Migrants à Calais : quelles sont les nouvelles mesures annoncées par Bernard Cazeneuve ?
Le ministre de l'Intérieur a notamment annoncé la création de nouvelles places d'hébergements pour les femmes et les enfants et l'envoie de 460 gendarmes et CRS supplémentaires.
Face à l'urgence migratoire de Calais, le ministre de l'Intérieur a proposé mercredi 21 octobre une réponse en deux volets, destinée à "humaniser" l'accueil des migrants : la création de places d'hébergement supplémentaires pour les femmes et les enfants et un effort sécuritaire pour étanchéifier la frontière. Voici les principales mesures annoncées.
460 gendarmes et CRS en renfort
"Nous allons renforcer de façon importante la présence des forces de l'ordre à Calais", a déclaré le ministre, en présence de Natacha Bouchart, maire (Les Républicains) de Calais qui avait émis lundi l'idée de la présence de l'armée. "Aux 225 gendarmes et 440 CRS présents aujourd'hui, s'ajouteront 300 gendarmes et 160 CRS qui seront pleinement opérationnels dès demain", a assuré Bernard Cazeneuve. "C’est le seul moyen de gérer la situation", a-t-il répété, depuis la mairie de Calais, face à la presse.
"Au total, ce sont 1 125 fonctionnaires qui assureront au quotidien la sécurisation" et "lutteront contre l'intrusion et l'immigration irrégulière", a-t-il précisé. Ils seront mobilisés face à une situation particulièrement critique, puisque le nombre de migrants est passé, en trois semaines, de 3 500 à 6 000, selon la préfecture du Pas-de-Calais. Ils n'étaient que quelques centaines début 2014. Le ministre a ajouté que "1 500 migrants de Calais ont été renvoyés sur les 9 premiers mois de 2015, alors qu’ils n’avaient été que 1 784 sur toute l’année 2014".
Des hébergements pour les femmes et les enfants
Sur le plan humanitaire, les capacités d'hébergement pour les publics vulnérables, femmes et enfants, vont être portées à 400, a indiqué le ministre, qui a répété qu'"aucune femme ni aucun enfant ne restera sans abri à Calais". Deux-cents places supplémentaires "sous tentes chauffées" seront en effet installées au centre Jules Ferry "dès dimanche", en attendant une construction "en dur". Une centaine de places sera en outre construite début novembre, a-t-il ajouté.
Jusqu'à présent, les pouvoirs publics parlaient d'un doublement de la capacité d'hébergement, actuellement d'une centaine de places.
Trois "centres de premier accueil" vont ouvrir en France
Par ailleurs, trois "centres de premier accueil" vont ouvrir lundi en France, à destination des migrants ne souhaitant pas demander l'asile, qu'ils soient déjà installés ou en train d'arriver. Aucune précision n'a été donnée sur la capacité d'hébergement de ces centres, ni sur leur localisation, annoncée lundi. D'autres centres devraient suivre après les trois premiers.
"Aujourd'hui le ministre a manifestement pris la mesure de la situation d'urgence", a réagi Jean-François Corty, directeur des opérations France de Médecins du monde, à l'issue de la réunion avec le ministre. Le responsable a dit notamment "attendre beaucoup" des centres de premier accueil disséminés en France. Interrogé par Le Monde, Christian Salomé, responsable de l’Auberge des migrants, se demande s'il est "bien judicieux de tenter d’envoyer à l’autre bout de la France, fût-ce pour qu’ils s’y reposent, des gens qui sont à 30 kilomètres de leur destination, puisqu’ils veulent passer en Grande-Bretagne".
L'idée est de donner un cadre aux migrants pour réfléchir à la suite de leur parcours dans de bonnes conditions. Pour dégonfler le campement, les candidats à l'asile seront également orientés vers des centres d'accueil de demandeurs d'asile ou Cada, pour lesquels 2 000 places vont être réservées dans toute la France d'ici la fin de l'année.
Des maraudes pour favoriser les demandes d'asile
Des maraudes seront organisées sur le campement, associant forces de l'ordre et représentants de l'Ofii (Office français d'immigration et d'intégration) pour inciter les migrants à s'engager dans une procédure d'asile. A Calais, 490 personnes ont demandé l'asile en septembre selon le ministère, avec un raccourcissement spectaculaire des délais : 16,5 jours, contre 64 jours au début de l'année.
Thierry Kuhn, président d'Emmaüs France, qui avait rompu le dialogue avec le gouvernement le 13 octobre, est sceptique sur les mesures sanitaires annoncées : "Bernard Cazeneuve reprend les mêmes recettes, on ne va pas résoudre la problématique de Calais comme ça, par le seul volet humanitaire", a-t-il dit à l'AFP. "Les migrants veulent aller en Angleterre, il faut demander à la Grande-Bretagne de revenir à la table des négociations, dénoncer les accords du Touquet et ouvrir la frontière".
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