Reportage "On voit le calme se profiler à l'horizon" : la vie reprend timidement son cours en Nouvelle-Calédonie

Le retour à la normale est très lent, plus de deux semaines après le début des émeutes dans l'archipel.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue, Eric Audra
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un barrage à Rivière-Salée, quartier populaire de Nouméa, en mai 2024. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / FRANCEINFO)

L'état d'urgence est assoupli, l'étau se desserre pour les Néo-Calédoniens. Les habitants peuvent à nouveau accéder à l'hôpital de l'agglomération de Nouméa depuis lundi 27 mai, même si l'établissement se concentre sur la gestion des urgences et la reprise des soins vitaux. Les forces de l'ordre continuent de se déployer, pour atteindre 3 500 agents dans les prochains jours. Des barrages sont toujours en place, mais la situation est restée relativement calme la nuit dernière, selon les autorités. Dans ce contexte encore tendu, la vie reprend timidement à Nouméa.

Le nombre de barrages a diminué dans plusieurs secteurs du Grand Nouméa, notamment ceux de Magenta et de Tuband, où il y avait eu plusieurs nuits particulièrement tendues. La sécurisation, le nettoyage des rues se poursuivent d'après le Haut-Commissariat, qui annonce que plus de 170 objets lourds, carcasses de voitures, troncs d'arbres ont été retirés lundi.

Dans certains quartiers, les habitants se préparent à se retrousser les manches pour faire place nette. Le chantier est titanesque au vu du nombre de commerces et de bâtiments publics incendiés. Les barrages sont moins fournis par endroits, mais font encore partie du paysage dans l'agglomération de Nouméa.

Les barrages laissent passer les automobilistes

Pour l'Élysée, la levée des barrages est une des conditions à une reprise du dialogue. Charles, un ingénieur du sud de Nouméa, dit compter sur la capacité des responsables indépendantistes à appeler à les lever complètement. "Qu'ils discutent avec leurs troupes, qu'ils fassent un appel au calme et à la raison pour qu'on lève progressivement les barrages, espère-t-il. Et c'est ce qu'on a commencé à voir dans le Grand Nouméa. Alors bien sûr, il y a encore beaucoup de barrages à lever, mais je pense qu'on est en train de voir un calme se profiler à l'horizon."

Dans les quartiers populaires d'Apogoti, de Païta et de Dumbéa-sur-Mer, sur chaque barrage, le mot d'ordre est depuis peu de laisser passer les automobilistes. Mais ceux-ci doivent faire de nombreux détours à cause des débris, ce qui occasionne beaucoup de bouchons.

Les écoles restent fermées jusqu'à la mi-juin

Autre signe d'un lent retour à la normale, les taxis, à l'arrêt depuis le 14 mai dernier, circulent à nouveau. La route vers l'hôpital public, le Médipôle, est dégagée et sécurisée. Et une première collecte d'ordures ménagères a été organisée lundi dans trois quartiers de Nouméa, selon la municipalité.

En Nouvelle-Calédonie, la route vers l'hôpital public, le Médipôle, est dégagée et sécurisée, le 27 mai 2024. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / FRANCEINFO)

En revanche, les écoles vont rester fermées au moins jusqu'à la mi-juin. Wani, une gouvernante, s'organise comme elle peut : "On explique aux enfants qu'ils ne soient pas stressés, justement. Sur Pronote, on a des professeurs qui appellent pour savoir si tout va bien, donc je pense qu'ils sont bien encadrés. On est beaucoup de familles avec des enfants, on veut revenir au travail, on veut revenir à l'état normal." Quant à l'aéroport international de Nouméa, la Tontouta, fermé aux vols commerciaux depuis le 14 mai dernier, il ne rouvrira pas avant dimanche prochain, le 2 juin.

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