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Pour 2017, l'UMP est fière de vous présenter son programme de... 2007

L'opposition a tenu un grand séminaire stratégique pour définir des mesures d'urgence pour l'économie. Avec un petit air de déjà-vu.

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Jean-Pierre Raffarin, François Fillon, Jean-François Copé, et Alain Juppé au siège de l'UMP à Paris le 18 décembre 2013. (MARTIN BUREAU / AFP)

"Dire aux Français qu'il y a une flamme, celle de l'UMP qui prépare un grand projet pour dire qu'il y a un autre chemin qui est indispensable pour la France." Voilà l'objectif fixé par Jean-François Copé, mercredi 18 décembre au siège de l'UMP à Paris, alors que le parti tenait son grand séminaire stratégique sur l'économie. 

Si ce n'est une jolie photo de famille au grand complet, rien de nouveau sous le soleil de l'opposition. L'UMP a présenté 18 "mesures d'urgence (PDF) pour redresser la France". Beaucoup d'entre elles figuraient déjà au programme de Nicolas Sarkozy en 2007 (PDF). Sans avoir été appliquées par l'UMP au pouvoir. Décryptage. 

Sortir définitivement des 35 heures

2013 : Dans un point intitulé "sortie définitive des 35 heures", le fascicule élaboré par l'UMP à l'issue du séminaire affirme : "La durée du travail et le seuil de déclenchement des heures supplémentaires ne sont plus définis par la loi mais négociés entreprise par entreprise." 

2007 : "Je veux d'abord vous convaincre que partager le travail n'a jamais été une solution contre le chômage. Les 35 heures ont elles permis de créer des emplois ? Nullement", attaquait déjà Nicolas Sarkozy, même si la suppression des 35 heures ne figurait pas officiellement dans son programme.

Et entre temps ? Supprimer les 35 heures, c'est quasiment mission impossible pour la droite. Le gouvernement Fillon a bien adopté la défiscalisation des heures supplémentaires au-delà de 35 heures, dans le cadre du "travailler plus pour gagner plus". Mais ce mécanisme a eu des résultats mitigés. Et, en 2012, Nicolas Sarkozy redoute qu'une suppression totale du dispositif et des allègements de charges qui y sont liées n'entraîne une hausse du coût du travail. Donc du chômage.

Obliger les 16-18 ans à se former 

2013 : L'UMP prévoit l'"obligation de se former ou de travailler entre 16 et 18 ans, avec suspension des allocations familiales dans le cas contraire".

2007 : "Je ne laisserai aucun jeune dans l'oisiveté. Chacun devra avoir un emploi ou suivre une formation qualifiante", martelait Nicolas Sarkozy en 2007.

Et entre temps ? Rien. Ou presque. Le 29 janvier 2009 à Avignon, Nicolas Sarkozy déclare qu'une "priorité absolue" sera donnée aux jeunes en rupture avec le système éducatif, perdus entre 16 et 18 ans dans un "triangle des Bermudes" administratif. Selon l'Elysée, le coût de ce plan pour les jeunes s'élève à 500 millions d'euros. Mais il n'est pas question d'obligation.

Mettre fin à l'assistanat 

2013 : "A partir du 3e mois, l’indemnisation du chômage est conditionnée par le suivi d’une formation en rapport avec les besoins des entreprises", promettent les ténors de l'UMP qui ajoutent deux contraintes, dont l'obligation d’accepter un emploi correspondant à la formation suivie.

Et pour "en finir avec l’assistanat", "les revenus de solidarité ne pourront pas dépasser les 75% du smic" et une "contrepartie systématique de travail" sera exigée pour les bénéficiaires du RSA.

2007 : "Je ferai en sorte que les revenus du travail soient toujours supérieurs aux aides sociales et que les titulaires d'un minimum social aient une activité d'intérêt général afin d'inciter chacun à prendre un emploi plutôt que de vivre de l'assistanat", expliquait Nicolas Sarkozy. Et de préciser (PDF) "Je propose qu'on ne puisse pas refuser deux offres d'emplois successives qui correspondent à vos formations"

Et entre temps ? Le RSA a bien été mis en œuvre à partir de juin 2009, mais sans contrepartie obligatoire. En 2011, un rapport (PDF) de la Cour des comptes juge que l'accompagnement des bénéficiaires reste un "point faible" du dispositif. Du coup Nicolas Sarkozy reprend sa promesse en 2012 : évaluation des efforts d'insertion des bénéficiaires tous les dix-huit mois et "sept heures de travail d'intérêt collectif" payé au smic pour ceux qui ne sont ni en emploi ni en formation.

Quant à la radiation de Pôle Emploi d'un chômeur ayant refusé deux offres d'emploi considérées comme raisonnables, elle a été intégrée à l'article L 5412-1 du code du travail en août 2008.

Créer un contrat de travail unique

2013 : Parmi ses mesures d'urgence, l'UMP ambitionne de "créer un seul contrat de travail, fusionnant le CDD et le CDI, avec des droits progressifs".

2007 : Une promesse déjà faite quasi mot pour mot par Nicolas Sarkozy : "Pour les futures embauches, nous créerons un contrat de travail unique, plus souple pour les entreprises pour qu'elles soient incitées à embaucher, plus sécurisant pour les salariés car il sera à durée indéterminée pour tous."

Et entre temps ? Dès août 2007, cette réforme disparaît de la lettre de mission confiée par le président à son ministre du Travail Xavier Bertrand, note Le Figaro qui précise alors que "l'ensemble des partenaires sociaux en charge de négocier la réforme du marché du travail à partir de la rentrée y est opposé." 

Baisser les charges sociales 

2013 : "Baisser les charges sociales payées sur les salaires en supprimant les cotisations sociales 'famille'" et basculer le financement de ces dépenses "vers une TVA anti-délocalisations".   

2007 : "Je ferai tout pour réduire la fiscalité qui pèse sur le travail", disait Nicolas Sarkozy. Et d'expliquer sur la TVA sociale : "Après y avoir beaucoup réfléchi et avoir étudié l’expérience du Danemark et celle plus récente de l’Allemagne, je suis convaincu qu’il faut expérimenter le transfert d’une partie des cotisations sociales sur la TVA".

Et entre temps ? Lors d'une intervention télévisée fin janvier 2012, Nicolas Sarkozy reprend le dossier de la TVA sociale, rebaptisée "TVA antidélocalisation".  Elle est adoptée à 53 jours de la présidentielle. Et remise en cause quasi-immédiatement par l'arrivée de la gauche au pouvoir. Avant que le gouvernement Ayrault ne fasse volte-face 

Réaliser "la France des propriétaires"

2013 : Les mesures d'urgence de l'UMP comprennent l'instauration d’un droit à l’achat pour les locataires.

2007 : C'est un levier sur lequel comptait déjà Nicolas Sarkozy en 2007 : "Je permettrai aux habitants du parc HLM de racheter leur logement afin de se réapproprier la vie de leur quartier."

Et entre temps ? Nicolas Sarkozy s'est heurté à la crise financière, qui a limité l'efficacité des mesures lancées par son gouvernement. 

Baisser les impôts

2013 : L'UMP s'engage à revenir à un taux de dépenses publiques de 50% du PIB en 5 ans, soit 130 milliards d’euros d’économies. Mais pas seulement. Jean-François Copé et ses équipes visent une baisse des impôts à hauteur de 65 milliards d'euros.

2007 : "Je n'augmenterai pas les impôts mais, au contraire, ferai tout pour les faire baisser", promettait Nicolas Sarkozy qui voulait ramener la dette publique à 60% du PIB en 2012. 

Et entre temps ? Certes, le gouvernement Fillon a enchaîné les mesures d'allègements fiscales au début du quinquennat : bouclier fiscal renforcé, exonération des heures supplémentaires, réduction de l’ISF... Mais, crise oblige, ces baisses ont vite été oubliées. "Le taux des prélèvements obligatoires est passé de 43,2% en 2008 à 43,7% en 2011", rappelle Capital.fr. Soit près de vingt milliards d'euros de hausse rien que sur les deux dernières années de son mandat. Quant à la dette publique, elle a explosé de plus de 600 milliards d’euros en cinq ans, passant de 64% à plus de 85% du PIB, selon Terra Nova.

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