Selon l'AP-HP, la maternité de Port-Royal ne manquait ni de lits,ni d'effectifs
L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris affirme qu'il n'y a pas eu de dysfonctionnements. Une deuxième femme a pourtant annoncé son intention de porter plainte contre l'établissement.
Après l'émotion, les questions. Une triple enquête, médicale, administrative et judiciaire, est actuellement menée lundi 4 février pour éclaircir les circonstances de la mort d'un bébé mort in utero à la maternité de Port-Royal, jeudi 31 janvier. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire et la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a de son côté appelé à "une enquête exceptionnelle", administrative et médicale, pour "faire toute la lumière" sur cette affaire, assurant qu'elle "veillerait" à ce que les parents puissent connaître la vérité.
En attendant les résultats de l'autopsie de l'enfant, programmée ce mardi, la première enquête rapide réalisée par l'AP-HP, dont Port-Royal est la maternité-phare, révèle qu'il n'y a pas eu de dysfonctionnements apparents. Francetv info revient sur ce drame et détaille les derniers éléments des enquêtes en cours.
Ce que dit l'AP-HP
Selon l'Assitance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), les premiers éléments de l'enquête montrent que la prise en charge de la patiente n'a pas été jugée médicalement nécessaire. Dans le communiqué publié lundi 4 février, il est également précisé quer les effectifs soignants et les lits disponibles étaient en nombre suffisant ce jeudi 31 janvier.
"L’examen de l’organisation de la maternité de Port-Royal au cours de cette période permet de dire que les effectifs soignants, médicaux et paramédicaux, étaient au complet et que la disponibilité des lits et des salles permettait de recevoir les urgences",explique l'AP-HP. "L’examen médical de cette patiente n'a pas conduit à la décision de la prendre en charge en urgence", ajoute la direction du groupe hospitalier public parisien qui souligne avoir "diligenté une enquête médicale et administrative exceptionnelle afin d’approfondir l’analyse et de formuler les recommandations appropriées".
Ce que disent les parents
Stéphane et Déborah avaient rendez-vous jeudi 31 janvier à 7 heures à la maternité, afin de déclencher l'accouchement. La grossesse de la jeune femme était considérée "à risques" en raison d'une possibilité d'accouchement précoce. Lle col de l'utérus de Déborah était "diagnostiqué" "dilaté, modifié et favorable". L'absence de mobilité du fœtus inquiète les futurs parents.
A 7 heures, le couple est finalement prié de se présenter à 11 heures, puis est redirigé dans l'après-midi aux urgences de Port-Royal, où une "sage femme débordée" leur dit de "rentrer" chez eux, selon Stéphane.
Après avoir demandé en vain une prise en charge dans une autre maternité parisienne, le couple finit par rentrer. Dans la nuit, Déborah sent que son bébé ne bouge plus et le couperet tombe aux urgences : l'enfant est mort in utero. L'accouchement est finalement déclenché vendredi à midi.
Ce que dit la maternité
"Le déclenchement était bien prévu jeudi", confirme au Parisien Dominique Cabrol, gynécologue obstétricien et chef de la maternité Port-Royal, mais "on était en saturation totale". Une enquête interne a été ouverte afin de "déterminer si on est passé à côté de quelque chose". Dominique Cabrol affirme que lors du passage aux urgences, "le rythme [cardiaque du bébé] était normal" et que "rien ne laissait présager qu'il y avait un risque".
Une autopsie va être réalisée mais le médecin estime qu'"on peut penser que, si la jeune femme avait accouché comme prévu, le bébé serait vivant". "Mes équipes sont choquées par le décès de ce bébé", affirme-t-il, tout en déplorant le manque de moyens des structures de santé en France et en reconnaissant que son "hôpital tout neuf est plutôt privilégié".
Une deuxième plainte bientôt déposée
Depuis la révélation de ce drame, les témoignages affluent pour dénoncer les manquements de l'établissement parisien. L'avocate d'une jeune femme, dont le bébé était lui aussi mort in utero à la maternité de Port-Royal à Paris en 2011, a annoncé lundi le dépôt "dans les jours qui viennent" d'une nouvelle plainte pour "homicide involontaire".
Cette jeune mère, qui avait déjà connu un premier accouchement difficile en 2006, s'était présentée le 24 novembre 2011 à la maternité, le jour de son terme, pour confier "ses peurs" et demander qu'on "lui fasse une césarienne". La sage-femme qui l'avait reçue l'aurait renvoyée chez elle, expliquant que le "col de l'utérus n'était pas encore suffisamment dilaté", a expliqué Me Abdi, son avocate à Libération. Dès "le lendemain, sentant des contractions, elle est revenue à l'hôpital où elle a été placée sous monitoring, afin de surveiller les battements de cœur du bébé", a ajouté l'avocate. C'est lors de cet examen que la jeune femme a réalisé que le cœur de son bébé "ralenti[ssait]" puis devenait "imperceptible". Un peu plus tard, une sage-femme a malheureusement constaté qu'il n'y avait plus rien à faire, a indiqué l'avocate. Tout comme les parents du bébé mort in utero la semaine dernière à la maternité de Port-Royal, elle impute le décès à la saturation de la maternité et pointe un service dépassé par les évènements.
Caroline Sinz, Nabila Tabouri et les équipes de France 2 ont rencontré cette jeune femme, ainsi que deux autres ex-patientes de la maternité Port-Royal, qui pointent également des dysfonctionnements. L'une a préféré accoucher de ses jumeaux ailleurs, l'autre a dû se faire opérer en urgence dans un autre établissement d'un stérilet mal posé.
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