Bientôt un écopont dans les Ardennes pour préserver la biodiversité ?
Le difficile brassage des populations
Ils sont nombreux à vivre entre le canal des Ardennes et l’autoroute A34. Des centaines d’espèces partagent cette forêt. Un petit paradis qui est aussi une prison. Les deux infrastructures limitent les déplacements des animaux sauvages, ce qui a des conséquences sur les accouplements et la génétique. "Si les déplacements sont restreints sur le territoire, les populations vont être isolées. Les individus vont se reproduire entre eux. C’est ce qu’on appelle le processus de consanguinité. L’animal aura les mêmes gênes et ne pourra pas s’adapter à son environnement" explique Lucie Dispan de Floran, doctorante au Centre de recherche et de formation en éco-éthologie à l'URCA (Université de Reims Champagne-Ardennes).
Pour étudier le comportement des mammifères, les scientifiques qui participent à cette étude ont installé des cages près de l’autoroute. Les animaux capturés sont équipés de GPS. Ce dispositif a notamment permis d’établir une cartographie des déplacements des cerfs. Ils arrivent à franchir le canal mais pas l’autoroute, dont l’accès est d’ailleurs grillagé pour éviter des collisions entre automobilistes et animaux. Une étude similaire est en cours pour les sangliers.
Le programme EFACILT
Ces chercheurs participent au programme EFACILT qui étudie, depuis 2020, les impacts des infrastructures linéaires de transport (ILT) sur les déplacements des mammifères terrestres et sur la génétique des populations. L’objectif de cette étude, menée à l’université de Reims par le Centre de recherche et de formation en éco-éthologie (CERFE), est d’identifier les zones qui posent des problèmes. Sur place, les scientifiques repèrent les moyens utilisés par les animaux pour franchir ces infrastructures. Près de l’ A34, par exemple, les animaux empruntent partiellement des ponts-cadres imaginés pour l’homme. "En fait, on a construit des autoroutes avec des passages pour drainer l’eau, avec des chemins agricoles, sans créer d’ouvrages dédiés à la faune sauvage" déplore Lucie Dispan de Floran. Alors trouver des solutions au brassage des populations, c’est bien sûr la finalité de cette étude. Il existe plusieurs alternatives comme, par exemple, la construction d’un écopont, un passage qui permettrait à la faune de se déplacer, en toute sécurité, au-dessus de l’autoroute. Un ouvrage qui a un coût. Reste à convaincre le groupe VINCI autoroutes de le financer.
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