Collégienne morte noyée à Argenteuil : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du procureur de Pontoise
Le couple d'adolescents de 15 ans, qui faisait l'objet d'une procédure disciplinaire pour harcèlement de la victime, a été mis en examen pour "assassinat".
Deux collégiens du Val-d'Oise ont été mis en examen pour "assassinat", mercredi 10 mars, deux jours après la mort d'une camarade de classe retrouvée noyée dans la Seine à Argenteuil, a annoncé le parquet de Pontoise. Âgés de 15 ans, ils encourent au maximum 20 ans de prison. Voici ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d'Eric Corbaux.
La victime a été attirée dans un guet-apens
Lundi après-midi, comme convenu au cours du week-end, la victime, Alisha, 14 ans, a retrouvé sa camarade de classe sur le quai Saint-Denis, à l'ombre du viaduc de l'autoroute A15, sur un chemin de terre à l'écart des habitations. Après quelques minutes, le suspect, "dissimulé derrière un pilier", se serait approché et aurait asséné plusieurs coups de pied et de poing à Alisha. Cette dernière, tombée au sol dès le début sous l'effet d'une "balayette", a été frappée "au dos et à la tête", selon le magistrat. "Consciente", elle "gémissait, les yeux ouverts".
La suspecte n'aurait pas pris part aux coups, mais elle aurait aidé son petit ami à attraper la victime "pour la jeter dans la Seine en contrebas du quai (...) en béton, qui descend droit dans l'eau". Alisha a fait une chute "de 4 ou 5 mètres" dans la Seine, qui avait une hauteur d'eau d'un mètre à cet endroit, a précisé le procureur.
L'autopsie suggère une mort par noyade
Livrant les premiers éléments de l'autopsie réalisée mercredi matin, le procureur a évoqué "une mort asphyxique pouvant s'accorder avec une mort par noyade". L'examen n'a révélé ni fracture du crâne ni "d'autre cause qui pourrait expliquer le décès". "Des hématomes importants sur le crâne, une contusion à l'œil et des ecchymoses au dos" ont été relevés sur le corps de la victime.
Les suspects risquent 20 ans de prison
Le procureur a évoqué des échanges de SMS entre les deux suspects "où ils évoquaient quelque chose à faire avec la jeune fille" avant la proposition de rencontre adressée le 6 mars. "Au vu des SMS, du rendez-vous fixé, de la dissimulation", la piste d'un homicide volontaire avec préméditation est privilégiée. Une mise en examen pour "assassinat" a donc été requise, faisant encourir aux deux suspects une peine de 20 ans de réclusion criminelle (et non la perpétuité, du fait de l'excuse de minorité).
Selon le magistrat, "des vêtements et des mouchoirs ensanglantés" ont été découverts lors d'une perquisition menée par les enquêteurs. Après l'agression, les deux suspects ont avoué les faits auprès de la mère du jeune homme, avant de se rendre à Paris pour y acheter un dîner et de se réfugier chez un ami, où ils ont été interpellés dans la nuit. Lors de leur interrogatoire par les enquêteurs, "ils n'ont pas fait part non plus d'un remords immédiat".
Les trois adolescents se connaissaient bien
Originaires de différents établissements, les trois collégiens ont fait connaissance en septembre dernier, lors de la rentrée scolaire, en se retrouvant dans la même classe de troisième "prépa-métiers" au lycée professionnel privé Cognacq-Jay. Très vite, l'adolescent a eu "une brève relation amoureuse d'une semaine" avec Alisha, avant d'entamer une relation avec l'autre jeune fille. Dès lors, les deux adolescentes ont "gardé une relation amicale, ce que le jeune homme a eu du mal à accepter", selon le magistrat.
La situation s'est dégradée cet hiver, quand le collégien a "piraté" le compte Snapchat de la victime, "qu'elle avait laissé ouvert", et diffusé une photo d'elle en sous-vêtements. L'adolescent a été exclu provisoirement du lycée pour ces faits. Début mars, une bagarre a opposé les deux filles, ce qui a donné lieu à l'"expulsion" de la petite amie de l'adolescent. Le couple devait passer en conseil de discipline le 2 mars, rendez-vous qui avait été reporté au 9 mars, soit le lendemain de la mort d'Alisha. Aucune plainte n'avait été enregistrée en lien avec ces faits.
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