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Le président de la République était lundi soir l'invité d'une émission spéciale sur France 2

Nicolas Sarkozy se savait attendu. Il n"aura pas déçu ceux qui dans son camp attendaient une prise de parole ferme pour clore le feuilleton politico économique du moment et tenter de reprendre la main.Mais il n"aura pas convaincu ceux qui exigeaient plus de transparence et d'impartialité, notamment dans l'affaire Woerth /Bettencourt.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
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Nicolas Sarkozy, en direct de l'Elysée, lundi 12 juillet 2010. (F2)

Nicolas Sarkozy se savait attendu. Il n"aura pas déçu ceux qui dans son camp attendaient une prise de parole ferme pour clore le feuilleton politico économique du moment et tenter de reprendre la main.

Mais il n"aura pas convaincu ceux qui exigeaient plus de transparence et d'impartialité, notamment dans l'affaire Woerth /Bettencourt.

S"appuyant comme prévu sur le rapport de l"Inspection Générale des Finances (IGF) qu"il a qualifié "d"extrêmement fouillé", Nicolas Sarkozy a réaffirmé son entier soutien à Eric Woerth considérant qu"il était "lavé de tout soupçon".

"Eric Woerth est un homme profondément honnête qui vient de subir la calomnie. Je n"ai aucune raison de m"en séparer ». C"est donc lui qui « défendra la réforme des retraites selon le calendrier prévu", a enchaîné le chef de l"Etat.

"Il faut que chacun revienne à la raison et se concentre sur l"essentiel", a insisté M. Sarkozy, une manière d"évacuer l"affaire bien que la question latente du conflit d'intérêt reste entière.

A tel point que le chef de l'Etat a annoncé la mise en place, la semaine prochaine, d'une "commission représentant toutes les familles politiques" pour éviter à l'avenir "toute forme de conflit d'intérêts", après l'affaire Woerth-Bettencourt. Preuve, s'il en était besoin, qu'il y a donc bien un problème.

"Sur cette question de conflit d'intérêts, j'ai entendu qu'il y avait des propositions des uns ou des autres sur le sujet et je suis très attentif à ces propositions", a expliqué le président Sarkozy sur France 2 qui "conseille" cependant à Woerth de quitter ses fonctions de trésorier de l'UMP.

Mais au-delà du dossier Woerth, la succession des révélations des écarts de comportements de plusieurs ministres fait désordre pour celui qui, en 2007, avait promis une « République irréprochable ».

Remaniement au mois d'octobre
Le Président qui ne veut pas donner l'impression de gouverner sous la contrainte, a confirmé que le remaniement ministériel aurait lieu en octobre après la réforme des retraites, ajoutant cependant que ceux qui préconisaient une "équipe resserrée" avaient "raison".

S'il lui permet de reprendre la maîtrise du calendrier, ce remaniement différé ne lui permettra de redynamiser un gouvernement que certains, au sein de son propre camp, considèrent comme à bout de souffle, entre ministres pointés du doigt et ceux qui ne pèsent pas ou peu.

Interrogé sur la conduite des enquêtes dans l'affaire Woerth/Bettencourt par le procureur Courroye, le président a défendu le magistrat. "Comme c'est curieux, lorsqu'au début de la semaine dernière les éléments étaient à charge contre Eric Woerth, personne ne posait cette question, comme par hasard les juges étaient indépendants", a estimé M. Sarkozy.

Un commentaire qui ne laissera pas de marbre l'opposition. Car nombreux au PS et dans le monde judiciaire dénoncent un front judiciaire morcelé, piloté par un seul homme réputé en outre proche du chef de l'Etat et réclament la nomination d'un juge d'instruction, magistrat indépendant et inamovible, garant d'une procédure contradictoire et impartiale.

Le président a rejeté une telle idée. "Vous croyez que ce serait indépendant de dire 'ce serait bien qu'on change de juge', qu'on en mette un autre ? Ce n'est pas ma conception de l'indépendance de la justice", a-t-il affirmé.

"Les enquêtes émanant du pouvoir courent le risque d'être suspectées" soulignait pourtant le directeur de la revue Commentaires, Jean-Claude Casanova, dans un entretien dimanche au journal Le Monde.

Fermeté sur la réforme des retraites
Sur la réforme emblématique de la seconde partie de son quinquennat, Nicolas Sarkozy a réaffirmé qu'il n'accepterait pas de revenir sur le recul de l'âge de départ à la retraite à 62 ans ni sur l'alignement des cotisations retraites public/privé, mais qu'il était ouvert sur le reste.

Le chef de l'Etat qui a précisé qu'il aurait des contacts pendant l'été avec les partenaires sociaux, a par ailleurs souligné qu'avant la réforme, "la pénibilité n'existait pas". "Nous créons un droit nouveau" "J'essaye d'être juste" a-t-il souligné.

M. Sarkozy a ajouté que les manifestations auxquels il s'attendait n'auraient aucune influence sur la version finale de la réforme des retraites. "Je m'attends à ce qu'il y ait des manifestations. Je sais qu'il y a de la souffrance. Ce qui aura une influence, c'est l'idée que nous nous ferons de la justice.

Maintien du bouclier fiscal et de l'ISF
"Il existait avant mon élection des contribuables qui payaient 100% d'impôt, c'est-à-dire il gagnait 1.000, ils payaient 1.000 et ils partaient tous", a argumenté le chef de l'Etat, défendant le bouclier fiscal qui permet à un contribuable de ne pas payer plus de 50% de ce qu'il gagne en impôts.

"Mais si en France, on n'a plus personne pour investir, on n'a plus personne pour dépenser, si on n'a que des gens qui n'ont rien, comment on va faire tourner l'économie française?", a-t-il lancé.

Le président ainsi cité, à titre d'exemple, "Mme Bettencourt, qui est propriétaire de L'Oréal, je souhaite qu'elle reste propriétaire de L'Oréal et que L'Oréal ne parte pas dans un autre pays", a expliqué Nicolas Sarkozy.

Le chef de l'Etat a par ailleurs redit qu'il ne supprimerait pas l'impôt sur la fortune (ISF). "Je considère que (...) quand on a de l'argent, c'est normal de payer des impôts", a-t-il souligné, tout en rappelant que "de tous les pays du monde, la France est celui qui taxe le plus les contribuables aisés".

Il a également réaffirmé que le gouvernement n'augmenterait pas les impôts pour réduire les déficits publics, sinon, a-t-il averti, "nous n'aurons plus d'entreprises" et "nous n'aurons plus de consommation en France".

Mineurs délinquants et absentéisme à l'école
"J'ai demandé à François Fillon, au Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, et au ministre de l'Intérieur de préparer un texte pour que puisse être mise en cause la responsabilité de parents lorsque des mineurs de 12, 13 ans se trouvent à une heure du matin seuls la nuit dans la rue à casser des bus ou à jeter des cocktails Molotov", a-t-il dit, ajoutant : "On peut se demander si la responsabilité des parents n'est pas engagée".

Le chef de l'Etat entend introduire "un petit peu" de responsabilité pénale pour les parents, afin qu'ils "puissent être appelés pour réparer les dégâts de leurs enfants".

A propos de l'absentéisme scolaire, il a évoqué la suppression des allocations familiales aux parents d'enfants absents. "Quand les absentéistes reviendront à l'école, on rendra ce que l'on a supprimé", a-t-il dit.

Nouveau quinquennat, décision fin 2011

"Ils ont tous dans la classe politique le droit, peut-être même le devoir de penser à la présidentielle. Il n'y en a qu'un qui n'a pas le droit, c'est moi", a-t-il déclaré lors d'une émission spéciale sur France 2.

"Pourquoi je n'ai pas le droit ? Parce que toute mon énergie, à chaque minute, doit être réservée aux Français pour les sortir de la situation où ils se trouvent, et on va y arriver, je vous le dis, on va arriver à sortir de la crise", a-t-il ajouté. "Ma décision, je la prendrai quelque part, mon Dieu, pas avant, pas avant l'automne 2011", a-t-il conclu.

Premières réactions politiques et syndicales

Au sein de l'opposition et des principaux syndicats


Martine Aubry (PS)
La Première secrétaire du parti socialiste a estimé sur France 3 que le chef de l'Etat "continue comme avant, l'auto-persuasion. Le président a parlé de calomnie. On a presque l'impression qu'il est au coeur d'un complot", a-t-elle dit.

Pour Mme Aubry, Nicolas Sarkozy a reconnu un "conflit d'intérêt" en "conseillant" au ministre du Travail Eric Woerth d'abandonner ses fonctions de trésorier de l'UMP. Elle a souligné avoir contesté "cette double casquette" depuis au moins trois ans. Elle a réitéré sa demande de création d'une commission d'enquête parlementaire et de la désignation d'un juge indépendant dans cette affaire.

Jean-Luc Mélenchon, président-fondateur du Parti de gauche
"Le président s'égare ! Selon lui l'affaire Bettencourt est le résultat d'un complot des adversaires de la réforme des retraites. Grotesque!". "Il répète en boucle des formules et des tirades qui exaspèrent. On se dit qu'il parle parce qu'il ne peut pas se taire mais qu'il ne dit rien.

Bref, cet entretien ne change rien à l'ambiance qui plombe sa fin de règne et face au grand nombre qui sera dans la rue en septembre, il reculera ou il partira", a ajouté M. Mélenchon , en référence à la journée de grève et de manifestations du 7 septembre en défense des retraites.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF : "Sarkozy (est) atteint d'un syndrome footballistique : "J'envoie la France dans le mur et je ne change rien !".
"Dans son long monologue, le Président de la République s'obstine à ne rien dire de nouveau. Il n'a aucune proposition pour répondre à la crise et fait preuve d'un grand mépris à l'égard des français et des partenaires sociaux en déclarant que, quoi qu'il arrive, il ne changera rien à ses réformes.

Jean-Michel Baylet, président du parti Radical de gauche

Nicolas Sarkozy "s'est efforcé de détourner l'attention des Français des vraies questions. On espérait que le chef de l'État annoncerait une remise à plat de la réforme des retraites et de la réforme territoriale et des mesures en faveur celles et ceux qui sont le plus durement frappés par la crise".

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière :
"S'agissant des retraites, le président de la République confirme l'inflexibilité sur l'essentiel du projet gouvernemental. C'est la raison pour laquelle si l'on veut une réforme respectueuse des droits des salariés, il faut d'abord obtenir le retrait du projet actuel".

Alain Olive, secrétaire général de l'Unsa

"Il n'y a rien de nouveau, je ne sens aucune ouverture, ni sur le dossier des retraites, ni sur l'ensemble de la politique économique et sociale. Sur les retraites, il a d'abord confirmé qu'Eric Woerth conduirait le dossier, sincèrement, cela ne nous gêne pas, ce n'est pas quelque chose que nous avions mis en avant.

Par contre sur aucune des questions que nous contestons, il n'y a d'avancées, y compris sur la pénibilité (...) Il nous met au défit en ce qui concerne la journée d'action du 7 septembre".

Jacques Voisin, président de la CFTC
"Le président de la République inscrit son action et celle du gouvernement dans le cadre d'une politique d'austérité. La CFTC déplore que cette même rigueur ne soit pas utilisée pour réduire les aides aux entreprises accordées sans contreparties sur l'emploi ou le pouvoir d'achat".

Sur les retraites, "la CFTC se demande à quoi ont servi les concertations menées depuis" la présentation de l'avant-projet le 16 juin. "Il est inadmissible qu'une fois de plus l'effort demandé repose quasi exclusivement sur les salariés".

Dans la majorité


Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP
"Le Président de la République a montré son amour de la France et une détermination sans faille à faire son travail sans perdre de temps avec les polémiques entretenues par ceux qui n'ont pas fait le leur dans le passé.
Le conseil donné à Eric Woerth, à qui il a renouvelé sa confiance, relève de cette logique. Sur la retraite, il a tenu un langage d'écoute et de vérité en démontrant la justice de la réforme

Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP

"Le chef de l'Etat a montré clairement le sens de son action et le cap pour notre pays". "Il se situe au-dessus des polémiques et son sens de l'écoute et sa détermination sont essentiels pour notre pays". Il a "répondu à toutes les questions", et "il a montré que sa seule priorité ce sont les Français",

Jean-François Copé, président du groupe (UMP)
"Nicolas Sarkozy a réaffirmé le retour aux fondamentaux que la majorité parlementaire appelle de ses voeux: les réformes vitales pour le pays (réformes des retraites, gestion rigoureuse des dépenses publiques, prise en charge de la dépendance) ; le combat pour l'emploi et la compétitivité ; la fermeté sur les valeurs de la République (...).

Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement (UMP)

"L'ambition de 2007 est intacte !". "L'intervention du chef de l'Etat a permis de rappeler avec force que tous les engagements sont tenus comme la mise en oeuvre d'une 'République irréprochable, le pacte de confiance scellé avec les Français sera respecté".

"Nous avons perdu trop de temps ces dernières semaines dans de vaines polémiques ! Le Président de la République a su clore cette page et rassembler l'ensemble des Français autour de réformes essentielles (...) telles que les retraites, la réduction des déficits, ou encore la lutte contre l'insécurité.

Jean-Pierre Legrand, député UMP (villepiniste) : "Je pensais que ce soir il allait annoncer la fin du 'bouclier fiscal'. Il a raté ce rendez-vous. Il a défendu Mme Bettencourt, il a défendu M. Woerth. Ce n'est pas ce qu'attendaient les députés UMP de base comme moi".

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