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L'entretien a eu lieu mardi après-midi, en pleine polémique entre l'église et le gouvernement sur les expulsions de Roms

"Le dialogue entre nous est constant et régulier", a dit le ministre à l'issue de cette réunion de 45 minutes, au cours de laquelle chacun a rappelé son rôle et ses principes.L'entretien s'est déroulé alors qu'Eric Besson a annoncé lundi de visant les Roms.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Brice Hortefeux (AFP - Georges Gobet)

"Le dialogue entre nous est constant et régulier", a dit le ministre à l'issue de cette réunion de 45 minutes, au cours de laquelle chacun a rappelé son rôle et ses principes.

L'entretien s'est déroulé alors qu'Eric Besson a annoncé lundi de visant les Roms.

Le ministre de l'Immigration Eric Besson a en effet prévu de défendre un projet d'amendement à la loi - immédiatement dénoncé par SOS Racisme - permettant de reconduire aux frontières des étrangers en cas de "menace à l'ordre public à l'occasion d'actes répétés de vols ou de mendicité agressive".

Il souhaite aussi déposer deux amendements au projet de loi sur l'immigration, concernant notamment l'immigration clandestin. Ces mesures s'ajoutent à son souhait de pouvoir déchoir de leur nationalité des Français naturalisés condamnés ou pratiquant la polygamie, qui ne font pas l'unanimité au sein même du gouvernement.

Les vertus du dialogue
Brice Hortefeux avait invité le cardinal André Vingt-Trois après les déclarations du pape qui avait appelé - en français - "à savoir accueillir les légitimes diversités humaines", et celles d'évêques demandant, sur les expulsions de Roms, "le respect des personnes et de leur dignité".

"Il n'est pas question stigmatiser une communauté quelle qu'elle soit", a lancé Brice Hortefeux, avant de "préciser que ce qui est fait en matière d'évacuation des campements se fait conformément à la loi et conformément aux réglementations européennes". Il s'agit de faire respecter le droit constitutionnel et le droit de propriété en empêchant les gens de s'installer n'importe où, a-t-il dit.

"Nos interventions ne se situent pas dans le champ politique, nous n'avons pas l'intention d'attaquer le président de la république, ni le ministre de l'Intérieur, ni n'importe quel ministre", a déclaré de son côté André Vingt-Trois. "Nos préoccupations viennent d'un certain nombre de cas dans plusieurs régions de France où des Roms vivent dans des situations de misère et de déchéance grave" pour lesquels des chrétiens nous ont exprimé leur "émotion", a-t-il ajouté. "Nous veillons à ne pas organiser de match politique mais à trouver des solutions justes pour les personnes concernées (...) il faut aider ces personnes à sortir de leur situation", a-t-il insisté.

Interrogé à l'issue de sa brève déclaration sur un éventuel "tournant" dans l'attitude de l'Eglise qui interviendrait davantage dans le champ public et politique, le cardinal a déclaré qu'il évoquait régulièrement des sujets de société. "Il arrive que l'action politique touche à des domaines importants pour la vie humaine et alors nous donnons notre position", a-t-il ajouté.

L'Eglise mobilisée
Mardi matin, dans Le Parisien/Aujourd'hui, l'évêque de Belfort-Montbéliard, Mgr Claude Schockert, a annoncé que l'Eglise allait "s'opposer au cours des prochaines semaines aux décrets de la loi Besson" sur la déchéance de nationalité, jugés "trop durs". Sur la question des Roms, l'évêque a prévenu qu'"il y a des valeurs avec lesquelles l'Eglise ne transige pas".

Lundi, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux avait tenté de minimiser la confrontation entre le pouvoir politique et l'Eglise, estimant que la hiérarchie catholique parle "à juste titre de notre devoir d'accueil et du respect des autres".

De son côté, l'Eglise se défend d'intervenir dans la politique mais rappelle, comme l'a dit Mgr Stanislas Lalanne, évêque d'Avranches et Coutances, que "le travail de l'Eglise, c'est d'éveiller les consciences".

Rapprochement fait entre juifs et Roms: Mgr Le Gall s'explique
L'archevêque de Toulouse a souligné lundi que le sort des juifs lors de la Seconde Guerre mondiale et la politique menée à l'égard des Roms n'étaient "évidemment pas comparables". Il a précisé: "Contrairement aux propos véhiculés par certains médias et largement commentés par certains hommes politiques, je n'ai pas fait de parallèle entre LE SORT des juifs durant la guerre et celui des Roms aujourd'hui, sort qui bien évidemment n'est pas comparable."

Ce que Mgr Robert Le Gall a voulu faire, dans des propos tenus vendredi, c'était inviter "les chrétiens et les hommes de bonne volonté à avoir la même attitude d'accueil, de respect et de fraternité envers les Roms" que celle que son prédécesseur Jules-Géraud Saliège avait demandée aux catholiques envers les juifs dans une lettre de 1942 restée célèbre.

Devant des milliers de fidèles à Lourdes, vendredi, l'archevêque de Toulouse a lu la lettre du 13 août 1942 de son prédécesseur Jules-Géraud Saliège: "Les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes (...) Ils sont des frères comme tant d'autres. Un chrétien ne peut l'oublier", écrivait-il entre autres."Les Roms sont nos frères comme les autres", a encore dit Mgr Le Gall.

"Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d'une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle", disait ainsi l'archevêque durant la deuxième guerre mondiale.

"Dans notre diocèse, des scènes d'épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou...", continuait la lettre dont Jules-Géraud Saliège avait ordonné la lecture publique. Le Récébédou était un camp de détention, un mouroir, mais aussi le point de départ de convois vers les camps de la mort avant que son activité ne cesse en septembre 1942 suite à l'intervention de Mgr Saliège. Le camp hôpital de Noé accueillait des Républicains espagnols blessés ou infirmes ainsi que des juifs. Il a servi à la déportation vers les camps de concentration et d'extermination. Le Récébédou et Noé se trouvent en Haute-Garonne.

"En août 2010, en France, des campements de Roms sont démantelés et des expulsions soi-disant volontaires du territoire français sont largement médiatisées. Devant de tels agissements et les déclarations répétées de plusieurs membres du gouvernement, nous ne pouvons rester silencieux", a dit Mgr Le Gall selon un porte-parole.

L'archevêque de Toulouse, qui s'était rendu à Lourdes pour le pèlerinage diocésain, se dit "convaincu que le remède à la peur et à l'insécurité ne se trouve pas dans une surenchère sécuritaire mais passe par une action de longue haleine nourrie de respect et de connaissance réciproques".

Le parallèle dressé par l'archevêque de Toulouse a provoqué des réactions de désapprobation tant au gouvernement que dans la communauté juive.

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