"Un dossier très compliqué dans le pire des scénarios" : face aux émeutes en Nouvelle-Calédonie, Gabriel Attal cherche la sortie de crise

Le dégel du corps électoral du scrutin provincial de l'archipel, objet de la réforme constitutionnelle du gouvernement, est à l'origine de la flambée de violences. Au total, cinq personnes sont mortes depuis le début des émeutes sur le "Caillou" : deux hommes de 20 et 36 ans, une adolescente de 17 ans et deux gendarmes.
Article rédigé par Elie Abergel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre Gabriel Attal à l'Elysée, après une cellule interministérielle de crise sur la situation en Nouvelle-Calédonie, le 16 mai 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Vers une situation "apaisée" ? La Nouvelle-Calédonie était dans "une situation plus calme" vendredi 17 mai 2024, selon les autorités locales, à l'exception de quartiers hors de contrôle que l'Etat va tenter de "reprendre", après quatre nuits de violente contestation contre une réforme électorale votée à Paris. "Des renforts vont arriver (...) pour contrôler les zones qui nous ont échappé ces jours derniers, dont le contrôle n'est plus assuré", a déclaré devant la presse à Nouméa Louis Le Franc, Haut-commissaire de la République sur ce territoire français du Pacifique.

Ils doivent permettre de "reconquérir tous les espaces de l'agglomération (de Nouméa) que nous avons perdus, et qu'il nous appartient de reprendre", a-t-il poursuivi. Par ailleurs, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a envoyé ce jeudi la "circulaire pénale" promise par le Premier ministre, Gabriel Attal, pour "garantir les sanctions les plus lourdes contre les émeutiers et les pillards".

"Le Premier ministre ne rechigne jamais devant la difficulté"

Or, politiquement, les tensions, elles, sont toujours vives. Le président Emmanuel Macron avait proposé une visioconférence aux élus calédoniens qui n'a pas pu se tenir jeudi, les "différents acteurs ne souhaitant pas dialoguer les uns avec les autres pour le moment", selon l'Elysée. Gabriel Attal préside vendredi matin une nouvelle cellule de crise interministérielle au ministère de l'Intérieur pour sortir ce territoire du Pacifique sud de la crise, sur fond de révolte contre une réforme électorale controversée. Le Premier ministre doit d'ailleurs également recevoir, vendredi soir, les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat à Matignon. Avec une idée fixe : la sortie de crise.

Et pour cela, Gabriel Attal veut montrer qu'il prend les choses en main. Hasard du calendrier, le chef du gouvernement reçoit justement, vendredi midi, son prédécesseur, Edouard Philippe, qui était très impliqué dans la question néo-calédonienne.

Pour dégripper les discussions entre indépendantistes et loyalistes, des connaisseurs de la situation évoquent le lancement d'une mission de dialogue avec un médiateur. "Gabriel Attal s'empare donc d'un dossier très compliqué dans le pire des scénarios", analyse un député de la majorité très impliqué dans le sujet. "Le Premier ministre ne rechigne jamais devant la difficulté", répond un de ses proches.

Reste que Gabriel Attal fait face à un adversaire redoutable : le temps. Emmanuel Macron a donné jusqu'à fin juin pour que les acteurs locaux trouvent un accord global. Faute de quoi cette réforme du corps électoral, qui a mis le feu aux poudres, sera présentée au Congrès pour être votée.

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