: Reportage "Carnage", licenciements, incompréhension... La dure réalité des entrepreneurs de Nouvelle-Calédonie après les émeutes du mois de mai
Face au marasme économique en Nouvelle-Calédonie, l’Etat va débloquer une enveloppe supplémentaire de 87 millions d’euros après les 100 millions d’euros accordés en juillet à la suite des émeutes indépendantistes. Les dégâts se chiffrent à plus de deux milliards d'euros, selon le gouvernement local. Près de 800 entreprises ont vu leurs locaux dégradés, pillés ou incendiés, donnant à voir un paysage complètement dévasté.
À Nouméa, un concessionnaire automobile a par exemple entièrement brûlé le 13 mai dernier. "C'est impressionnant, on a l'impression que le bâtiment a été bombardé", raconté Laurent Jeandot, 54 ans, en faisant visiter ce qu'il reste des lieux. "Du gaspillage, du carnage", poursuit-il pour décrire ce qu'il voit.
40 millions d'euros de pertes
Cet homme est issu d’une famille présente depuis les années 70 en Nouvelle-Calédonie et dirige un groupe automobile. Il a perdu une carrosserie et deux concessions pendant les événements. De celle-ci à Nouméa, il ne reste plus rien, à part quelques carcasses de voitures calcinées et des murs noircis. Au total, pour lui, ce sont 40 millions d’euros partis en fumée.
"Peu d'entrepreneurs ont compris pourquoi s'en prendre aux entreprises. Qu'ont-elles fait ? Elles étaient déjà fragiles avant ces exactions."
Laurent Jeandot, entrepreneurà franceinfo
"On sait tous que la Nouvelle-Calédonie vit essentiellement grâce au nickel, or l'industrie du nickel n'était pas dans sa meilleure forme, alors pourquoi ?, questionne l'entrepreneur, Si on veut parler politique ou indépendance on est là pour ça, ça fait des décennies qu'on en parle donc continuons d'en parler, mais là, mettre l'économie à terre je n’ai pas trop compris, et même aujourd'hui je ne comprends toujours pas, c'est pour ça que c'est délicat d'en parler, c'est difficile de parler de quelque chose dont vous ne saisissez pas le sens."
Depuis le mois de mai, l’activité du groupe de Laurent Jeandot est en recul de 80 %. Les aides de l’Etat, de la province, ou encore le fonds de solidarité, n'ont pas suffi.
"On a dû faire un plan de restructuration et dans ce plan il y a des licenciements en cours. Une centaine de personnes, sur 300, c'est énorme. Le 12 mai je ne renvoyais personne, moi."
Laurent Jeandot, entrepreneurà franceinfo
Les destructions dans le sillage des émeutes ont laissé plus de 24 000 personnes sans emploi en Nouvelle-Calédonie.
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