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Sondages : Hollande touche-t-il le fond ?

En plus d'une nouvelle chute de popularité, les Français sont plus nombreux à douter de sa sincérité, et de sa capacité à saisir leurs difficultés.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Hollande, le 5 juillet 2013, à Tunis (Tunisie). (WITT/SIPA)

Une rechute et une première. Selon le baromètre Ifop-Paris Match, publié mardi 9 juillet, non seulement la cote d'approbation de François Hollande repart à la baisse, mais l'institut observe également "une érosion importante sur la proximité du président avec les préoccupations des Français et sur la véracité de son discours". Des traits qui constituaient jusque-là des points forts du président.

Des sondages pires que d'habitude ?

Après une légère embellie en mai, la popularité de François Hollande rechute de plus belle. Le chef de l'État perd ainsi trois points, à 30%, "niveau le plus bas enregistré depuis sa prise de fonction", note l'Ifop. Mais ce qui interpelle, c'est son image qui se détériore. Selon les personnes interrogées, François Hollande est moins proche de leurs préoccupations (34%, -6). Elles sont également moins convaincues de sa sincérité (30%, -7 points).

Le baromètre CLAI-Metronews-LCI d'OpinionWay du 5 juillet va dans ce sens. En perdant 3 points de popularité en juillet, le chef de l'Etat tombe à son plus bas niveau jamais atteint : 23% seulement de popularité. Et pour la première fois, note l'institut, "le peuple de gauche" est majoritairement insatisfait de celui qu'il a élu (49% de mécontents).

Quel risque pour François Hollande ? 

Il s'agit d'une crise de confiance, selon Thomas Guénolé, chercheur à Sciences Po, contacté par francetv info. "François Hollande est un adepte de la synthèse et du compromis. Mais cette tendance à préférer le clair-obscur est anxiogène pour les Français, y compris au sein de son propre camp." Pour Claude Posternak, expert en communication et architecte de la campagne "le changement" pour le Parti socialiste, François Hollande a ainsi fait deux erreurs majeures depuis le début de son quinquennat. "Il a cherché par tous les moyens à repasser sous la barre des 3% de déficit sans y parvenir, et continue aujourd'hui de se fixer l'objectif quasi impossible d'inverser la courbe du chômage. Cela ne correspond pas à un discours de vérité."

"Nous entrons dans une zone à risque", continue-t-il. Une analyse partagée par Bruno Jeanbart, directeur général adjoint de l'institut OpinionWay. Cette "baisse du soutien des électeurs de gauche est dangereuse" et ne peut qu'encourager les contestataires de la ligne imposée par le chef de l'État. "Les manifestations contre le mariage ont ouvert la voie et si la crise continue, nous pourrions assister à une période chahutée", poursuit Claude Posternak.  

Le président peut-il remonter la pente ? 

Malgré ces mauvais sondages, les fidèles de François Hollande gardent la foi. Laurent Grandguillaume, député PS de Côte-d'Or et hollandais historique, estime que cette mauvaise passe est liée au quinquennat de Nicolas Sarkozy. "Avec ses gesticulations, il a bouleversé la fonction présidentielle. François Hollande a choisi un autre mode de fonctionnement, moins dans l'émotion, et avec plus de recul. Cela demande un temps d'adaptation aux Français." Et le député en est persuadé, le travail de la première année de quinquennat va porter ses fruits. "On croit aux choix de François Hollande. Il est dans le vrai, dans l'action. On va rebondir et convaincre."

Le président en aura-t-il le temps ? Thomas Guénolé s'interroge. "La stratégie de François Hollande est l'inverse de celle de François Mitterrand lors de son arrivée au pouvoir en 1981." Il a commencé son mandat par la rigueur et espère le finir par des redistributions pour contenter son électorat. Reste à savoir si la situation économique sera suffisamment bonne pour y parvenir.

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