Les pays du G20 se sont mis d'accord samedi sur les grandes lignes d'un plan d'action contre la crise financière
Réunis à Washington, les dirigeants de ces pays se sont engagés à relancer l'économie mondiale, menacée par la récession, et à renforcer la surveillance du système financier.
Les ministres des Finances devront mettre au point des mesures concrètes avant un nouveau sommet du G20 prévu entre le 31 mars et le 30 avril vraissemblement à Londres.
Le G20 (*) a énuméré des "actions immédiates" pouvant être adoptées pour empêcher l'économie mondiale de sombrer dans une récession prolongée, selon la déclaration finale publiée à l'issue des travaux de Washington. Il suggère ainsi l'utilisation de "mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides" ou des baisses des taux d'intérêt dans certains pays. Les pays membres du G20 conviennent de la nécessité d'une "réponse politique plus large, fondée sur une coopération macroéconomique plus étroite, pour soutenir la croissance, éviter les retombées négatives et soutenir les économies des marchés émergents et des pays en développement".
Cinq domaines d 'action ont été définis:
1) remise à plat des aspects de la régulation qui exacerbent les crises
2) harmonisation des normes comptables
3) amélioration de la transparence des marchés de produits dérivés
4) révision des pratiques de rémunération des dirigeants de banques pour éviter des prises de risque excessives
5) "révision du mandat, de la gouvernance et des besoins en capitaux des institutions financières internationales".
Pour éviter une répétition de la crise, le G20 s'engage à mettre en oeuvre des réformes pour renforcer la transparence du système financier. Il faut faire en sorte que "tous les marchés, produits et acteurs" de ce système "soient soumis à une régulation ou à une surveillance". Cette surveillance "stricte" s'étendra aux agences de notation: d'ici au 31 mars, des propositions devront être faites pour que les "régulateurs s'assurent que les agences de notation (critiquées pour avoir surévalué des placements de mauvaise qualité) répondent aux normes les plus exigeantes".
Sans citer nommément les fonds spéculatifs (hedge funds), qui échappent actuellement à toute régulation, le communiqué évoque le besoin de "transparence sur les actifs hors bilan et des instruments financiers complexes". Le G20 demande "à moyen terme" aux autorités nationales et régionales de "mettre en oeuvre des mesures pour protéger le système financier mondial des juridictions non coopératives qui présentent un risque d'activité financière illégale".
Toutefois, à la demande des Etats-Unis, la déclaration souligne que "la régulation relève avant tout de la responsabilité des régulateurs nationaux". Elle recommande surtout une intensification de la "coopération internationale entre régulateurs" et un renforcement des "normes internationales où cela est nécessaire".
La déclaration juge "vital" de rejeter le protectionnisme. Pour pallier ce risque, le G20 a pris par ailleurs l'engagement de tenter de relancer d'ici la fin de l'année le cycle de négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le G20 propose également une réorganisation des institutions multilatérales, comme le FMI et la Banque mondiale, pour faire de la place aux grands pays émergents. Il a appelé ces organisations à épauler les pays en détresse en leur fournissant des financements.
Réactions
"Il est logique de sortir de cette réunion avec un plan d'action ferme ce qui est le cas. Il est aussi logique de dire (...) qu'il y a encore du travail à faire", a déclaré le président américain George Bush à la clôture du sommet. Il s'est dit "heureux que les dirigeants aient réaffirmé les principes de l'ouverture des marchés et du libre-échange".
Son successeur, Barack Obama, qui ne prendra ses fonctions que le 20 janvier et n'a pas participé au sommet, a fait savoir qu'il soutenait les décisions du G20.
Pour le président français, Nicolas Sarkozy, le G20 a réussi à établir "une nouvelle gouvernance économique". A ses yeux, ce sommet "historique" "apporte des réponses structurelles à la crise financière et des réponses à la crise économique". A ses yeux, les pays représentés à Washington sont tombés d'accord sur la "nécessité d'une relance coordonnée, concertée de l'action économique", comme le réclamaient le Brésil, la Turquie ou l'Espagne.
"Le sommet financier va adopter un plan d'action pour démontrer que la communauté des Etats a la capacité d'agir", a estimé la chancelière allemande Angela Merkel. "Notre but est de faire en sorte que tout intervenant sur les marchés, tous les produits et tous les marchés soient réellement soumis à surveillance, il n'y aura plus de zone d'ombre", a-t-elle insisté.
Pour le premier ministre britannique, Gordon Brown, "il est tout à fait clair que nous essayons de construire de nouvelles institutions pour l'avenir". "Nous allons réformer le FMI" (Fonds monétaire international), a-t-il dit, ajoutant que "la Banque mondiale devrait aussi être réformée". "Je crois que vous allez assister au cours des prochaines semaines à des annonces significatives d'un certain nombre de pays", a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a proposé que le G20 se donne un an pour "achever la nouvelle régulation du système financier".
Le président russe Dimitri Medvedev a quant à lui affirmé: "il nous faudra reconstruire toute l'architecture financière mondiale, la rendre ouverte et juste, efficace et légitime".
(*) Le G20 regroupe le G8 (Allemagne, France, Etats-Unis, Japon, Canada, Italie, Grande-Bretagne, Russie), l'Union européenne, ainsi que l'Afrique du Sud, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique et la Turquie. L'Espagne et les Pays-Bas étaient invités.
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