François Hollande à Bercy : "Je vous retrouverai le 6 mai à Paris"
Le discours de François Hollande dimanche à Bercy s'est terminé sur une note de grand optimisme. "Je vous retrouverai le 6 mai à Paris", a lancé le candidat socialiste aux quelque 20.000 personnes rassemblées à Paris.
Le Palais omnisports de Paris Bercy était plein à craquer dimanche pour écouter le discours de François Hollande, sept jours avant le second tour de la présidentielle.
Pris par l'enthousiasme, François Hollande, telle une star, est remonté sur scène après la fin de son discours pour reparler à la foule, ravie. Pendant ce rappel, événement inédit pendant cette campagne, la candidat socialiste a lancé un appel à la mobilisation avant la dernière semaine de campagne. "Rien ne peut empêcher le changement, mais nous ne sommes certains de rien. Tenez bon, ne lâchez rien", a-t-il lancé au public de Bercy.
Devant lui, la foule agitait drapeaux tricolores, européens, banderoles rouge de "Vivement mai", rose des jeunes socialistes, mais aussi fanions verts des écologistes et jaunes du parti radical de gauche. Un ballon géant à l'effigie du candidat passait de main en main, tandis que régulièrement des cornes de brumes déchiraient les oreilles.
"La douceur suave des sondages"
Il faut dire que les artistes qui étaient passés avant la vedette du jour avait bien chauffé la salle. "Est ce que tout le monde ici rêve d'une vie meilleure" avait lancé le groupe Neg'marrons. "Oui…." répondait la foule enthousiaste. "A dimanche prochain", avait terminé le groupe. De son côté, Sanseverino se demandait "Est ce qu'on en a fini avec Sarkozy ?". Oui !", clamait la salle.
Avant d'appeler à la mobilisation ("ne cédons pas à la douceur suave des sondages") et de parler clairement de victoire, François Hollande a voulu se démarquer du président sortant en tenant un discours positif et optimiste, qui tranchait dans l'actuelle athmosphère de crise. Il a répété, martelé les mots "jeunesse", "accomplissement", "innovation","réussite", "solidarité, "rêve français"…"Nous sommes la France, pas n'importe quel pays du monde, celle de la liberté, celle des conquêtes, de l'humanisme".
Il faut faire de 2012 "une date historique" pour reprendre "la longue marche du progrès", a ajouté M.Hollande.
François Hollande a affirmé que pendant la campagne il a "voulu s'adresser à ce qu'il y avait de meilleur dans chacun d'entre nous", soulignant qu'il avait "voulu se concentrer sur les seuls défis qui vaillent".
Il a longuement parlé du "rassemblement", citant la "gauche rassemblée", citant Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly, présente dans la salle et acclamée. Depuis le début de cette campagne, "j'ai voulu m'adresser à ce qui nous rassemble et non à ce qui nous divise". Dans la salle, des verts, des radicaux de gauche, le PS réuni (sans DSK), et de nombreuses personnalités du spectacle, de Jérôme Lindon à Josianne Balasko, en passant par Guy Bedos, applaudissaient.
"Promettre pour se compromettre, non"
François Hollande a, tout au long de son intervention, devant une foule compacte et enthousiaste qui l'interrompait souvent par des "François président" ou des "on va gagner", multiplié les attaques contre Nicolas Sarkozy, toujours sans le nommer. "Je n'ai pas misé sur je ne sais quel ressentiment", a affirmé François Hollande, en faisant allusion aux propos du "candidat sortant".
Visant l'extrême-droite, mais aussi la droite, il a dénoncé "ceux qui craquent des allumettes, ceux qui jouent avec le feu, ceux qui mettent l'étranger au coeur de cette campagne et qui ne seront pas entendus". Soulignant qu'il "parle à tous les électeurs" , François Hollande a affirmé vouloir "reconquérir les hommes et les femmes en colère, je comprends la souffrance de beaucoup et je vais répondre à leur cri d'alerte" mais "promettre pour se compromettre, mille fois non !".
A trois jours du débat entre les deux finalistes de la campagne, François Hollande a ironisé sur son adversaire, l'attaquant à de nombreuses reprises. "Le premier devoir d'un président c'est de respecter la vérité", a insisté le candidat socialiste en répondant aux attaques de Nicolas Sarkozy sur les mosquées ou Tariq Ramadan. Un Nicolas Sarkozy qui était dans cette même salle, il y a cinq ans , jour pour jour, à une semaine du second tour.
"L'État est le seul bien de ceux qui n'en n'ont pas"
François Hollande a listé ses propositions économiques sur le logement, l'éducation, la fiscalité, la santé le pouvoir d'achat. Dans un discours marqué à gauche,le candidat socialiste a fait mine de se demander : "que voulons-nous : protéger les plus fortunés ou les enfants de la République?" avant de répondre : "j'ai choisi et les Français choisiront aussi".
"L'École de la République sera la priorité budgétaire du prochain quinquennat, a-t-il redit. "Il y aura tant d'inégalités à combattre", a aussi lancé le candidat avant d'insister sur le fait que "l'hôpital public doit être considéré comme un service public, non plus comme une entreprise".
M.Hollande a multiplié les formules: "Je veux rendre l'État aux citoyens" ou "depuis 5 ans, le chef de l'État a été tellement présent et l'État tellement absent" avant de lâcher "l'État est le seul bien de ceux qui n'en n'ont pas!
L'Europe et la croissance
"On nous attend, on nous attend" a répété François Hollande à Bercy, en parlant de l'Europe qui est pour lui "un enjeu du scrutin".
"Le mot croissance, qui avait disparu des communiqués officiels est maintenant assumé", s'est-il félicité, lui qui avait été critiqué pour son refus de ratifier le traité européen. Insistant sur l'enjeu de l'élection, "jamais un scrutin n'aura décidé autant à la fois de la France et de notre Union européenne. Partout on nous espère, on nous attend".
Lors de son "rappel" sur la scène de Bercy, qui tel un vaisseau s'enfonçait profondément dans la foule de ses partisans, François Hollande a demandé qu'on le "regarde comme celui qui a porté le changement, le rassemblement".
Lyrique il a terminé son discours, se plaçant clairement dans la lignée de François Mitterrand et du 10 mai 1981, en lançant "je veux que la génération actuelle se dise que 2012 a été une date historique". Il faut que le 6 mai soit la "fête de toute la république". "Merci. je vous retrouverai le 6 mai à Paris".
A la Bastille comme en 1981?
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