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Enquête France 2 Ces faux médecins qui refont les lèvres ou les seins dans leur appartement

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Oeil du 20H
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions

La bouche pulpeuse des mannequins du moment en fait rêver beaucoup. Mais la médecine esthétique, c’est cher. Alors un marché parallèle à prix cassés a vu le jour. "L'Œil du 20 heures" vous emmène chez ces femmes qui s'improvisent médecins dans leur appartement.

Des transformations esthétiques à peu de frais ? C'est possible en passant par des circuits parallèles à prix cassés, démontre une enquête de "L'Œil du 20 heures". Pour 350 euros, des jeunes femmes proposent via les réseaux sociaux des injections pour augmenter le volume des lèvres, des seins ou des fesses. 

On l'appellera Sarah. Elle est suivie par plus de 3 300 personnes sur Instagram. Cette jeune femme propose ce genre de prestations. Et même des rhinoplasties, pour corriger la forme du nez. Mais elle n'est pas médecin. Sur son compte, elle présente son activité avec les mots-clés suivants : "esthétique", "coiffure", et "top qualité".

"Les lèvres c'est 250 euros, le nez c'est 250 euros"

Le contact est pris avec elle par message. Nous recevons très vite ses consignes : "merci de venir le visage propre et démaquillé". Sarah nous donne rendez-vous dans un quartier populaire en Seine-et-Marne. Et là, surprise : elle nous reçoit dans son appartement. C'est chez elle qu'elle effectue les injections d'acide hyaluronique, un produit médical qui permet de combler les rides et faire gonfler les muqueuses pour quelques mois. Dans sa salle à manger, elle peut tout vous refaire, "les lèvres, les joues, les sourcils, la mâchoire, le menton, le nez. C'est de l'acide hyaluronique, les lèvres, c'est 2 ml pour 250 euros, le nez, c'est 2 ml pour 250 euros."  

Ces injections d'acide hyaluronique, elle les fait payer deux fois moins cher que chez un médecin. La règlementation est pourtant formelle : seul le corps médical a le droit de les effectuer. Elle avoue qu'elle n'est pas médecin, elle est esthéticienne. Pour exercice illégal de la médecine, elle risque jusqu'à deux ans de prison et 30 000 euros d'amende.

Comment se procure-t-elle ce produit médical ? Sarah se vante sur son compte Instagram d'utiliser cette marque d'acide hyaluronique. On le trouve effectivement sur Internet. Sans prescription, nous passons commande et recevons un kit d'injections trois jours plus tard. A l'intérieur, deux seringues du fameux acide. Sur leur emballage, il est clairement indiqué qu'elles ne doivent être utilisées que par du "personnel médical habilité", comme des dermatologues, ou des chirurgiens esthétiques.

Le risque ? "De graves nécroses et de graves complications cérébrales"

Adel Louafi, chirurgien esthétique à Paris injecte quotidiennement de l'acide hyaluronique dans les lèvres ou le nez de ses patientes. Un acte médical qui exige une parfaite connaissance du corps humain. "Le problème c'est que quand c'est injecté par des personnes qui ne connaissent pas l'anatomie et qui n'ont jamais eu de formation médicale, elles peuvent injecter dans des vaisseaux, et entraîner des graves nécroses et de graves complications cérébrales", s'inquiète le chirurgien. 

Combien sont-elles à pratiquer des injections en toute illégalité ? Sur Instagram, nous en avons repéré une dizaine à travers la France : à Paris, Mulhouse, Marseille, Bastia. Elles ont toutes un point commun avec Sarah, elles ne sont pas médecins.

Elles sont coiffeuses, manucures, standardistes. Et malgré les peines encourues, certaines diffusent leurs interventions sur Instagram. Nous avons contacté de nombreuses clientes qui ont eu recours aux services de ces faux médecins esthétiques. Une seule a accepté de nous répondre. Son injection s'est mal passée : "Elle a commencé à m'injecter trois coups au niveau du haut. J'ai eu une réaction sur ma lèvre tout de suite en fait. J'ai hyper mal. J'ai un bleu énorme."

Contacté, le ministère de la santé a semblé découvrir le phénomène et assure préparer un encadrement de ces activités. En attendant, les faux médecins continuent leur publicité sur Internet.

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