Après "l’arrogant" François, on attend "l'humble" Nicolas
Ce que les communiqués UMP envoyés à la pelle depuis jeudi contre François Hollande dévoilent de la stratégie de Nicolas Sarkozy, qui doit intervenir ce soir à la télévision.
Vingt-trois communiqués entre 10h55 et minuit. Jeudi 26 janvier, la riposte de l’UMP avait des allures de bulldozer. Mais à bien y regarder, les attaques contre François Hollande permettent de deviner comment Nicolas Sarkozy va se positionner dimanche soir, lors de son intervention sur neuf chaînes de télévision (France 2, TF1, iTélé, BFMTV, LCI, France 24, LCP-AN, Public Sénat et TV5 Monde).
Sans surprise, il devrait aller plus loin encore dans la posture adoptée il y a quelques semaines, celle de président-qui-dirige-en-temps-de-crise. FTVi décrypte.
L’humilité contre l’arrogance
"Arrogant" a désormais remplacé "flou" au hit-parade des éléments de langage de l’UMP. A la suite d’Alain Juppé sur France 2, les snipers de la majorité ont tous souligné "l’arrogance" d’un candidat socialiste qui pense "que le match de la présidentielle, qui n’a pas commencé, est déjà fini". L’adjectif est de tous les communiqués et pour eux, François Hollande "s’y voit déjà".
Nicolas Sarkozy devrait donc jouer la carte de l’humilité. Il l’a abattue dès le début de la semaine, évoquant pour la première fois à dessein et devant une dizaine de journalistes sa possible défaite en mai prochain. "Une marque de respect vis-à-vis des électeurs et surtout une marque d'humilité sincère", clame alors son fidèle Brice Hortefeux, sur RTL.
Le président "est totalement concentré à exercer sa fonction", souligne Nadine Morano, qui met en valeur "le devoir de répondre à des enjeux qui sont majeurs". Le chef de l’Etat pourrait même aller jusqu’à faire son "mea culpa" dans un livre "très personnel", rapporte Le Parisien. Tout pour "faire oublier le bling bling, les faux pas et les formules déplacées qui ont écorné son image", analyse un blog du Monde.
Le courage contre l’électoralisme
C’est l’autre angle d’attaque d’une majorité qui ne peut encore défendre ouvertement ni programme, ni candidat. Là encore, Alain Juppé l’a martelé sur le plateau de France 2 : "Il y a deux façons de faire de la politique : celle de vouloir faire plaisir ou celle d’avoir du courage." Du coup, la droite taxe François Hollande d’"électoralisme" et estime que "la France mérite le courage de la vérité et l’audace des réformes".
L’idée : insister sur une situation "grave" et "sans précédent", pour mettre en valeur la détermination du président de la République. "Nous avons besoin de réponses fortes, courageuses et responsables", avance Franck Riester, le secrétaire national de l'UMP. "Ce n’est pas le quinquennat qui a été mauvais, c’est la conjoncture économique mondiale", note-t-il. C’est pourquoi Nicolas Sarkozy joue son va-tout et devrait annoncer "des mesures fortes et structurelles".
La compétitivité contre la croissance
Sur le fond, justement, ce sera "compétitivité" contre "croissance". Nicolas Sarkozy veut prouver qu’il agit pour rendre à la France son attractivité économique. Et l’UMP de renvoyer François Hollande à l’attente d’une croissance "illusoire", dont il espère des "taux irréalistes". "L’autre piste hallucinante d’économies qu’il propose est la croissance", raille un communiqué. Un autre estime que le programme du socialiste ne comporte "rien sur le coût et la flexibilité du travail, rien sur l’investissement, rien sur l’innovation".
Trois thèmes que Nicolas Sarkozy abordera dimanche. Concrètement, le président s’apprête à annoncer la mise en place de la TVA sociale, qu’il nommera probablement autrement, mais qui valide le principe d’un transfert du financement de la protection sociale des charges salariales vers la TVA, qui augmentera de 1,6 point. Une mesure impopulaire, que le chef de l'Etat va tenter de rendre indispensable. L’assouplissement d’un certain nombre d’aspects du droit du travail est également à l’étude.
Vendredi 27 janvier, sur Canal+, le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire résumait François Hollande selon la droite : "Un homme suffisant, qui est dans un aveuglement complet sur la situation de la France". En face, Nicolas Sarkozy se veut l’humble chef d’Etat, tenace, au service d’une "vision" du pays.
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