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Pas-de-Calais : la mère d'une Française détenue en Syrie entame une grève de la faim pour demander le rapatriement de sa fille

Après des mois sans réponse du gouvernement, Pascale Descamps a cessé de s'alimenter lundi, pour alerter sur la situation de sa fille, partie en Syrie en 2015.

Article rédigé par Marianne Chenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Pascale Descamps devant des photos de sa fille et de ses petits-enfants, dont elle demande le rapatriement, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), le 25 novembre 2020. (DENIS CHARLET / AFP)

Pascale Descamps a démarré, lundi 1er février, une grève de la faim, lassée de l'absence de réponse des autorités françaises à ses multiples sollicitations. Cette femme de 55 ans, qui vit à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), demande depuis plusieurs mois le rapatriement de sa fille et de ses quatre petits-enfants, détenus dans des camps en Syrie. 

Partie en 2015 avec son époux et leurs enfants, la fille de Pascale Descamps, âgée de 32 ans, souffre aujourd'hui d'un cancer du côlon. Depuis deux ans, elle est emprisonnée dans un camp en Syrie, avec ses quatre enfants, âgés de 2 à 11 ans. Son mari, combattant dans les rangs de l'Etat islamique, a été tué, quelques mois après leur arrivée sur place.

Aucune réponse des autorités françaises

Face à la récente aggravation de l'état de santé de sa fille, Pascale Descamps avait demandé en novembre dernier son rapatriement sanitaire ainsi que celui de ses petits-enfants. Une demande à laquelle aucune autorité n'a daigné répondre : "Ni le ministère des Affaires étrangères, ni le gouvernement, ni l'Elysée n'ont répondu à nos demandes. Les courriers de notre cliente sont également restés sans réponse", souligne Emmanuel Daoud, l'un des avocats de Pascale Descamps, joint par franceinfo. Ces démarches infructueuses ont conduit la quinquagénaire à recourir à une grève de la faim pour enfin se faire entendre.

Invitée de franceinfo jeudi 21 janvier, Pascale Descamps a insisté sur l'état de santé de sa fille, qui se dégrade de jour en jour : "Je leur demande, parce que là, sincèrement, c'est de la maltraitance. Elle est épuisée, elle n'a plus de forces. Elle n'a aucun traitement, aucun médicament, aucune prise en charge." Sur place, les seuls soins qui lui sont proposés sont des comprimés de Doliprane qu'elle doit acheter. Aucune opération n'est possible sur le sol syrien.

"C'est la petite-fille de ma cliente, âgée de 11 ans, qui doit s'occuper de ses frères, en raison de la maladie de sa mère", complète Emmanuel Daoud. "L'un de mes petits-fils est malade depuis deux mois. C'est de la non-assistance à personne en danger", dénonce Pascale Descamps. 

Un mandat d'arrêt international non exécuté

Pour l'avocat, ce silence de l'Etat est incompréhensible et se heurte à une incohérence juridique. "Ce qu'il y a d'invraisemblable, c'est que cette femme fait l'objet d'un mandat d'arrêt international, émis par deux juges d'instruction Cela permet d'interpeller une personne qui est recherchée et que l'on ne peut pas localiser. Or, la fille de ma cliente est dans un camp, une prison, à laquelle les autorités françaises ont accès. Et ce mandat d’arrêt n'est pas exécuté. Pourquoi ne le fait-on pas ? Pourquoi ne va-t-on pas chercher cette femme dans ce camp ?"

Pascale Descamps demande, par sa grève de la faim, le retour de sa fille ainsi que de ses petits-enfants en France, dans le respect des procédures judiciaires en cours, comme le précise son avocat : "S'il y a un rapatriement, la fille de Mme Descamps sera soignée et placée en détention. Cela prendra un peu de temps, mais ma cliente pourra reprendre contact avec elle, ainsi que ses petits-enfants", qu'elle n'a plus vus depuis 2015. "Ma fille n'a pas le temps d'attendre", conclut Pascale Descamps. 

Contactés, le ministère de la Justice et le ministère des Affaires étrangères n'ont pas répondu à nos demandes. 

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