Arrivée de l'Église de scientologie en Seine-Saint-Denis : "Ils profitent de l'événement des Jeux olympiques qui va leur donner une visibilité", déplore une association

L'organisation inaugure samedi son nouveau centre de formation à Saint-Denis, près du Stade de France. Marie Drilhon, vice-présidente de l'UNADFI, appelle à la vigilance, à "ne pas s'arrêter à la vitrine".
Article rédigé par franceinfo
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Le nouveau centre de formation de l'Église de scientologie à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près de Paris, le 6 avril 2024. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

L'Église de scientologie veut profiter "de l'événement des Jeux olympiques qui va leur donner une visibilité pendant toute cette période", estime sur France Culture Marie Drilhon, vice-présidente de l'UNADFI, Union nationale des associations de défense des familles et personnes victimes de dérives sectaires, alors qu'est inauguré, samedi 6 avril, le nouveau centre de formation de l'Église de scientologie à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près de Paris.

Malgré l'opposition de la mairie pendant des années, l'organisation ouvre en France son cinquième centre. Le lieu et le moment n'ont pas été laissés au hasard pour Marie Drilhon : "Pour le mouvement, c'est une opération commerciale d'envergure [qui] va lui donner une visibilité pendant un temps. C'est à l'image des inaugurations d'autres centres : à Bruxelles, c'est rue de la Loi, à côté des institutions européennes. Pour eux, la vitrine est importante. Et là, ils profitent de l'événement des Jeux olympiques qui va donner une visibilité pendant toute cette période, étant donné la proximité du Stade de France." Un constat également partagé dès 2021 par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Une secte selon la Miviludes

Si la scientologie est reconnue aux États-Unis comme une religion depuis 1993, elle est organisée en France comme une association à but non lucratif, malgré la surveillance de la Miviludes qui qualifie le mouvement comme une secte. L'organisation diffuse les principes inventés par L. Ron Hubbard, un auteur américain de science-fiction, notamment ce qu'il appelle la dianétique, programme qui repose sur un test de personnalité non-scientifique déterminant un niveau d'état de bonheur des adeptes. 

"C'est un genre de méthode de développement personnel, mais dont le but est de vous faire devenir scientologue et non de vous faire gagner votre autonomie."

Marie Drilhon, vice-présidente de l'UNADFI

sur France Culture

"Les moyens pour faire de nouveaux adeptes sont très variés", explique Marie Drilhon, comme la "distribution de livrets Le chemin du bonheur", ou encore par leur "présence sur certaines manifestations sportives" et "sur les lieux de catastrophes en proposant leurs techniques". Leur prosélytisme "assez intense" avec "test de personnalité", "cours de dessin, cours de musique, cours de théâtre (...) s'appuie sur la méthode dianétique inventée par Hubbard"

"Ne pas s'arrêter à la vitrine"

Marie Drilhon appelle à la vigilance, à "ne pas s'arrêter à la vitrine" et "se renseigner sur la scientologie" : "Il y a énormément de choses qu'on peut trouver sur Internet, des anciens adeptes qui quand ils ont pu - parce que la scientologie n'aime pas les critiques et cherche à les faire taire - ont écrit. On peut très bien savoir ce qu'il y a derrière". En France, plusieurs structures et dirigeants de la scientologie ont été condamnés par la justice, notamment en 2013 pour "escroquerie en bande organisée" au détriment d'anciens adeptes. Toutefois, la scientologie est libre aujourd'hui de s'installer sur le territoire, et sans interdiction de ses activités en France, "c'est à nous citoyens de savoir que la liberté permet aussi à des personnes qui n'ont pas forcément de bonnes intentions de se présenter", regrette Marie Drilhon.

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