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Pourquoi la SNCF annonce des bénéfices mais augmente les billets ?

Malgré un résultat net d'environ 700 millions d'euros en 2011, la compagnie a annoncé mardi une hausse des tarifs pour les TGV et les trains interrégionaux. Comment expliquer cet apparent paradoxe ? 

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des billets de train SNCF. (DAMIEN MEYER / AFP)

La SNCF a annoncé la semaine dernière un bénéfice record et son conseil d'administration a adopté le 22 décembre un budget 2012 prévoyant un chiffre d'affaires en hausse de 5,1 % pour le groupe. Pourtant, la société a annoncé mardi 27 décembre une augmentation des prix des billets des TGV et des trains interrégionaux.

Comment s'explique cette équation qui provoque la colère des syndicats comme des usagers ? 

• Des bénéfices en trompe-l'œil

En 2011, la SNCF devrait dégager un résultat net d'environ 700 millions d'euros. Un chiffre qui devrait lui permettre de verser cette année à l'Etat des dividendes record de 230 millions d'euros (contre 65 millions en 2010).

Mais le ministre chargé des Transports, Thierry Mariani, tempère : "Même si d'un côté on reçoit 230 millions, de l'autre côté, on en sort beaucoup plus. Ces dividendes compensent à peine ce que l'on donne pour maintenir les trains dans les villes moyennes en France." Car chaque année, l'Etat subventionne la SNCF. En 2010, année bénéficiaire pour la société, il lui a alloué, avec les collectivités locales, 8 milliards d'euros.

D'où l'impression d'un résultat net exceptionnel alors que la SNCF est soutenue à bout de bras par l'Etat et connaît un déficit chronique. Rémy Prud'homme, professeur des universités, explique dans La Tribune"En simplifiant beaucoup, les dépenses du fer s'élèvent chaque année à plus de 20 milliards d'euros (dont 9 milliards pour les seuls salaires), alors que les recettes du fer, c'est-à-dire ce que payent les usagers, se montent à 10 milliards d'euros."

C'est donc un trou de 10 milliards d'euros que doit compenser la société, un déficit financé par le contribuable, "ou par l'augmentation de la dette publique", précise le professeur.

Ainsi, lorsque Thierry Mariani insiste sur le fait que le dividende de 230 millions d'euros "est prévu pour aller à l'actionnaire principal, c'est-à-dire tous les Français", on peut y voir un serpent qui se mord la queue : l'argent du contribuable, versé à l'Etat, permet à ce dernier de subventionner la SNCF, qui devient alors bénéficiaire, verse un dividende record à l'Etat, qui profite aux contribuables, qui permettent à l'Etat de subventionner la SNCF…

• Un réseau qui coûte cher

Lors des Assises du ferroviaire, achevées le 15 décembre, une commission a préconisé de réinvestir ces dividendes dans la rénovation du réseau, en les versant à Réseau ferré de France (RFF), le gestionnaire public des infrastructures de la SNCF. Chargé de l'entretien, de la rénovation et de la modernisation du réseau ferré national, il perçoit à cet effet une redevance annuelle de plusieurs milliards d'euros de la part de la SNCF. Mais RFF reste endetté et déficitaire. Ces assises reconnaissent par ailleurs qu’il manque 1 à 1,5 milliard d’euros par an pour financer le système ferroviaire.

Déjà, en janvier 2011, la SNCF avait décidé une première augmentation de 2,85 %, arguant de la nécessité de supporter la hausse de 60 millions d'euros des péages exigés par RFF.

Cette nouvelle augmentation de 3,2 % prévue pour le 3 janvier 2012 (la plus faible depuis 1999, fait valoir le président de la SNCF) s'explique en partie par une nouvelle hausse des péages (100 millions supplémentaires, indique Le Figaro), et par le relèvement du taux réduit de la TVA de 5,5 à 7 % décidé par le gouvernement. Le reste relève de la majoration voulue par la SNCF elle-même, de 1,7 %, qui correspond aux prévisions d'inflation pour 2012.

Selon la compagnie ferroviaire, la répercussion de cette nouvelle hausse représentera "une augmentation moyenne de 60 centimes d'euros [par billet] pour les voyageurs TGV".

Cela "nous sert à mieux investir dans le train, à maintenir la qualité de service et il est indispensable qu'on puisse acheter du matériel neuf", a plaidé Agnès Ogier, directrice marketing de voyages-sncf, au micro de RTL, rapportent Les Echos

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