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Michel Rocard isolé après sa visite en Iran

Retour en quatre actes sur la polémique suscitée par la visite de l'ex-Premier ministre socialiste à Téhéran au sujet du nucléaire iranien. La droite critique quand la gauche prend ses distances.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ancien Premier ministre, Michel Rocard, lors d'une conférence de presse à Paris, le 20 mars 2012. (ERIC PIERMONT / AFP)

Que faisait Michel Rocard en Iran et à quel titre y a-t-il été reçu ? L'ancien Premier ministre socialiste était à Téhéran vendredi 11, samedi 12 et dimanche 13 mai pour rencontrer plusieurs responsables iraniens autour des questions nucléaires. Une initiative qui crée des remous à droite, comme à gauche. FTVi revient sur cette polémique en quatre actes.

Acte 1 : Rocard en visite "privée", considéré comme un émissaire de Hollande

L'Iran a déroulé le tapis rouge pour la visite "privée" de Michel Rocard. L'ancien Premier ministre socialiste français y est considéré comme un émissaire du nouveau président François Hollande, avec lequel Téhéran espère une amélioration des relations bilatérales. Cette visite de l'ancien responsable socialiste, qui aura 82 ans en août, survient une semaine avant un G8 au cours duquel le dossier iranien sera abordé et une dizaine de jours avant de nouvelles discussions entre l'Iran et les grandes puissances programmées à Bagdad.

L'ex-Premier ministre a été reçu durant le week-end par le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, et le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, Saïd Jalili, principal négociateur iranien sur la question nucléaire. Les grandes puissances occidentales soupçonnent Téhéran de vouloir acquérir la bombe nucléaire sous couvert d'un programme civil. Ce que Téhéran dément.  

Michel Rocard a assuré que l'Iran était prêt à "remettre les compteurs à zéro" et "faire des pas en avant" pour parvenir à une solution négociée lors de sa rencontre avec les grands puissances internationales du 23 mai en Irak.

Acte 2 : l'UMP veut des explications

Aussitôt, c'est le tollé à droite. Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a condamné dimanche le déplacement de l'ancien Premier ministre et a demandé au président élu, François Hollande, "d'expliquer aux Français quelle politique il entend mener vis-à-vis de l'Iran". "Soit il s'agit d'une initiative purement personnelle. Elle traduit alors déjà l'absence d'autorité du président élu sur sa majorité", explique Jean-François Copé. "Soit François Hollande était informé de ce déplacement qui constitue une forme de diplomatie parallèle et de recours aux petites officines." Dans ce cas, le responsable UMP "condamne fermement cette initiative", "la politique de la main tendue envers Téhéran" n'ayant "jamais apporté le moindre résultat".

Selon le secrétaire général de l'UMP encore, "avant même sa prise de fonction, François Hollande envoie un double message négatif. Il incite le régime des mollahs à poursuivre ses manœuvres dilatoires tout en poursuivant son programme nucléaire. Par cette initiative unilatérale, il rompt une solidarité européenne exemplaire jusqu'alors."

Acte 3 : l'entourage de François Hollande se désolidarise 

Dès samedi, l'entourage du président élu a tenté de déminer le terrain. Michel Rocard "n'est porteur d'aucun message ni investi d'aucune mission" par le président élu François Hollande, indiquait-on dans son entourage. "Il s'agit d'un déplacement privé, d'une initiative personnelle"

"La position de François Hollande au sujet du programme nucléaire iranien est connue. L'Iran doit se conformer à ses obligations internationales et respecter les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies en cessant ses activités nucléaires sans finalité civile crédible", ajoute l'entourage de François Hollande.

Pourtant, Michel Rocard a précisé avoir informé fin mars de son projet François Hollande, qui lui a donné "des conseils de prudence", et aussi le ministre des Affaires étrangères du gouvernement sortant, Alain Juppé, qui lui a rappelé dans une lettre les positions de la France à l'égard de Téhéran.

Acte 4 : l'exécutif français sortant enfonce le clou

Lundi, c'est le Quai d'Orsay qui se désolidarise à son tour de la visite de l'ex-Premier ministre à Téhéran, qualifié d'"initiative strictement personnelle". L'ambassadeur chargé des pôles arctique et antarctique "n'est investi d'aucune mission" des autorités françaises, précise le ministère des Affaires étrangères, "ni porteur d'aucun message".

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