Orages, inondations : peut-on éviter les coupures d'électricité ?
Lundi, 49 000 foyers n'étaient plus connectés au réseau de distribution à cause des orages du week-end. Explications.
Jusqu'à 130 000 foyers ont été privés de courant durant le week-end des 27-28 juillet, alors que les orages se déchaînaient sur la France. En cause : les lignes aériennes endommagées, les câbles sectionnés et les pylônes abattus par les vents violents ou touchés par la foudre. Une question se pose à chaque phénomène météorologique d'importance : peut-on éviter ces coupures de courant ? Eléments de réponse.
Des solutions existent…
"Depuis 1999, qui devait être la tempête du siècle, on observe régulièrement des mini-'tempêtes du siècle' suivies d'importantes coupures de courant", déplore Jean-Marc Proust, directeur de la communication de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), joint par francetv info. "C'est à peu près toujours aux mêmes endroits : près des zones boisées et où les réseaux sont à fil nu", souligne-t-il.
Plusieurs solutions existent, comme un meilleur système de localisation de la panne ou bien les réseaux intelligents, construits en boucle et permettant de changer la provenance de l'alimentation si une source est coupée. Mais elles sont encore en phase d'expérimentation et ne jouent de toute façon qu'à la marge.
… comme l'enfouissement partiel du réseau électrique…
L'option la plus efficace reste l'enfouissement des lignes. En France, 41% du réseau électrique est enterré. Moitié moins qu'en Allemagne et loin du trio Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, où cette proportion atteint presque 100%, selon le site Quoi.info. En France, après la tempête de 1999, la consolidation des structures a été privilégiée à l'enfouissement, précise le site. Ce que confirme RTE, qui gère le réseau public de transport d'électricité français : "Nous avons engagé un plan de sécurisation de 2,4 milliards d'euros sur quinze ans en 2002", explique à francetv info Olivier Grabette, directeur du département recherche et innovations. Des travaux d'élargissement des couloirs forestiers ont également été engagés, afin d'éloigner un peu les arbres susceptibles d'endommager le réseau.
En 2005, le contrat (PDF) de service public conclu avec l'Etat engage EDF à enfouir chaque année 90% des nouvelles lignes haute tension et 65% des nouvelles lignes basse tension. Dans son rapport d'activité 2011 (PDF), ERDF, le gestionnaire du réseau public de distribution d'électricité de 95% du territoire français continental, explique avoir consacré 769 millions d'euros aux travaux d'enfouissement du réseau existant. Un effort après des années de baisse des investissements, relève Jean-Marc Proust, qui rappelle qu'EDF a eu tendance à privilégier ses activités à l'étranger entre 1990 et 2005.
… une option coûteuse et pas si pratique
Or, selon Réseau transport électricité (RTE), l'enfouissement des liaisons à haute tension de 63 000 ou 90 000 volts coûte 30 à 50% plus cher que la construction d'une ligne aérienne. Un coût "multiplié par deux ou trois à 225 000 volts, et par cinq, huit, dix, voire quinze à 400 000 volts". Une contrainte financière qui s'ajoute à celle, technique, qui empêche d'enterrer les lignes à très haute tension sur plus de 40 km, à cause des raccords réguliers qu'il faut réaliser. D'après ERDF, l’enfouissement total du réseau coûterait 100 milliards d’euros, écrivait Rue 89. Avec, à la clé, une hausse significative de la facture pour les ménages.
"On ne demande pas l'enfouissement total", rétorque Jean-Marc Proust, qui rappelle que la FNCCR a proposé un plan d'investissements de 10 milliards d'euros sur huit ans pour enterrer la moitié du réseau hexagonal.
De plus, "l'enfouissement des lignes n'est pas la solution parfaite", estime ERDF, cité par Quoi.info, qui rappelle qu'elles peuvent notamment être inondées. En outre, "en cas d’incident, la détection, l’identification et surtout l’intervention d’urgence pour réparer les câbles souterrains peuvent exiger des délais importants", note RTE. Après l'ouragan Sandy, le magazine américain Popular Mechanics (en anglais) estimait en outre que la longévité de telles lignes était bien plus faible (environ vingt ans de moins) que les installations aériennes. "Les objectifs que l'on se donne ont un coût pour la collectivité et, de toute façon, l'horizon zéro coupure est impossible", signale Olivier Grabette.
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