Les graves risques qu'a fait courir le Médiator, médicament pour diabétiques en surpoids, ont été mis en évidence jeudi
Les résultats ont été mis en évidence par une étude réalisée à grande échelle par la Caisse d'assurance maladie, tandis que le Figaro, s'appuyant sur une autre enquête, évoquait des centaines de décès.
Le médicament était commercialisé en France par le laboratoire Servier de1975 jusqu'en novembre 2009, date où il a été interdit.
Le médiator était également prescrit à des personnes désireuses de perdre du poids.
Pour interdire la commercialisation, en novembre 2009, l'Agence des produits de santé (Afssaps) s'appuyait sur une étude de la CNAM sur "le benfluorex et les valvulopathies cardiaques", publiée ce jeudi dans une revue scientifique internationale. Elle portait sur 1.048.173 patients diabétiques ayant eu un traitement, dont 43.044 avaient reçu du benfluorex.
Il en ressort que les diabétiques traités par le Mediator ont eu trois fois plus de risques de souffrir de cardiopathies vasculaires et quatre fois plus de risques d'avoir une chirurgie valvulaire que ceux suivant un autre traitement. Des chiffres qui pourraient être encore "plus élevés" selon la CNAM, notamment parce que le suivi n'a pu être que de deux ans.
500 à 1000 morts ?
S'appuyant sur cette étude, dont il a eu connaissance, Le Figaro affirmait pourtant jeudi que le Mediator aurait causé en plus de 30 ans la mort de 500 à 1000 personnes.
Ce chiffre correspond à une estimation évoquée dans une thèse soutenue en juin à l'université de Rennes. 300.000 personnes ont été chaque année exposées au Mediator, ce qui correspondrait à "entre 150 et 250 hospitalisations chaque année" et à une trentaine de décès annuels. Soit, pour plus de 30 ans de commercialisation du médicament, "entre 500 et 1000 morts".
Une extrapolation "assez grossière", pour l'Afssaps. Auteur d'un ouvrage sur ce sujet paru en avril ("Mediator 150 mg", éditions-dialogues.fr), Irène Frachon, pneumologue, estime pourtant que les chiffres avancés sont sans doute "en deçà de la réalité".
Le laboratoire Servier a été condamné plusieurs fois à verser des dommages et intérêts pour l'Isomeride, et plusieurs dossiers sont en justice pour le Mediator.
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