Pour un soldat, le 14-Juillet c'est...
Près de 5 000 militaires et civils vont défiler dimanche sur les Champs-Elysées. Un moment marquant dans une carrière, pour de nombreuses raisons.
Suivre la musique et, surtout, garder la tête haute. Ce sera l'idée fixe des 5 000 soldats qui défileront dimanche lors du traditionnel défilé du 14-Juillet. Mais au moment d'arpenter les Champs-Elysées, chacun vivra l'évènement à sa manière, suivant son parcours et son histoire personnelle. Quelques jours avant le défilé, francetv info a profité des répétitions organisées au camp de Satory, dans les Yvelines, pour recueillir leurs sentiments.
... "une fierté"
Quand on prononce le mot "14-Juillet", le visage de l'adjudant Vincent*, du 92e régiment d'infanterie de Clermont-Ferrand, s'illumine. "Pour moi, ça évoque l'Arc de triomphe, Napoléon et son armée", explique-t-il, sourire éclatant aux lèvres. Mais cette année, la fête nationale est un événement particulier pour ce grand costaud au regard doux, originaire de Wallis-et-Futuna. Il y a encore deux mois, il était au Mali, où il a combattu en première ligne pendant quatre mois, se voyant décerner la Croix de la valeur militaire. "Mais c'était pour une action de combat menée par toute ma section, quarante hommes sous mes ordres", explique-t-il, modeste.
A 36 ans, ce père de deux enfants, engagé depuis dix-sept ans dans l'armée de terre, dit avoir été marqué par "la joie de la population" lors de la libération des villes maliennes. Sur le terrain, "à chaque instant, on sait qu'on représente la France, et que la France nous suit à travers les médias", poursuit-il.
C'est avec "un peu de nostalgie" qu'il a retrouvé ses camarades partis avec lui au Mali, regroupés au sein de la 3e brigade mécanisée, pour les répétitions à Satory. Ensemble, ils ont déjà défilé l'an passé, après leur retour d'Afghanistan. "Mais l'an dernier, pour défiler, on était dans des véhicules. Cette année, il y a plus de trac : on défile à pied, en tête du cortège [l'opération Serval est mise à l'honneur], et je suis parmi les porte-drapeaux. Mais c'est une fierté pour moi, et pour mes hommes."
..."une grande émotion"
Regard fixe et concentré, le quartier-maître de 2e classe Mélanie Guet tient un garde-à-vous impeccable alors que son supérieur inspecte ses hommes. A 23 ans, elle s'apprête à vivre son premier défilé, comme une grande partie de l'équipage du Forbin, frégate nouvelle génération de l'armée française. Malgré les quelques plaisanteries qui fusent dans les rangs, provoquées par l'interview qu'elle accorde à francetv info, elle livre avec sérieux son ressenti : "C'est une grande émotion, car pour tout militaire, c'est une cérémonie qui nous touche particulièrement."
Le QM2 Guet fait partie des 13% de femmes que compte la marine française. Elle occupe un poste, opérateur de guerre électronique, où la présence féminine est rare. Son rôle est notamment de brouiller et de leurrer des missiles ennemis, une tâche qui l'a conduite à participer à de nombreuses opérations sur le Forbin, notamment en Méditerranée orientale.
Elle se réjouit du défilé de dimanche, l'occasion pour les Français de "prendre conscience qu'on est là pour eux". Et même s'il s'agit d'une première pour elle, c'est toujours avec la même lucidité qu'elle écarte le trac : "C'est surtout physiquement que ce n'est pas évident. Porter une arme, c'est lourd, et puis rester debout toute la journée, c'est toujours difficile."
... "un moment de cohésion"
C'est la troisième fois que le capitaine Stanislas Mouska s'exerce à marcher au pas. Lors des deux premiers défilés du 14-Juillet, il représentait deux écoles, l'Ecole nationale des sous-officiers d'active, puis l'Ecole militaire interarmes. Cette fois, c'est en tant qu'officier des sapeurs-pompiers de Paris qu'il va arpenter les Champs-Elysées. A 37 ans, "ça reste à chaque fois beaucoup d'émotion, parce qu'on est mis en valeur".
Mais pour un pompier de Paris, le moment est encore plus important : "On est à domicile et surtout, c'est un moment de cohésion avec la population, les gens que l'on protège et défend tous les jours." Une tâche que les soldats du feu ne risquent pas de perdre de vue : après les longues heures de répétitions à Satory, ils retournent dans leur caserne pour assurer leurs heures de garde.
Pas de quoi décourager le capitaine qui reste marqué par chacun des défilés qu'il a connus, comme des jalons dans sa carrière et dans sa vie. Cette année, la cérémonie aura un goût à part, car pour la première fois, son jeune fils verra son père descendre les Champs-Elysées au pas, coiffé de son casque étincelant.
..."un honneur"
Difficile de distinguer Sabine Stolz de ses camarades de l'Ecole navale. Même uniforme blanc, même port de tête altier. Seul son accent la trahit. Car la jeune femme de 24 ans appartient à l'armée allemande, qu'elle a temporairement quittée pour intégrer le programme d'échange franco-allemand de l'école de la marine, située à Lanvéoc, dans le Finistère. "Une formation exigeante, difficile, mais exceptionnelle", selon elle.
Comme chaque année, la promotion de deuxième année va représenter l'institution sur les Champs-Elysées. Mais pour Sabine, c'est plus que ça : "C'est un honneur, car chez nous, en Allemagne, il n'y a pas de défilé comparable. Et puis se retrouver au milieu de tous ces uniformes parfaits, de ce spectacle impressionnant, c'est magnifique."
Cela fait cinq ans que cette francophile est arrivée en France. Un temps nécessaire "pour mieux comprendre les Français", un avantage important dans sa future carrière dans la marine allemande, la collaboration militaire entre les deux pays étant aujourd'hui omniprésente. L'élève Stolz se réjouit d'ailleurs que l'on célèbre cette année, à l'occasion du 14-Juillet, le 50e anniversaire du traité de l'Elysée, qui scelle la réconcilation franco-allemande. "Même si aujourd'hui, cette amitié est devenue 'normale', je suis quand même fière d'être un lien entre les deux pays."
Rendez-vous dimanche 14 juillet à partir de 8 heures sur France 2, mais aussi sur francetv info, pour suivre au plus près le défilé militaire des Champs-Elysées.
*Le nom de famille de l'adjudant Vincent a été volontairement omis, pour des raisons de sécurité.
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