Blocage des forains au Mans : "Mon grand-père et mon arrière-grand-père étaient dans le centre-ville, je ne le lâcherai pas"
Depuis lundi, des forains manifestent au Mans pour continuer de travailler en ville. Après des affrontements avec les forces de l'ordre, les discussions avec la mairie sont au point mort.
"Je fais le barbapapa drive ! Et gratuitement !", lance un forain en distribuant une célèbre mousse rose bonbon à un passant. Dans le centre-ville du Mans (Sarthe), l'odeur du sucre caramélisé a remplacé celle des gaz lacrymogènes, mardi 26 mars. Après de vives tensions entre les forces de l'ordre et 500 forains, lundi, autour de l'hôtel de Ville, la journée a été calme. Les forains veulent reprendre leurs activités dans le centre-ville et refusent un déménagement permanent à l'extérieur de la ville. De son côté, la mairie refuse toute discussion "sous la pression ou la violence".
La municipalité met en avant le manque de place
"On fait la joie et le bonheur de tout le monde. C'est notre métier !", plaide Samantha, qui a installé son stand au pied de la cathédrale. Alors que la fête foraine est installée dans le coeur de la ville, place des Jacobins, depuis plus d'un siècle, elle n'en démord pas : "Mon grand-père et mon arrière-grand-père étaient dans le centre-ville. Je ne le lâcherai pas."
A deux pas de la place, Stéphane Le Foll, le maire du Mans, justifie ce déménagement. "Aux Jacobins, on avait des forains qui s'étalaient sur ce qu'on appelait les contre-allées, où il y avait des arbres. Les bâtiments de France nous ont obligé à refaire les escaliers, il a fallu aussi réaménager l'ensemble des contre allées." Les forains ont déménagé le temps des travaux et la place est devenue trop exiguë, selon l'ancien ministre de l'Agriculture : "On est vraiment arrivés au bout si les forains restent sur 60 à 65 manèges. Pourquoi refuser un lieu où on peut en mettre 120 ?"
Un lieu qui n'est pas rentable selon les forains
Le lieu où la fête foraine devrait s'installer selon le souhait de la mairie, c'est le site du Panorama. Depuis cinq ans, les forains y sont installés, en attendant de pouvoir revenir dans le centre-ville. "C'est une zone industrielle à 8 kilomètres du centre-ville, pas bien desservie par les réseaux de tramway", déplore Anthony, forain depuis 20 ans. "Quand il fait beau, c'est sympa mais au mois de novembre, sous la pluie, avec sa petite famille qui a marché toute la journée, ça l'est beaucoup moins", assure-t-il, expliquant ne jamais avoir fait recette au Panorama.
Ce combat au Mans dépasse les frontières de la Sarthe, d'après Martial Gouin, un autre forain. "Ce pouvoir de police qui est attribué aux maires leur donne pouvoir de vie ou de mort sur notre profession", affirme celui qui est l'un des leaders de la fronde. "Quand ils ne seront plus maires, nous serons toujours forains ! Ils remettent en question des générations passées et futures parce qu'on exploite toujours sur le domaine public, de père en fils."
Martial Gouin et les autres forains promettent de nouvelles manifestations au Mans dans les prochains jours.
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