoir s'exprimer en toute connaissance de cause."
- Chantal Brunel (députée UMP) estime que Dominique Strauss-Kahn "va être une tache indélébile au Parti socialiste" "Lorsque la justice américaine a annulé les charges contre lui, ça a choqué les Français, et surtout les femmes. On a fait trois pas en arrière sur la lutte contre les violences faites aux femmes", a jugé dimanche la députée UMP auprès de l'AFP, en marge du Campus de l'UMP réuni à Marseille.
Autres réactions
- Anne Mansouret, mère de Tristane Banon (qui a porté plainte contre DSK) et vice-présidente PS du conseil général de l'Eure, a jugé dimanche sur BFM TV que le retour de l'ancien patron du PMI était "indécent". Elle a souhaité qu'il s'explique devant la police dans l'affaire qui concerne sa fille. "Espérons qu'il ne partira pas pour le Maroc pour fuir les interrogatoires de la police" dans l'affaire Tristane Banon, a-t-elle déclaré. "Je suis un peu choquée par le côté médiatique de ce retour. Pour moi, comme tous ceux qui ont fait du droit dans leurs études, tant que M. DSK n'aura pas été jugé il ne sera pas blanchi (...). Je trouve que ce retour est à proprement parler indécent. Comme Polanski, M. Strauss-Kahn fuit la justice américaine."
DSK et Anne Sinclair à leur arrivée à Kennedy Airport (3/9/2011) / AFP / Stan Honda
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