"C'est la troisième fois, ça commence à bien faire !" : dans le Pas-de-Calais, la colère d'une entreprise inondée face à la perte de son matériel

Dans le Pas-de-Calais, la décrue de la rivière Aa est lente, malgré les 30 pompes en action pour renvoyer l'eau dans la mer. Outre les maisons, des locaux ont aussi été inondés plusieurs fois en quelques semaines, ce qui provoque la colère d'un entrepreneur.
Article rédigé par Alain Gastal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Photo aérienne de la ville d'Arques, dans le Pas de Calais, inondée par la crue de la rivière Aa, le 4 janvier 2024. (DENIS CHARLET / AFP)

Benoît Denquin avait repris l'entreprise familiale de machines agricoles à Bourthes il y a tout juste un an, rue de l'Aa, au bord de la rivière qui n'avait jamais débordé comme ça. En novembre et décembre, il a déjà subi deux crues, perdu une bonne partie de son matériel et dû fermer le magasin pendant deux mois.

Et c'est juste au moment où il s'apprêtait à redémarrer que la troisième crue est arrivée : il a donc fallu tout reprendre à zéro. "Hier, on a nettoyé les sols, enlevé la boue. Aujourd'hui, on nettoie les produits mis à la vente, détaille Benoît Denquin. C'est la troisième fois, ça commence à bien faire ! Vous voyez, l'eau est encore là, même ce matin. Ça remonte, on ne sait pas ce que ça va donner."

"C'est un jeu sans fin, c'est énervant. Tout ce qui est poste à souder, compresseur, nettoyeur haute pression, mais aussi perceuse-visseuse, tout ça c'est foutu ! On n'a plus rien. J'avais recommandé au fur et à mesure, et ça a repris l'eau."

Benoît Denquin, chef d'entreprise

à franceinfo

Dans tout le Pas-de-Calais, la décrue se poursuit et la vigilance rouge a été levée dans le département. Trente pompes à eau essayent de renvoyer l'eau dans la mer, mais les sols sont toujours gorgés d'eau et les rues inondées. Benoît Denquin se sent découragé : "La dernière fois, on a réussi à monter un peu de matériel au grenier, mais on ne peut pas tout enlever ! Il y a des machines à pneus, tout ça c'est énorme, donc on ne peut pas se permettre de les déplacer. De toute façon, ça va tellement vite, on ne peut rien y faire. C'est un ras-le-bol général : à peine fini, on recommence !"

"On ne peut pas savoir si on ne va pas recommencer"

Les seize salariés, au chômage technique depuis la première crue, devaient reprendre le travail, mais ils ont été prolongés. Plusieurs d'entre eux, comme Alexandre, sont quand même venus pour nettoyer à coup de papier de verre ou de ponçeuse, et trier ce qui peut être conservé de ce qui doit être jeté. "Les locaux étaient propres, le matériel commençait à arriver, on allait reprendre notre activité normalement", explique-t-il sans cacher sa déception. "Au lieu de ça, on recommence à nettoyer, on commence à voir tous les dégâts : les pièces qu'il faut nettoyer pour savoir si on peut les garder ou si on doit les déclarer."

"Les inondations du 6 novembre, tout le monde nous disait : c'est spectaculaire, c'est arrivé il y a cent ans, on ne reverra pas ça avant cent ans !"

Alexandre, employé de la SAS Denquin

à franceinfo

"On ne peut pas savoir si on ne va pas recommencer dans quinze jours ou dans deux mois. Personne ne peut nous le confirmer, ce serait un mensonge !", affirme-t-il. Et si la décrue se confirme, l'eau continue de menacer : pour accéder aux locaux de l'entreprise, il faut encore affronter une route partiellement inondée.

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