Nouvelle-Calédonie : "On va commencer à avoir des problèmes d'approvisionnement en nourriture", alerte le maire d'une ville au nord de Nouméa

Pascal Vittori attire l'attention sur "l'aspect psychologique" de la situation. "Les gens voient sur les réseaux sociaux tout ce qui se passe dans l'agglomération. Donc certaines personnes ont très peur."
Article rédigé par franceinfo
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Des habitants de Nouméa près d'une barricade, le 16 mai 2024, en Nouvelle-Calédonie. (THEO ROUBY / AFP)

"Aujourd'hui, on va commencer à avoir des problèmes d'approvisionnement en nourriture", a alerté jeudi 16 mai sur franceinfo Pascal Vittori, maire Les Centristes de Boulouparis, commune située au nord de Nouméa, et président de l'Association des maires de Nouvelle-Calédonie, alors que la situation reste "très tendue" dans le territoire, comme l'a mentionné Gabriel Attal, et après les violences qui ont fait cinq morts, dont deux gendarmes. 

"Jusque-là, on n'a pas connu de violences ou de dégradations" à Boulouparis, assure Pascal Vittori. Mais le maire précise que sa "petite commune" est "très impactée par le fait que les routes sont barrées. Les camions d'approvisionnement en carburant, en nourriture et en produits pharmaceutiques n'arrivent pas jusqu'à nous". Il commence à constater "des problèmes avec des personnes qui ont des maladies chroniques, avec des bébés qui ne peuvent plus avoir ni de couches, ni de lait"

Pascal Vittori attire l'attention sur "l'aspect psychologique" de la situation. "Les gens voient sur les réseaux sociaux tout ce qui se passe dans l'agglomération. Donc certaines personnes ont très peur, notamment des personnes isolées, des femmes isolées qui n'ont pas les moyens de se défendre." Il souligne que, "si dans l'agglomération" de Nouméa, "il y a des forces de l'ordre qui patrouillent, c'est bien différent dans nos petites communes de l'intérieur où les forces de l'ordre ne sont pas suffisamment nombreuses et où les gens doivent se débrouiller seuls". 

Manque de médicaments et de carburant

Le maire de Boulouparis attend les renforts de forces de l'ordre sans qui "il sera impossible de rouvrir les routes et de reprendre les livraisons". Il évoque aussi les familles "qui sont divisées avec des enfants qui étaient partis à l'internat et qui se trouvent coincés en ville alors que leurs parents sont à l'extérieur. Cela crée des situations de stress très important". Et pour les personnes qui "travaillent en dehors de la commune", comme "40% des personnes" de Boulouparis, ils vont "perdre leur emploi et vont se retrouver en grande difficulté". Il rappelle que la Nouvelle-Calédonie, "par elle-même, n'a déjà pas les moyens de prendre en charge le chômage de ces personnes-là, et n'aura pas les moyens de prendre en charge la reconstruction des bâtiments qui ont été détruits". Les Calédoniens comptent donc "beaucoup sur l'aide de l'État qui seul à la surface financière suffisante pour pouvoir redémarrer notre économie", plaide Pascal Vittori.

"Aujourd'hui et demain (vendredi et samedi), ce sont les derniers jours pour tout ce qui est nourriture, médicaments, et même pour ce qui est du carburant", ajoute Pascal Vittori. "On va se retrouver en assez grande difficulté à la fin de cette journée ou de demain." Le maire se veut "un petit peu rassurant" parce que la commune "n'a pas eu de coupure d'électricité ou d'eau. Donc c'est déjà important pour les populations. On en est au point de d'assurer les besoins de base de la population".

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