Un climat de tension a encore régné dimanche à Maré, l'une des quatre îles Loyauté
La ministre de l'Outre-mer, Marie-Luce Penchard, a proposé dimanche "une médiation des autorités religieuses" après les heurts autour d'un conflit sur le prix de billets d'avion qui ont fait 4 morts et 23 blessés samedi.
Nicolas Sarkozy est attendu en Nouvelle-Calédonie du 26 au 28 août.
A Paris, après une réunion à son ministère, la ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard a indiqué à la presse que les parties en conflit avaient accepté le principe d'"une médiation des autorités religieuses" pour renouer le dialogue. Elle a également promis aussi qu'il n'y aurait plus de barrages bloquant l'accès aux aéroports au-delà de lundi matin.
Un différend foncier
La ministre pense que le conflit est en fait un différend "plus profond, lié à la répartition des terres" et veut ouvrir un dialogue également sur ce point. Mme Penchard ne pense pas se déplacer pour le moment. Elle avait appelé samedi "les autorités coutumières à tout faire pour que cessent les affrontements et invit(é) les protagonistes à rétablir le dialogue qui, seul, permettra de trouver une issue à ce conflit".
Trois jeunes hommes originaires de Guahma, dont un neveu M. Naisseline, ont été tués samedi. La quatrième victime est un ressortissant de la tribu de Penelo, d'un autre district. Leurs corps devaient être rapatriés dimanche à Nouméa pour être autopsiés.
Outre la question du prix des billets d'avion, un différend foncier oppose les protagonistes, alors qu'un cadastre coutumier est en cours d'élaboration.
Le député calédonien Gaël Yanno (UMP) a souligné "qu'en profondeur, cette montée de violence aussi subite était aussi due à des divergences coutumières entre les clans kanak de Maré, et à l'alcool du week-end".
Harold Martin, président du gouvernement, s'est dit lui "extrêmement choqué" par ces évènements, insistant aussi sur le rôle de l'alcool, en dépit des mesures de restrictions de la vente d'alcool en vigueur chaque week-end en Nouvelle-Calédonie.
Ces évènements surviennent alors que Nicolas Sarkozy est attendu en Nouvelle-Calédonie du 26 au 28 août, dans un archipel à la paix fragile qui devra se prononcer prochainement sur son avenir institutionnel.
Après quatre mois d'instabilité gouvernementale chronique entre février et juin, un nouvel accroc est intervenu avec l'annulation par le Conseil d'Etat de l'élection du président du Congrès. Le fonctionnement des institutions n'est toujours pas revenu à la normale.
Le conflit dégénère en violences
Des habitants du district de Ghuama à Maré, dont le grand chef Nidoish Naisseline est également président d'Aircal, auraient mené une expédition pour déloger les usagers, qui occupent l'aérodrome. Les tensions entre les deux camps, tous les deux armés, ont rapidement dégénéré en violences, samedi.
Depuis plusieurs jours, un mouvement d'usagers protestant contre un relèvement des tarifs d'Aircal, compagnie intérieure de Nouvelle-Calédonie, perturbait le trafic, entraînant le blocage de plusieurs aéroports de l'archipel. Aucun avion ne volait en direction de Maré, ni de Lifou et de l'île des Pins, les destinations les plus rentables.
Les quatre victimes, tous des hommes, ont été tués par balles alors que parmi les blessés, certains se trouvent dans un état critique, a précisé Albert Dupuy, en évoquant "une journée de cauchemar" à Maré, une des trois îles de l'archipel des Loyauté. Plusieurs blessés ont été héliportées vers l'hôpital Gaston Bourret de Nouméa, tandis que d'autres ont été évacuées sur le dispensaire de l'île voisine de Lifou, a indiqué M. Dupuy.
La maison d'un des partisans des usagers a été brûlée, tandis que plusieurs commerces ont été vandalisés, a-t-on indiqué de même source.
Dimanche (la Nouvelle-Calédonie a 9 heures d'avance sur la métropole), le haut-commissaire Albert Dupuy s'est rendu à Maré pour rencontrer successivement M. Naisseline puis les usagers et les chefs kanak de La Roche.
"On sent bien sûr encore les tensions, nous avons évoqué les pistes possibles pour renouer la discussion avec des responsables religieux et coutumiers", a-t-il déclaré.
Le représentant de l'Etat a également indiqué qu'une enquête judiciaire était ouverte et il a demandé aux chefs kanak "d'user de leur autorité" pour que les auteurs des tirs mortels soient livrés aux gendarmes.
Nidoish Naisseline, qui se trouvait samedi à Nouméa, a rejoint Maré en fin d'après-midi par avion militaire, afin d'appeler au calme les habitants de son district, où il exerce une forte influence.
"Maré a vécu une journée de cauchemar. Deux pelotons de gendarmerie ont été envoyés sur place et nous espérons un retour au calme cette nuit. C'est un résultat dramatique", a déclaré Albert Dupuy.
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