Michel Polac était "surtout un libre-penseur"
Journaliste, écrivain et présentateur, il était l'une des figures de la libéralisation de la télévision. Le dessinateur Siné, un de ses amis proches, salute un homme libre et "touche-à-tout".
Le journaliste, écrivain et critique Michel Polac est mort mardi 7 août à l'âge de 82 ans, a annoncé sa famille à l'AFP.
Au cours d'une longue carrière, il a notamment créé "Le Masque et la Plume" en 1955 qu'il a animée sur France Inter jusqu'en 1970. Présentateur de plusieurs émissions littéraires à la télévision, il a également produit et réalisé des documentaires, notamment sur Céline. Auteur d'une quinzaine d'ouvrages et d'autant de films, il était l'une des figures de la libéralisation de la télévision, en créant et présentant notamment l'émission "Droit de réponse" à partir de 1981. Ce rendez-vous de débats est resté célebre pour son ton irrévérencieux et son ambiance tabagique et électrique. En voici quelques extraits.
Le dessinateur Siné a eu l'occasion de croiser sa route sur le plateau de l'émission "Droit de Réponse" dans les années 80, puis à Charlie Hebdo, où Polac a rédigé des chroniques littéraires à partir de 1997. Contacté par FTVi, il salue une personnalité atypique.
FTVi : Vous avez rejoint Michel Polac au début de "Droit de Réponse", et n'avez jamais décroché jusqu'à la fin de l'émission, en 1987.
Siné : Je l’aimais beaucoup, il était adorable, plein de qualités, et surtout avait une culture impressionnante. C’est un gars exceptionnel, qui a laissé "Droit de Réponse", l’une des plus belles émissions qui ait été. Je ne sais plus combien de temps ça a duré, mais on s’amusait comme des fous, et lui aussi avait l’air de s’amuser comme un enfant. On était mal payés. C’était la bonne époque où on payait peu les gens. Aujourd’hui (…) on atteint des niveaux… On perd un peu le but d’être des amuseurs. Nous, on l’aurait fait à l’œil.
Pourquoi a-t-il marqué l’audiovisuel français ?
Michel ne nous a jamais censurés. C’est étonnant. Il ne restait que trois secondes à l’écran, du coup, personne n'avait trop le temps de réagir. J’ai rarement vu un mec aussi libre, tout en étant au courant de l’actualité. Il adorait les haïkus, avait été en Inde, avait ce côté zen. Il était fasciné par cette façon de prendre les choses avec relativité.
Il n’a pas hésité à prendre position pour vous…
Je me souviens qu'il m’a défendu plusieurs fois. Quand j’ai quitté Charlie Hebdo en 2008, alors accusé d’antisémitisme. Et déjà en 1985, quand la Licra m’avait poursuivi pour la même raison. Il est tout de suite monté au créneau, choqué qu’on puisse m’accuser de la sorte. Il a toujours été à mes côtés, je le regrette d’autant plus. Je l’admirais. C’était un touche-à-tout qui a écrit des livres, fait quelques films et avait envie de tout faire. Et surtout, un libre-penseur.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.