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La milliardaire a assuré ne pas avoir subi de pression de la part de François-Marie Banier, suspecté d'abus de faiblesse

Elle s'exprimait à l'occasion d'un entretien réalisé dans sa résidence bretonne et diffusé vendredi dans le 20 heures de TF1. A la question "est-ce que vous avez senti de sa part à lui (François-Marie Banier) des pressions", Mme Bettencourt a répondu: "non, non".La justice soupçonne le photographe d'abus de faiblesse à l'égard de la milliardaire.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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François-Marie Banier Liliane Bettencourt (AFP - M. Medina/P. Kovarik)

Elle s'exprimait à l'occasion d'un entretien réalisé dans sa résidence bretonne et diffusé vendredi dans le 20 heures de TF1. A la question "est-ce que vous avez senti de sa part à lui (François-Marie Banier) des pressions", Mme Bettencourt a répondu: "non, non".

La justice soupçonne le photographe d'abus de faiblesse à l'égard de la milliardaire.

Liliane Bettencourt, 87 ans, s'est exprimée sur l'action de sa fille Françoise Bettencourt-Meyers, qui est à l'origine de la procédure engagée contre l'artiste-photographe, ami de la milliardaire, héritière et actionnaire principale de L'Oréal: "Je comprends très bien qu'une fille soit jalouse de sa mère. Moi aussi j'étais jalouse de mon père quand je voyais des femmes tourner autour."

Interrogée sur la polémique suscitée par la diffusion des enregistrements clandestins réalisés par son ancien maître d'hôtel, Mme Bettencourt a fait part de son impuissance, dans des propos parfois décousus. "Comment voulez-vous qu'on réagisse? On ne peut qu'accepter, on est en République. C'est établi, je ne vais pas faire la révolution, non?", s'est-elle demandée.

Révélées par Mediapart et Le Point, ces conversations ont mis au jour des opérations financières destinées à échapper au fisc, mais aussi des immixtions de l'Elysée dans la procédure judiciaire et des liens troubles entre la milliardaire et le ministre du Travail, Eric Woerth, et son épouse Florence.

Le procès Banier renvoyé
Le tribunal de Nanterre a annoncé jeudi le renvoi sine die du procès du photographe François-Marie Banier. La justice a estimé nécessaire un supplément d'enquête sur des enregistrements clandestins versés au dossier par la fille de la milliardaire. Mais le parquet de Nanterre a aussitôt fait appel de cette décision, ce qui bloque les nouvelles investigations.

Figure du Tout-Paris, François-Marie Banier est accusé par Françoise Bettencourt-Meyers d'avoir profité de la fragilité psychologique de sa mère, héritière de L'Oréal, dont il aurait reçu environ 1 milliard d'euros. Il encourt en théorie jusqu'à trois ans de prison, 375.000 euros d'amende.

Après quatre heures de délibéré, la 15e chambre du tribunal correctionnel, présidée par Isabelle Prévost-Desprez, a accédé à la demande de l'avocat de François-Marie Banier, Me Hervé Témime, qui voulait un renvoi. Mais le parquet a fait appel du renvoi, car "le tribunal n'indique pas dans son jugement le périmètre du supplément d'information" et car "une enquête est déjà en cours" à l'initiative du ministère public "sur l'origine des enregistrements". C'est la cour d'appel de Versailles qui tranchera à une date indéterminée.

Le tribunal n'a donné aucune nouvelle date d'audience
La présidente de la 15e chambre correctionnelle, Isabelle Prévost-Desprez, a "ordonné un supplément d'information" et s'est commise elle-même pour l'exécuter. C'est donc à cette magistrate indépendante qu'il reviendra de décortiquer les enregistrements pirates réalisés au domicile de Liliane Bettencourt par son majordome entre mai 2009 et mai 2010. Ces écoutes, révélées mi-juin par Mediapart et Le Point, mettent au jour la vulnérabilité de la milliardaire, au cours de conversations avec plusieurs de ses proches, au premier rang desquels son gestionnaire de fortune Patrice de Maistre.

Le parquet de Nanterre a déjà ouvert récemment une enquête préliminaire sur ces enregistrements. Mais jeudi, Isabelle Prévost-Desprez a rappelé que cette enquête, par sa nature même, ne serait "pas soumise au principe du contradictoire". En outre, a-t-elle pointé, le parquet pourra "choisir, en toute hypothèse, de ne pas verser ces pièces" au tribunal qui doit juger l'affaire Banier. En effet, il revient au parquet de décider de "l'opportunité des poursuites".

Le tribunal n'a donné aucune nouvelle date. Il fixera une nouvelle date de procès au moment où il estimera que son supplément d'information est terminé. Ces investigations sont bloquées par le décision du parquet qui fait appel du complément d'enquête demandé par Mme Isabelle Prévost-Desprez.

Un procès "nauséabond"
A l'ouverture des débats mardi matin, 29 juin, les conseils de François-Marie Banier et Liliane Bettencourt, Mes Hervé Témime et Georges Kiejman, ont dénoncé un procès "nauséabond" et réclamé le renvoi du dossier. Pour le parquet, il est effectivement préférable, avant tout procès, d'"attendre les résultats de l'enquête préliminaire que le procureur de la République est en train de diligenter sur ces enregistrements".

Pendant ce temps, François-Marie Banier, costume-cravate, souriait ostensiblement. Il a sorti un grand carton à dessin et s'est mis à croquer les avocats alors qu'ils plaidaient. "Ça m'est égal", pouvait-on lire au-dessus d'un dessin.

Avant la suspension, Marie-Christine Daubigney, substitut du procureur du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), a confirmé à l'audience du procès du photographe François-Marie Banier les révélations apparues dans un enregistrement clandestin de la milliardaire. "Cette affaire faisait partie des dossiers signalés, puisqu'elle concernait une personne de premier plan. Qu'est-ce qu'il y a de choquant que le procureur de Nanterre fasse part de son analyse juridique ?", a-t-elle dit. Les enregistrements montrent qu'un conseiller de l'Elysée, Patrick Ouart, connaissait à l'avance la décision du parquet de Nanterre de classer sans suite une plainte de la fille de Liliane Bettencourt visant les dons d'un milliard d'euros qu'elle a faits à François-Marie Banier.

Informé par le parquet général de Versailles, dont dépend hiérarchiquement celui de Nanterre, Patrick Ouart a communiqué en juillet 2009 cette information sur le futur classement du dossier à Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, donatrice de l'UMP. Le procureur de Nanterre Philippe Courroye n'a pas agi sur ordre de l'Elysée, a cependant dit son substitut.

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