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Hubert Germain, "c'est une vie de courage, de don de soi, celle d'un Français libre", souligne un historien

Dominique Lormier, historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, salue sur franceinfo le courage du dernier compagnon de la Libération, mort à 101 ans mardi 12 octobre.

Article rédigé par franceinfo
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Hubert Germain en septembre 2020 pendant une cérémonie aux Invalides, à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"L'audace et le courage priment toujours", déclare mardi 12 octobre sur franceinfo l'historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, Dominique Lormier. Alors que le dernier compagnon de la Libération Hubert Germain est mort à 101 ans, il estime qu'il faut désormais continuer à "se rappeler pourquoi nous sommes redevenus libres en 1945 et qu'il ne faut jamais baisser la tête même dans les pires moments de l'Histoire".

franceinfo : Comment pourrait-on qualifier la vie d'Hubert Germain ?

Dominique Lormier : C'est une vie de courage, de don de soi, de dévouement, de patriote. C'est celle d'un Français libre qui a rejoint le général de Gaulle dès juin 1940 et qui a ensuite combattu au sein de la première brigade française libre du général Koenig. Il a participé à la bataille de Bir-Hakeim où, à un contre dix, les Français ont tenu tête aux troupes de Rommel, permettant aux Britanniques de se rétablir à El-Alamein. Il a intégré ensuite la 1re DFL et fait le parcours tout à fait honorable et magnifique qui a été celui de cette unité durant la campagne de France puis la campagne d'Allemagne.

Ils étaient seulement 1 038 compagnons de la Libération. Il en fallait du courage pour rejoindre le général de Gaulle en juin 1940 ?

D'autant plus que la France était vaincue ! Tout le monde était persuadé que la guerre était terminée et que l'Angleterre allait capituler. Il fallait faire preuve d'audace et d'intelligence pour rejoindre le général de Gaulle, avoir une vision panoramique du conflit et se rendre compte que c'était en vérité une guerre mondiale et non pas une guerre simplement limitée au territoire national. C'était vraiment une expédition à haut risque parce qu'il fallait rejoindre l'Angleterre en bateau. Il est parti de Saint-Jean-de-Luz fin juin 1940 pour rejoindre Liverpool. L'Allemagne avait la maîtrise du ciel dans le secteur, ils auraient pu être attaqués par l'aviation allemande, et la Kriegsmarine, la marine de guerre allemande, qui était très active.

Comment faire perdurer cette mémoire désormais ?

Cela se fait au travers du travail effectué par l'Éducation nationale, les professeurs d'Histoire, mais également vous les médias, les documentalistes, les historiens, les écrivains comme moi et les documentaires historiques qui passent régulièrement à la télévision, ou encore les instituts, comme l'institut Jean Moulin à Paris, qui continuent à porter la flamme du courage français. Il faut se rappeler pourquoi nous sommes redevenus libres en 1945 et qu'il ne faut jamais baisser la tête même dans les pires moments de l'Histoire. L'audace et le courage priment toujours. Il est toujours important de défendre les valeurs de liberté qui ont été celles des Français libres qui ont lutté contre l'Allemagne hitlérienne.

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