Valls estime pouvoir "faire mieux que la droite pour assurer la sécurité"
"Libération" publie, lundi, un entretien avec le ministre de l'Intérieur.
SECURITE - La gauche au pouvoir doit faire mieux que la droite sur la sécurité, assure le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. En pleine polémique sur l'expulsion des Roms et après une flambée de violences à Amiens, le ministre à accordé un entretien à Libération (article payant), lundi 20 août 2012.
"Nous entendons démontrer, dans la durée, notre capacité à faire mieux que la droite pour assurer la sécurité des Français", a martelé l'ancien maire d'Evry (Essonne). Et d'ajouter que "celui qui ne constate pas que la gauche a entamé un profond virage sur la question passe à côté du principal : la gauche au pouvoir, avec François Hollande et Jean-Marc Ayrault, assume pleinement les prérogatives régaliennes de l'Etat".
L'ancien candidat à la primaire socialiste a rappelé qu'"une politique de sécurité réfléchie et cohérente ne dissocie pas prévention et répression. Ce sont deux leviers complémentaires et indissociables." Retour sur les nouveautés de la rentrée et les dossiers chauds qui attendent le ministre.
Les chantiers de la rentrée
La mise en place de quinze Zones de sécurité prioritaires (ZSP). C’est la principale mesure du ministre de l’Intérieur. Ces zones vont permettre à l'Etat, selon Manuel Valls, de "s'investir encore davantage dans les territoires les plus gravement perturbés par la délinquance", et préparent le retour de la police et de la gendarmerie dans les quartiers. Par la suite, le dispositif devrait être élargi de quarante à cinquante ZSP supplémentaires. Il y a quinze jours, FTVi s’était rendu à Méru (Oise), une ville de 9 000 habitants choisie pour tester le dispositif.
La création de 500 postes de policiers et de gendarmes par an. "M. Hortefeux vient lui-même de l’avouer : si ses amis étaient restés au pouvoir, 4 000 postes de policiers et de gendarmes auraient été supprimés en 2013, en plus des 10 700 détruits en cinq ans", estime Manuel Valls. Le 16 août, en déplacement à Aix-en-Provence, Manuel Valls a annoncé la création de 500 postes de policiers et de gendarmes par an. Ceux-ci devraient être principalement "réservés au terrain", précise le ministre dans son entretien à Libération.
La révision du Code de déontologie des policiers. "Le Code de déontologie sera en outre prochainement révisé, précisé", poursuit Manuel Valls. Après avoir tergiversé sur la question des récépissés (qui devaient être délivrés par les policiers aux personnes contrôlées), Manuel Valls rappelle qu'il ne souhaite "pas imposer un dispositif qui tournerait au ridicule et serait inopérant". Il préfère évoquer d'autres moyens pour lutter contre le contrôle au faciès, promesse de campagne de François Hollande : "la fin du tutoiement, l'usage du matricule, l'utilisation de caméras".
Les points de tension
La doctrine en matière de sécurité. "Un seul talisman, la République, un seul discours, la fermeté", clame Manuel Valls après les violences d'Amiens (Somme). Mais cette fermeté affichée suscite des interrogations au sein même de la majorité. "Je crois qu'il faut faire attention à pas stigmatiser ces quartiers", estime dans Libération le maire PS de la Ville, Gilles Demailly. Aux critiques qui lui reprochent de mener la même politique que celle menée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, Manuel Valls répond qu'il ne fait pas "du sarkozysme l’alpha et l’oméga du débat politique."
La question des Roms. Interrogé sur la possible ouverture du marché de l’emploi aux Roms, Manuel Valls préfère temporiser. "Cette piste est, par nature, un dossier interministériel : attendez donc que la réunion conduite par Jean-Marc Ayrault mercredi (le 22 août) ait eu lieu", qui doit réunir ministres et associations. Interrogé par FTVi, l'animateur du collectif Romeurope, Malik Salemkour, ne voit guère de différence avec la politique menée pendant le mandat de Nicolas Sarkozy : "sur le terrain, c'est la même politique d'expulsion qui est menée, avec la même brutalité". Cette fois-ci, le ministre n’est pas revenu sur le démantèlement de deux camps de Roms dans la métropole lilloise. D’après l’édition du Parisien/Aujourd’hui en France, le 18 août, l’opération aurait mis en colère la première secrétaire du PS et maire de Lille, Martine Aubry, qui aurait découvert l’information dans la presse. En déplacement dans le Var, Manuel Valls déclarait le jour même : "Tout va très bien entre Martine Aubry et [moi]".
La vidéosurveillance. "Une caméra n’est ni de droite ni de gauche !" se défend Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur sait que la question divise les élus sur le terrain. Pour justifier le recours à la vidéosurveillance, il explique qu' "assurer le sécurité des transports publics, c'est garantir la libre circulation de ceux qui n'ont pas les moyens de se déplacer autrement".
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