Ce qu'il faut retenir de l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy
Interviewé par quatre journalistes durant une heure, le chef de l'Etat a tenté de prouver aux Français qu'il était l'homme de la situation et annoncé pas moins de six mesures à quelques semaines de l'élection présidentielle. Résumé.
Une heure d'intervention diffusée en direct sur neuf chaînes de télévision (France 2, TF1, i-Télé, BFMTV, LCI, France 24, LCP-AN, Public Sénat et TV5 Monde). Quatre journalistes pour l'interviewer. Après une semaine très favorable au candidat socialiste, François Hollande, Nicolas Sarkozy a tenté dimanche 29 janvier de prouver aux Français qu'il était l'homme de la situation, mais aussi de rassurer ses troupes perplexes à l'approche de la présidentielle. Ce qu'il faut en retenir.
• Le mot
Sans surprise, le mot "crise" a été prononcé de nombreuses fois par un président soucieux de promouvoir son action dans un contexte grave et généralisé. Il l'a dite "d'une violence inégalée" et n'a eu de cesse de souligner que la France n'avait pas été la seule touchée, citant notamment la dégradation des chiffres de l'économie d'autres pays de la zone euro comme l'Espagne, le Portugal et l'Irlande.
On note aussi la récurrence de l'exemple de l'Allemagne dans les propos du chef de l'Etat. Enfin, à plusieurs reprises il a salué "les efforts" des Français dans cette période.
• La phrase
"J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne m'y déroberai pas." Refusant de confirmer sa candidature à l'élection présidentielle de mai 2012, Nicolas Sarkozy a néanmoins eu cette formule très claire. "Très déterminé", il a aussi déclaré vouloir "laisser les Français" juger son bilan.
• La bonne nouvelle
On retiendra cette phrase, dans le contexte morose d'une "crise d'une violence inégalée", dixit Nicolas Sarkozy. "La France annoncera un déficit bien meilleur" que prévu, se réjouit le président dès le début de l'émission. Selon lui, il sera de "5,4 % et peut-être même 5,3 %" du produit intérieur brut (PIB) au lieu des 5,7 % envisagés par la loi de finances.
• L’attitude
Humble, pédagogique, courageux. Voilà pour la posture. Nicolas Sarkozy veut prouver qu'il est président de la République jusqu'au bout. Et que ce n'est pas simple en temps de crise. Du coup, il parle d'une voix grave et calme et ponctue son discours avec ses mains.
Concernant chacune de ses annonces, il adopte un discours très pédagogue et multiplie les "concrètement", ainsi que les questions rhétoriques : "Pourquoi ? Parce que j'estime...". Enfin, tout du long, il n'a cessé de répéter "je veux que les Français comprennent bien". Et de s'excuser quand c'est "technique" voire parfois d'accuser les journalistes "d'aller un peu vite".
L'UMP avait déjà commencé à assurer le service après-vente de cette posture en dépeignant le principal adversaire de Nicolas Sarkozy dans la course à l'Elysée comme un candidat "arrogant", "irréaliste", qui verse dans "l'électoralisme".
• L’attaque
S'il n'a pas voulu confirmer sa candidature, le président de la République n'a pour autant pas oublié d'égratigner ses concurrents. Les 35 heures mises en place par la gauche ? "Une catastrophe !" L'encadrement des loyers, au programme du candidat du PS ? "Ça n'a marché nulle part, même à l'époque de l'Union soviétique."
Il a aussi attaqué indirectement ceux qui, comme Marine Le Pen ou François Bayrou, proposent "d'acheter français". "Ça n'a pas de sens, il faut produire français", leur rétorque-t-il.
• Les annonces
C'est la principale mesure et elle est déjà extrêmement critiquée. Dans le cadre de la mise en place d'une "TVA sociale", les cotisations patronales seront allégées pour réduire le coût du travail, et le taux de TVA principal passera de 19,6 % à 21,2 %, soit une hausse de 1,6 point. Cette augmentation interviendrait au 1er octobre 2012.
Le président de la République a également souhaité une hausse de deux points de la CSG sur les placements financiers, ce qui permettrait de rapporter près de 20 milliards d'euros aux caisses de l'Etat.
En tout, Nicolas Sarkozy parie sur sept mesures pour sortir la France de la crise et l'aider à gagner en compétitivité. La plupart doivent être présentées dès le mois de février à l'Assemblée nationale et s'appliqueront dans la foulée. Sauf la taxe sur les transactions financières, prévue pour le mois d'août.
Signe que cette intervention rentre bien dans le cadre de la campagne présidentielle : alors que le président n'a pas encore confirmé sa candidature, le CSA a décidé de tenir compte de cette intervention dans son temps de parole.
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