Autolib' : la voiture en libre-service débarque à Paris
Après Vélib', voici Autolib'. La mairie de Paris espère que ces nouvelles voitures électriques en libre-service inciteront les Franciliens à renoncer à leur voiture. Mais ce projet ne fait pas l'unanimité.
Les Autolib' deviendront-elles aussi incontournables que les Vélib' ? Après les vélos, la mairie de Paris lance, lundi 5 décembre, son service de voitures électriques en libre-service. Le maire socialiste de la capitale, Bertrand Delanoë, y voit "une révolution" qui améliorera "la qualité de vie" des Parisiens. Mais ce projet ne fait pas l'unanimité. Explications.
• Le but recherché
Il s'agit d'inciter les automobilistes à renoncer à leur voiture... en leur proposant l'usage ponctuel d'un autre véhicule, plus "écologique". Selon une étude de la mairie de Paris, une Autolib' serait à même de se substituer à cinq voitures privées.
Dans quels cas utiliser cette voiture ? "On peut prendre une Autolib' 24 heures d'affilée mais ce n'est pas le but. En revanche, elle peut par exemple servir quand vous allez chercher vos parents gare de Lyon. Vous y allez en transports en commun puis vous ramenez vos parents chez vous à Créteil en Autolib'", explique Annick Lepetit, adjointe au maire PS chargée des transports et présidente du syndicat mixte Autolib'.
• Comment ça marche ?
L'utilisateur pourra prendre une voiture dans une station et la déposer dans une autre. Lors du lancement, 250 voitures seront disponibles dans 250 stations (180 à Paris et 70 en banlieue). Chaque mois, de nouvelles voitures seront installées pour atteindre, en mai 2012, 3 000 véhicules et 1 200 stations, dans 46 communes d'Ile-de-France. Parmi les premières villes proches de Paris à lancer Autolib' figurent Malakoff, Montrouge, Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), Saint-Ouen ou encore Pantin (Seine-Saint-Denis).
L'utilisation du service nécessite un abonnement annuel (144 euros), hebdomadaire (15 euros) ou journalier (10 euros). Ensuite, l'utilisation d'une voiture est facturée entre 4 et 8 euros par demi-heure.
• Le financement du projet
La mairie de Paris s'est associée avec le groupe Bolloré, qui construit les stations et les voitures, et agit en tant que délégataire de service public. Concrètement, chaque commune verse à l'entreprise une "subvention d'investissement" de 50 000 euros par station implantée sur son territoire. C'est ensuite Bolloré qui perçoit les recettes versées par les usagers. En retour, la société devra verser chaque année une redevance de 750 euros par station correspondant à l'occupation de l'espace public.
Certaines communes ont jugé cet investissement trop cher. "Le coût pour sa mise en place représente un investissement lourd, ce n'est pas en adéquation avec les besoins de la population (...), ce n'est pas prioritaire dans notre budget", indique-t-on à la mairie de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). La ville de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) a également renoncé. L'implantation de 18 stations lui aurait coûté 900 000 euros.
Le projet devrait permettre l'embauche de mille jeunes issus des quartiers populaires, en partenariat avec l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances. Des postes susceptibles d’évoluer vers des fonctions d'encadrement, de formation et de recrutement, mais aussi des responsabilités en matière de planification et d’exploitation.
• Un projet vraiment écologique ?
Les élus écologistes, hostiles à ce dispositif, estiment qu'Autolib' va "réorienter vers l'automobile ceux qui avaient choisi les transports en commun". Pour eux, le choix de moteurs électriques conforte l'énergie nucléaire. Le syndicat mixte qui gère Autolib' a répondu qu'une station équipée de panneaux photovoltaïques pour recharger ces véhicules était actuellement testée.
• Quelles conséquences pour les taxis et les loueurs ?
Certaines associations et professionnels craignent qu'Autolib' empiète sur leurs plates-bandes. "Hier, les vélos, maintenant, les voitures, ça va prendre beaucoup de places aux taxis et ça me dérange. Le préjudice est bien réel", s'inquiète Franklin Robine, porte-parole du Syndicat de défense des conducteurs de taxis.
"Ça ne me paraît pas une opération sérieuse", dénonce quant à lui Jean-Claude Françon, président de la Fédération nationale des taxis indépendants, qui s'insurge contre "la démolition de la profession avec l'argent du contribuable".
De son côté, l'Union des loueurs professionnels fait état d'une "concurrence déloyale". Elle a d'ores et déjà porté l’affaire devant la justice pour contester les subventions perçues par le groupe Bolloré.
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