Jean Sarkozy contre Patrick Devedjian : guerre ouverte dans les Hauts-de-Seine
Le fils aîné de Nicolas Sarkozy et le président du Conseil général échangent attaque sur attaque par voie de presse depuis la parution d'un livre sulfureux sur la vie politique du département.
Entre le fils aîné de Nicolas Sarkozy, bien installé dans les Hauts-de-Seine, et Patrick Devedjian, le patron du département, la tension est désormais si forte qu'elle s'étale en une des journaux à coups de citations assassines. La dernière en date est signée Jean Sarkozy : mardi 26 juin, il accuse dans Le Monde Patrick Devedjian d'un "coup de poignard".
A l'origine du conflit : la publication d'un livre assassin de la main de la directrice de cabinet de Patrick Devedjian sur l'implantation des Sarkozy père et fils dans les Hauts-de-Seine. FTVi revient sur cette querelle aux allures de Dallas francilien.
• Acte I : publication du livre "Le Monarque, son fils, son fief"
La rivalité entre Patrick Devedjian, ambitieux président du conseil général des Hauts-de-Seine, et Jean Sarkozy, qui suit les traces de son père dans le même département, n'est pas nouvelle, mais un ouvrage a récemment mis le feu aux poudres.
Sous des apparences de fable politique, Le Monarque, son fils, son fief (Editions du Moment) décrit les relations très tendues entre "l'Arménien" (comprendre Patrick Devedjian) et le "Monarque" (comprendre Nicolas Sarkozy), et les pressions exercées par les fidèles de ce dernier, au nombre desquels le "Dauphin"... Y figurent de nombreuses anecdotes, certaines édifiantes, d'autres croustillantes, racontées en ayant recours à ces pseudonymes facilement identifiables.
Or son auteur n'est autre que Marie-Célie Guillaume... directrice de cabinet de Patrick Devedjian.
• Acte II : les élus UMP s'indignent
Lors de sa parution le 14 juin, le livre déclenche un tollé. "Ce livre est un torchon qui nous salit, nous et nos amis nationaux", s'indigne Yves Menel, vice-président du conseil général. "C'est le révélateur d'un problème pathologique chez Devedjian, qui s'est toujours considéré comme l'éternelle victime", fulmine Jean-Jacques Guillet, président de la fédération UMP des Hauts-de-Seine.
Dans Le Monde, Isabelle Balkany, première adjointe (UMP) à Levallois, juge "hallucinatoire qu'un directeur de cabinet se permette un bouquin pseudo-satirique et limite diffamatoire sur des élus d'une collectivité qui l'emploie".
• Acte III : Devedjian promet de limoger l'auteure
Dans un premier temps, Patrick Devedjian, tout en n'approuvant pas officiellement la parution du livre, évoque la "liberté" de sa collaboratrice et reste impassible. Mais la pression s'accentue : mardi 19 juin, le bureau politique de l'UMP des Hauts-de-Seine, furieux, réclame des sanctions contre l'auteure.
Patrick Devedjian se résout à la licencier. "Il sera mis fin aux fonctions" de Marie-Célie Guillaume, "suspendue sans traitement depuis le 14 juin", affirme-t-il alors. Mais il tarde à passer à l'acte. Lundi 25 juin, les élus UMP, impatients, le convoquent pour explication. L'intéressé boude la réunion : une motion de défiance est adoptée contre lui.
• Acte IV : Jean Sarkozy accuse
Guère intimidé, Patrick Devedjian réplique dans les colonnes du Figaro. Il dénonce "une manœuvre montée de bout en bout par Jean Sarkozy et trois autres conseillers généraux". Et d'ajouter : "Je rappelle que cet élu a déjà semé la pagaille à Neuilly, à l'Epad, au conseil général et cela continue. Je lui dis qu'il aurait tort de me prendre pour David Martinon [sorti penaud des municipales de 2008 à Neuilly après avoir été lâché par Jean Sarkozy]. Ses pressions ne me conduiront pas à la démission."
L'ancien ministre de la Relance voit aussi derrière la "manœuvre" l'influence de Nicolas Sarkozy, dont l'ombre plane toujours sur le département.
C'est peu de dire que Jean Sarkozy n'apprécie guère. Le livre était "une commande de M. Devedjian", explique-t-il au Monde. "C'est une attaque par derrière d'une hypocrisie totale. Quand j'ai appelé Devedjian avant sa parution (le 14 juin), il m'a dit qu'il ne licencierait pas son auteure car il défendait la liberté d'expression. Depuis sa parution, il n'a pas eu un mot à l'égard des élus, ciblés dans l'ouvrage avec une violence rare. C'est la preuve qu'il juge que ce livre sert ses intérêts." On attend la prochaine réplique de Patrick Devedjian.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.